Centre du Mali : Stop ! Les Peuls et les Dogons sont trop humains !
La crise dans le centre du Mali donne lieu à plusieurs interprétations dont la plupart sont hostiles à la promotion de la paix. La plupart des gens tombent dans un discours de haine accusant soit les Peuls soit les Dogons. Or, à ce que nous sachions, les Dogons et les Peuls n’ont connu que l’humanisme pour avoir vécu de tout temps en parfaite harmonie. Nous trouvons que le temps doit être plutôt aux enquêtes et non à des accusations fortuites.
L’amalgame au centre du Mali ne cesse d’interpeler notre conscience de citoyen réfléchissant sur les mauvais comportements de notre nation. Les atrocités se multiplient dans la région de Mopti depuis un certain temps. Une situation que les plus sentimentales attribuent tantôt aux Peuls tantôt aux Dogons. Ces messages de haines trouvent écho auprès des plus hautes autorités notamment le gouvernement voire des leaders d’associations. Les attaques frontales entre les membres d’une telle ou telle communauté à l’encontre d’une autre encouragent l’amalgame.
Ces attitudes sont à nos yeux antidémocratiques parce que ne permettront pas l’instauration de ce climat de paix tant recherché dans cette région du Mali appelée la Venise et notamment la partie couramment appelée le pays dogon. Koulogon, Dioura et le plus atroce et récent cas d’Ogossagou, ces attaques qualifiées par d’aucuns de « génocidaires » de « nettoyage ethnique » ont dépassé les entendements. Pourquoi ? Vu le degré d’humanisme de ces communautés ayant toujours vécu de façon pacifique et qui se sont toujours donné mainforte et voyant que ces deux communautés deviennent des chiens et des chats, nous ne pouvons que nous interroger.
À qui cette situation profitera-t-elle ? Nous n’avons aucune vocation, aucun intérêt de faire porter le chapeau à qui que ce soit. Mais ce qui est sûr, au Mali, nous constatons juste un transfert du centre de gravité de la crise du nord vers le centre.
Contrairement à moult personnes qui pensent que nous faisons face à un conflit inter communautaire dans cette région, nous nous sommes persuadés en toute conscience que les meneurs de ces yeux ne seraient pas des Dogons ou des chasseurs. Nous nous plaisons à rappeler ici cette intervention du Professeur Issa N’Diaye dans le quotidien français Le Monde : « Il y avait une sorte de symbiose entre les populations, et les conflits qui naissaient à l’époque trouvaient rapidement des solutions dans le cadre des concertations traditionnelles ». Ce passage traduit à combien de fois, l’humanisme a toujours régné entre ces communautés qui n’avaient jamais manqué de moyens pour trouver des solutions pacifiques aux querelles qui pouvaient s’éclater entre elles. L’auteur de Silence ! Il est allé plus loin en faisant savoir que la plupart des acteurs qui commettent ces atrocités ont une langue étrangère à la localité et supposait l’implication de mercenaires étrangers.
Cela doit donner à réfléchir. Qu’en est-il de cet autre article sur The Conversation, un site de recherche universitaire, où on qualifie ces mêmes acteurs de faux djihadistes et de faux chasseurs traditionnels au centre du Mali ? Pour quelle raison ce vol de face ? Nous dirons que cela vise à nous détourner de l’essentiel ou encore à orienter nos regards vers autre chose pire à nos yeux pendant qu’on creuserait lentement mais sûrement la tombe du pays. Pour finir, ce que nous ajouterons, c’est qu’aucun conflit inter communautaire n’arrangerait les Maliens. Ces carnages ne sont ni dogon ni peul, mais d’un acteur non encore non identifié ou encore dont on a peur de mentionner.
Les autorités maliennes, au lieu d’attiser le feu, devront plutôt miser sur de véritables enquêtes comme préalables afin d’identifier les véritables acteurs de ces bavures. Outre cela, elles doivent en dehors des trois jours de deuil et cela comme mentionnait Adam Ba Konaré dans une lettre ce 30 mars 2019 d’immortaliser toutes ces victimes peules de ces atrocités. « Mobilisons nos artistes pour édifier la stèle funèbre et dans une démarche duale, en sollicitant la participation de l’État, afin d’ancrer la présence des morts d’Ogossagou dans le territoire malien et pour que soit proscrits à jamais au Mali « Morts pour avoir été Peuls», avait-elle noté dans cette lettre. Outre cela, dans un souci d’instauration d’une paix durable au Mali, dissoudre toutes les associations à caractère communautaire qui encouragent des discours de haine. Quant aux milices, désarmer toutes les milices et déployer les FAMAs sur tout le territoire afin de rassurer les populations. Le développement n’est possible qu’en promouvant l’unité dans la diversité et en instaurant pour ainsi dire la sécurité dans le pays. Chose qui permettra à l’économie de décoller.
Fousseni TOGOLA
Source : www.lepays.ml