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Célébration de la 8ème édition du pèlerinage traditionnel ‘’Maaya Sira’’ : des échanges entre traditionnalistes maliens et étrangers sur la réhabilitation des cultes africains

C’est au cœur du palais de la culture Amadou Hampâté Ba de Bamako, capitale du Mali, que les traditionalistes maliens et étrangers ont lancé, jeudi 14 décembre dernier, la 8ème édition du pèlerinage traditionnel ‘’maaya sira’’. Organisé par l’association « Maaya Blon » en partenariat avec plusieurs autres regroupements dont la Mouvance kamite et l’association « Bois sacré », cet évènement avait pour thème : « Pourquoi l’Afrique a perdu ses traditions et institutions spirituelles ; pourquoi il y a la fragmentation au sein de la société malienne ? ».

En plus des Maliens dévoués pour la même cause, des traditionalistes sont venus de la Côte d’Ivoire, du Burkina Faso, de la Guinée Conakry, du Canada et d’autres pays pour la tenue de la rencontre culturelle, célébrée chaque année dans 25 autres pays à travers le monde. Cet évènement annuel est animé par des chasseurs ‘’donso’’, des féticheurs, des partisans de la mouvance kamite… Il a, indique-t-on, pour but de revaloriser la culture et les pratiques traditionnelles du Mali et de l’Afrique tout entier. Lesquelles pratiques sont, regrette-t-on, en voie de disparition à cause des religions chrétienne, musulmane et les attitudes occidentales. En tant que premier responsable de l’association ‘’Maaya Blon’’, Siramoussa Doumbia souligne, quant à lui, que les traditions africaines sont également prises en otage par des religions concurrentes. « Nous disons haut et fort : ce pays n’appartient pas aux politiques ni à une quelconque religion. Il a été conçu et bâti par nos ancêtres à l’aide de nos cultures présentement délaissées », a fait entendre le leader. Puis de rappeler : « La notion et le concept du pèlerinage sont venus de l’Afrique. Ce ne sont pas les Blancs ou les Arabes qui ont amené cela chez nous. Au contraire, dit-il, ils ont copié nos ancêtres qui ont fait le pèlerinage durant des milliers d’années », a confié Siramoussa Doumbia, non moins Blontigui (chef) de l’association Maaya Blon. Visiblement touché par des attitudes attentatoires aux valeurs cardinales de nos ancêtres, « l’éminent » traditionaliste maintiendra que l’Afrique a perdu presque toutes ses connaissances à cause des religions concurrentes (chrétienne et musulmane). D’où ces précisions : « Nous avons perdu nos cultes qui ont été finalement relégués au dernier rang. Notre association, c’est-à-dire Maaya Blon, se donne pour mission de réhabiliter ces cultes. Et le premier geste pour cela est de tenir, a-t-il argué, des rencontres comme le pèlerinage traditionnel. D’où la tenue de cette huitième édition ». Et de préciser que les échanges entre traditionalistes maliens et étrangers concernent la réhabilitation des cultes africains. La rencontre dure cinq (5) jours et permet aux participants de tenir des conférences, voire de faire des libations sur des sites traditionnels pour le bonheur des Maliens et de l’Afrique. Durant les 5 jours, va-t-il ajouter, les participants se rendent à Djitoumou, une localité du pays, de même que dans certaines localités du Mandé afin de tenir d’autres types de festivités purement traditionnelles. « Nos cultes ont été malmenés par d’autres religions. Nous avons ainsi décidé de les réhabiliter », a tenu le chef des traditionalistes maliens, précisant que la victoire de l’armée à Kidal est en partie due aux nombreuses libations initiées par ses partisans. En tant que représentant du département des Affaires religieuses, du Culte et des Coutumes, le Dr Yaya Traoré a estimé que les traditionalistes jouent un grand rôle dans la construction du Mali nouveau. « De nos jours, poursuivait le chargé de mission, le pays vit dans un état où tous les Maliens doivent se donner la main et serrer le coude pour que le pays puisse se développer ». L’Etat, a-t-il expliqué dans son discours d’ouverture, c’est la continuité. « Nos traditionalistes ont, à cet effet, des missions et des ambitions à atteindre. Ils doivent, pour ce faire, accepter de se donner la main en agissant ensemble au sein d’une fédération ou d’un regroupement reconnu par le pays », a-t-on noté dans son intervention.

Mamadou Diarra

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