Justice

Affaire de Bakary Togola devant le Pôle économique et financier de Bamako : – 9. 462. 152. 71 francs CFA « non justifiés » sur les 13. 431. 431. 37 francs CFA mis à la disposition de la CSCPC -Six autres personnes suspectées

Le procureur de la République près le tribunal de grande instance de la commune III du district de Bamako, en charge du Pôle économique et financier, Mamoudou Kassogué, a tenu un point de presse le samedi 14 septembre 2019 dans la salle d’audience dudit tribunal. L’occasion pour lui de préciser que l’interpellation de Bakary Togola concerne une présomption de détournement de 9. 462. 152. 71 de francs CFA des ristournes mises à la disposition de la Confédération des sociétés coopératives des producteurs du coton du Mali (CSCPC) par la CMDT au profit des paysans.

« Nous n’organisons pas ce point de presse par triomphalisme ni pour nous réjouir de ce qui s’est passé, mais parce que c’est nécessaire et parce que nous voulons donner la bonne information », c’est par ces propos que le procureur du Pôle économique et financier, Mamoudou Kassogué, a commencé à se prononcer sur l’affaire dite Bakary Togola.

Dans sa déclaration, Mamoudou Kassogué a précisé que ladite affaire concerne des détournements des ristournes mises à la disposition de la Confédération des sociétés coopératives des producteurs du coton du Mali (CSCPC) par la CMDT au profit des paysans.

Selon le procureur du Pôle économique et financier, l’affaire est partie d’une dénonciation anonyme déposée au Pôle économique et financier par un lanceur d’alerte. « Un lanceur d’alerte nous a envoyé une correspondance dans laquelle il fait état de l’existence de malversation au niveau de la Confédération des sociétés soopératives des producteurs du coton du Mali (CSCPC) et il nous a laissé entendre que ces malversations pourraient se chiffrer autour de 3 milliards, voire plus », a-t-il expliqué. Suite à cette dénonciation, une enquête a vite été ouverte par la brigade du Pôle économique et financier, selon le procureur.

13. 431. 431. 37 francs CFA mis à la disposition de la Confédération des sociétés coopératives des producteurs du coton du Mali (CSCPC) par le CMDT de 2013 à 2019

À en croire Mamoudou Kassogué, à l’issue des investigations, les éléments du Pôle économique et financier ont pu observer que les soupçons du lanceur d’alerte avaient une base de réalité. « Les investigations menées nous ont permis de comprendre que de 2013 à 2019, la CMDT a mis à la disposition de la Confédération des sociétés coopératives des producteurs du coton du Mali (CSCPC), 13. 431. 431. 37 francs CFA », a-t-il précisé.

9. 462. 152. 71 francs CFA « non justifiés »

Selon l’exposé du procureur du Pôle économique et financier, sur les 13. 431. 431. 37 francs CFA mis à la disposition de la Confédération des sociétés coopératives des producteurs du coton du Mali (CSCPC) par le CMDT, seuls 8. 854.760. 823 francs CFA ressortent de la comptabilité de la confédération. « Donc Il y a un montant de 4.576. 676. 214 francs CFA qui n’ont pas été comptabilités. Et sur les 8 milliards qui ont été comptabilisés, seuls 3. 969. 284. 966 F CFA ont pu être justifiés. Il va s’en dire que le montant de 4. 885. 475. 857 francs CFA n’a pas été justifié. Ce qui fait un total non justifié de 9. 462. 152. 71 francs CFA d’écart, à la date d’aujourd’hui », a-t-il laissé entendre.

À entendre le procureur, c’est suite à cela qu’une enquête préliminaire qui vient d’être bouclée et le relais sera fait par un juge d’instruction qui va approfondir les enquêtes, que Bakary Togola, présumé auteur principal de ces malversations, a été placé sous mandat de dépôt le vendredi dernier. Selon lui , après une information judiciaire, ils se sont rendus compte qu’il y a une présomption de détournement de denier public sur la base de faux et usage de faux ; des  soustractions frauduleuses ; un détournement et autres malversations.« Donc, le montant étant nettement supérieur aux 10 millions francs CFA qui font de ces infractions des infractions criminelles, l’ouverture d’une information judiciaire était obligatoire et un juge d’instruction a été saisi qui, après avoir pris connaissance du dossier, a décidé de le placer en détention provisoire à travers un mandat de dépôt. Et depuis hier (vendredi 13 septembre), Bakary Togola est en détention provisoire à la Maison centrale d’arrêt de Bamako (MCA) », a précisé le procureur Mamoudou Kassogué avant d’ajouter que le juge d’instruction va poursuivre les investigations, les approfondir pour vérifier si les montants allégués seront confirmés ou non. Dans un langage clair et limpide, le procureur précise : « s’il, Bakary Togola, parvient à fournir des pièces justificatives de l’écart qui lui est reproché et que ces pièces ne sont pas de moralités douteuses, ils seront acceptés et classés dans le dossier. Mais s’il s’agit des pièces établies pour la circonstance et de pièces fausses, donc ça veut dire que ça alourdirait la situation. On sera obligé, dans ce cas, d’ouvrir de nouvelles poursuites pour faux et usage de faux. Cela sera fait sans état d’âme », a-t-il laissé entendre.

Le procureur en charge du Pôle économique et financier a précisé que lui et son équipe ne sont contre personne, mais dans un combat objectif. « Nous ne sommes pas dans l’acharnement, nous ne sommes pas dans une chasse aux sorcières, nous sommes dans le combat de l’objectivité. Nous sommes sur des faits », a-t-il précisé.

Six autres personnes suspectées dans cette affaire

Dans son intervention, le procureur Mamoudou Kassogué a annoncé que six autres personnes sont suspectées de présomption de détournement de 9. 462. 152. 71 francs CFA des ristournes destinées aux paysans. « Nous aurons plus de détails dans les prochains jours avec le développement des investigations en cours au niveau du juge d’instruction », a promis le procureur.

Toutes les dénonciations, les plaintes seront prises en compte

Le procureur Mamoudou Kassogué a profité de ce point de presse pour réitérer son engagement à aller jusqu’au bout dans la lutte contre la corruption. « Aucune plainte, aucune dénonciation ne restera sans suite. Il n’y aura pas de rétention à notre niveau. Tout ce qui viendra sera examiné et passé au peigne fin », a-t-il promis. Tous les dossiers seront, selon le procureur Kassogué, traités avec rigueur et objectivité.

Il faut rappeler que le président du Conseil d’Administration de la Confédération des sociétés coopératives des producteurs du coton du Mali (CSCPC), Bakary Togola, a été interpellé puis placé en garde à vue le jeudi dernier. Le lendemain, vendredi, il a été placé sous mandat de dépôt.

Boureima Guindo

Source : LE PAYS

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