Proverbe Bambara : « quand tu marches avec un lépreux et qu’il ramasse une bague qu’il veut garder pour lui, à toi de te poser les bonnes questions sur votre amitié ».
Patrice Talon (un des Chefs d’État africains pour lesquels j’éprouve beaucoup de considération), en marge de la célébration de l’indépendance s’est entretenu avec la jeunesse béninoise sur des questions brûlantes de l’actualité nationale et internationale.
Lors des échanges, il a, une fois de plus, fustigé la nouvelle dynamique du Mali et de la Confédération AES en général avec des propos : ceux qui ont chassé les Français, les américains ou encore les chinois, ont-ils réussi à vaincre le terrorisme ? Pour mettre l’accent qu’on peut rester souverain en étant dans un partenariat ». Il continue en déclarant : « Le Bénin doit par tous les moyens réussir son émergence en construisant des routes, hôpitaux, centres scolaires, les moyens d’assurer sa souveraineté alimentaire, les gros investissements en général ». Ce qu’il n’a pas mentionné, c’est cette recherche d’équilibre par l’AES de faire face au fléau du terrorisme et répondre aux besoins fondamentaux des populations. Ceux qu’il souhaite pour son Bénin, c’est exactement ceux à quoi nous sommes attachés. Personne n’a reproché à la France, aux Nations unies de n’avoir pas développé les pays de l’AES, chose qui révèle exclusivement de leur propre responsabilité, un défaut imputable à leur mauvaise gouvernance d’hier, mais le reproche, c’est d’avoir déshonoré leur engagement (France, NU) de lutter efficacement contre le terrorisme en appuyant les forces armées nationales. Le Bénin présente un contexte bien plus simple contrairement aux États critiqués.
J’aurais été dans la salle, ma question serait qu’il me clarifier du type de partenariat dans lequel on peut rester et garder sa souveraineté. Il a oublié de préciser qu’il y a partenariat et partenariat. Restons sur le Mali le pays qui, pour moi, est le nombril de toute la dynamique. Pense-t-il sérieusement que si le partenariat (celui de la CEDEAO) avait porté le soutien tant demandé, voire, mendié par le Mali, le Niger et le Faso, ces pays se seraient retirés de l’organisation ? Ose-t-il croire que l’aide que la France apporte aujourd’hui à l’Ukraine, si l’AES avait bénéficié de la même, elle aurait laissé Barkhane plier bagages ou encore cloué le G5 ? Sait-il une fois poser la question de savoir les raisons du non-respect du mandat octroyé par le Conseil de Sécurité à la MINUSMA (Mali) ?
Ils ont tenu à cette CEDEAO, à BARKHANE, aux promesses jamais tenues, aux partenariats n’ayant servi qu’à les détourner de la réalité et du risque, et des dangers qui menaçaient leur existence. Et comme on le dit, il est mieux de quitter la table quand le respect n’est plus servi et avoir le courage de marcher seul contre vents et marrées, sous les critiques, démagogies et insultes que de se retrouver au milieu d’une « bande de grande gueule ».
En 2016, lors du sommet des Chefs d’état-major de la CEDEAO, on a clairement fait savoir au représentant du Mali que le problème de son pays n’est nullement de leur priorité. Et ça, nous l’avons encore à l’esprit.
IBK disait que les Maliens ne sont pas des gueux et c’est vrai. Les Maliens savent dire stop quand il faut, et ce même s’il faut broyer des cailloux pour se maintenir sur leurs jambes.
Je l’ai toujours dit, le Mali, respectez-le s’il vous ! Ce pays qui n’a rien demandé à personne et qui n’a rien fait à qui que ce soit, le minimum c’est de le respecter. S’il vous plaît, respectez le Mali ! Respectez l’AES.
Dans ces États, les cultures condamnent l’ingratitude, car relevant de la mécréance. Pour la petite histoire, après l’appui aérien de serval à Kona en 2012, les Maliens se sentant enfin débarrasser du terrorisme, certains n’avaient pas hésité de baptiser leurs enfants au nom de François Hollande en guise de reconnaissance.
Dites, en quoi la Confédération des États du Sahel vous dérange ?
Amadou Wane
