À l’appel du Collectif des Associations des Jeunes de la région de Mopti, le vendredi dernier : Des milliers de Maliens ont marché pour dire « Plus jamais de tueries au centre du Mali ! »
Peuls, Dogons, Dafing, Bozos, Bobos, Mossi, … sont massivement sortis à l’appel du collectif des associations des jeunes de la région de Mopti pour marcher de la bourse du travail au monument de l’indépendance, le Vendredi 21 juin. L’occasion pour ces milliers de personnes de dénoncer les différents massacres, dont ceux de Koulogon, Ogossagou, Sobane, Gangafani et Yoro et rappeler aux autorités maliennes leur devoir, celui de sécuriser les personnes et leurs biens.
« Vive la paix au pays Dogon » ; « oui à la sécurisation des personnes et leurs biens » ; « stop à la stigmatisation » ; « non à l’amalgame » ; « sécurisez les civils » ; « nous voulons la paix » ; « nous sommes Dogons et Peuls » ; « Une vie est une vie », « Peuls et Dogons sont des victimes », tels sont, entre autres, ce qu’on pouvait lire sur les pancartes des manifestants. Ils ne veulent pas entendre le terme « conflit ethnique » et propagent des messages de fraternité entre Peuls et Dogons, des communautés sœurs qui partagent tous ensemble.
Un des manifestants, Bocary Togo, déclare : « Nous avons, aujourd’hui, soif de la paix. Nous ne voulons plus entendre de massacres, même pas de tuerie d’une seule personne dans notre région ». Pour lui, le conflit est loin d’être intercommunautaire. « Je refuse de croire qu’un conflit puisse opposer les Dogons aux Peuls. Non, ce n’est pas possible. Ce sont les forces hostiles à la paix qui tuent les populations des deux communautés », dit-il.
Membre influent du collectif organisateur de la marche, Adaman Diongo affirme qu’ils ne veulent plus entendre de tueries au centre du Mali. « Koulogon, Ogossagou, Dioura, Sobane Da, Gangafani, Yoro, et d’autres localités, le centre du Mali a perdu trop de ses enfants. Nous disons plus « plus jamais de tueries au centre du Mali ».Nos parents ont droit à la vie, ils ont droit d’être sécurisés », laisse-t-il entendre avant d’inviter l’Etat à jouer son rôle de sécurisation des personnes et leurs biens. Pour le président de l’association Dogon vision, il n’est pas question que la jeunesse de la région de Mopti se taise sur cette situation. « Nous ne pouvons pas nous taire face à ces carnages ! Nous sommes obligés de mettre la pression à ceux qui nous dirigent aujourd’hui, qui doivent chercher la solution à ce problème qui n’a que trop duré ! », dit-il haut et fort.
Dans son intervention, le porte-parole du Collectif des associations des jeunes de la région de Mopti, Boucary Témé, a condamné, avec la dernière rigueur, toutes les attaques dans la région de Mopti. Aussi, a-t-il fustigé, « l’immobilisme » de l’État face à la recrudescence de l’insécurité dans la région de Mopti. Très frustré, il qualifie la non-intervention des Famas dans les différentes attaques de la « non-assistance aux civils ». « La défaillance sécuritaire causée par le manque de réactions promptes de nos forces armées souvent stationnées non loin des lieux des attaques. Cette attitude équivaut à la non-assistance des personnes par nos FAMAs quand bien même elles ont été informées plusieurs heures avant le massacre. Cet état de fait récurrent et quotidien ‘’du médecin après la mort’’ doit cesser », a déclaré Boucary Témé.
Les recommandations du Collectif des associations des jeunes de la région de Mopti
Ces jeunes assoiffés de la paix dans la région de Mopti n’ont pas fait que dénoncer l’incapacité de l’Etat à sécuriser les personnes et leurs biens. Ils ont proposé des solutions de sortie de crise au centre du Mali .Il s’agit, entre autres, de : assurer une présence aiguë remarquable de l’armée malienne dans toute la région de Mopti ; mettre en place un dispositif d’alerte précoce permettant aux forces armées d’intervenir rapidement pour éviter le pire ; prendre ses responsabilités en délayant les forces de défense et de sécurité et œuvrer pour un retour immédiat de l’administration et de la délivrance des services sociaux de base ; prendre des mesures appropriées pour venir en aide aux déplacés et déployer les moyens nécessaires pour leur retour effectif après la sécurisation rapide de toutes les zones ; impliquer tous les acteurs à la base avec les autorités centrales et locales pour la résolution des crises avec des solutions locales ; procéder à l’identification effective de toutes les milices ; et instaurer un dialogue direct aux fins de leur désarmement ; instaurer un dialogue sincère et permanent entre toutes les communautés de la région pour une paix durable ; . Aussi, le collectif, aux dires de son porte-parole, va élaborer un mémorandum renfermant des recommandations qu’il remettra aux autorités maliennes.
Boureima Guindo
Source : LE PAYS