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Dialogue national inclusif : Sur le plan sécuritaire, le Comité national d’organisation invite à des « réformes structurelles ambitieuses »

Dans la note d’analyse sur la sécurité et la paix rédigée dans le cadre du Dialogue national inclusif, réalisée par le Comité national d’organisation, les causes, les mécanismes de résolution du conflit malien ainsi que les défis et des recommandations sont exposés. Cette analyse a été publiée au cours du mois de novembre 2019.

Les retards observés dans la mise en œuvre des documents signés pour le retour de la paix au Mali ont contribué à augmenter le rang des frustrés dans le pays. Sans des mesures appropriées pour accélérer la mise en œuvre de ces textes, l’accalmie sera difficile à obtenir. Le Comité d’organisation du Dialogue livre plusieurs recommandations.

L’origine de toute la situation actuelle du Mali remonte au régime d’ATT notamment les manifestations ayant eu lieu pour revendiquer le départ de cet ex-chef d’État malien à cause de l’aggravation de la situation sécuritaire dans le pays, souligne-t-on dans la note d’analyse. Une recrudescence liée à l’assassinat du président libyen Mouammar Kadhafi.

Depuis lors, tout le nord du pays a été annexé par des hommes armés venus de la Libye. Le pays est tombé dans une crise multidimensionnelle (sociale, économique, politique, sécuritaire), indique-t-on dans cette note.

Les facteurs permettant d’expliquer une telle ampleur de la crise sont nombreux puisque des actes de banditisme se sont greffés au terrorisme. Selon cette analyse du Comité d’organisation, les causes remontent à un passé lointain. On cite entre autres : la corruption, le laxisme, la situation économique dégradée du pays.

 Sur le plan national, régional et international, des initiatives se sont multipliées afin de trouver une issue favorable à cette crise malienne, souligne-t-on dans la note qui cite dans ce cadre l’intervention militaire franco-africaine, de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation du Mali (MINUSMA), de la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (MISMA).

 Plusieurs rencontres ont eu lieu autour de cette crise comme les états généraux sur la décentralisation tenus à Bamako les 21, 22, 23 octobre 2013 ; les Assises nationales sur le nord ; l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger ; la Conférence d’entente nationale.

L’Accord pour la paix a permis entre autres la fin des hostilités entre les ex-rebelles et le gouvernement malien, le processus de Désarmement Démobilisation et Réinsertion (DDR), l’installation des autorités intérimaires, rappelle-t-on.

Sur le plan sécuritaire, des initiatives se sont également multipliées comme la loi d’orientation et de programmation militaire, la loi de programmation relative à la sécurité intérieure, le plan de sécurisation intégré des régions du centre.

Des initiatives qui n’ont pas pu empêcher l’aggravation de la situation sécuritaire dans le pays. « De 2012 à 2014, la situation s’est considérablement dégradée avec des centaines de morts et des milliers de personnes déplacées au nord comme au centre du pays », lit-on dans cette analyse du Comité national d’organisation du Dialogue national inclusif.

Les défis retenus par le Comité restent entre autres l’application de l’accord pour la paix ainsi que des différentes initiatives adoptées pour le retour de la paix. «[…] les problématiques du sous-développement, de la gouvernance, de la cohésion sociale et de la sécurité concernent toutes les communautés maliennes, au nord comme au Sud. Ces questions, dont dépendra la résolution durable de la crise, devront être au centre des débats dans le dialogue et les négociations futures, quelle que soit la formule adoptée », indique-t-on.

Parmi les défis ressortent également le retour des réfugiés ; la question du statut de Kidal ; la justice, la vérité et la réconciliation ; l’entente nationale ; la réforme des secteurs de la défense et de la sécurité ; etc. Le Comité d’organisation souligne : « Plusieurs années après la campagne militaire franco-africaine, le déploiement de la MINUSMA, ainsi que la batterie d’initiatives nationales pour juguler la crise sécuritaire, le Mali est toujours confronté au défi de la réconciliation et la situation sécuritaire reste précaire, aussi bien dans le nord du pays que dans le Centre. La mise en œuvre de l’Accord est dans l’impasse avec notamment l’incapacité de l’État à se déployer dans la région de Kidal afin d’y jouer pleinement son rôle régalien de sécurisation, d’instruction, de création d’emplois, de prises en charge des populations vulnérables et de mise en œuvre d’une politique économique, sociale et écologique durable. Ces blocages constituent, à terme, un risque pour la stabilité politique et la sécurité du Mali et des pays de la région ».

Dans ce document, plusieurs options sont proposées aux autorités maliennes : mettre la protection des civils au centre de toutes les opérations militaires en cours dans le pays, tirer les leçons des échecs des différentes initiatives et prendre en charges les facteurs aggravants de la crise. La priorité de l’État malien doit être de revoir l’Accord pour la paix afin qu’il parle à tous les Maliens, propose le Comité d’organisation.

Outre tous ceux-ci, dans cette note, plusieurs recommandations ressortent dans le cadre du renforcement des capacités des troupes maliennes, du développement local, du rétablissement de la confiance entre les autorités et la population. Il est recommandé d’ouvrir un dialogue avec des communautés marginalisées, stigmatisées du centre du Mali, d’ouvrir des possibilités de dialogue avec des mouvements non-signataires de l’Accord y compris des mouvements qualifiés de terroristes. Quant à la Communauté internationale, il lui a demandé d’être « à l’écoute de ces spécificités et cesser de conditionner son aide à des modèles de gestion qui lui sont propres. »

Le Comité d’organisation du Dialogue national inclusif ne fait pas de doute que la réalisation de ces mesures ne tombera pas du ciel : « L’atteinte de ces objectifs passe nécessairement par des réformes structurelles ambitieuses. Le retard pris dans les réformes structurelles rend impossible la mise en œuvre de grandes réformes, notamment les lois d’orientation et de programmation. L’armée malienne doit se doter de corps spécialisés au-delà de la simple appartenance à une unité et le commandement doit être plus lisible par les soldats recevant les ordres. »

Fousseni TOGOLA

Source : LE PAYS

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