Edito : Boni, désamorcer la bombe pendant qu’il est encore temps !
Dans la zone de Nokara, non loin de Boni (cercle de Douentza), les hommes ni foi ni loi ont tendu une embuscade mortelle contre les forces armées malienne. Le bilan est très lourd : 17 soldats tués, une quarantaine de blessés, 10 pick-up et des armes emportés. Dépêchés dans un hélicoptère à Boni pour remonter le moral des troupes, les colonels de l’armée que sont, entre autres, Mamadou Siné Doucouré (commandant GRM-Mopti), Moustapha Sangaré (chef de corps RCP), Makan Alassane Diarra (commandant théâtre Pcat), Claude Coulibaly (CEM-GA par intérim) ont passé un très mauvais quart d’heure. Ils ont été retenus et leur l’hélicoptère a été autorisé à partir. Très remontés contre le comportement de la hiérarchie militaire, les soldats ont indiqué : « Personne n’ira par hélicoptère. Nous allons prendre la route avec nos chefs vers Sévaré pour qu’ils puissent se rendre compte eux-mêmes des problèmes de sécurité que nous avons ». Ils ont aussi dénoncé l’inaction de l’aviation lors de cette attaque complexe du 19 août 2021, sur l’axe Nokara-Boni, et le retard pris dans la relève des hommes à Boni, initialement prévue pour le 13 août dernier.
Après plusieurs rencontres de sensibilisation menées par le chef de poste, le capitaine Sidi Bagayoko, pour calmer la situation afin de libérer les officiers, un compromis a été trouvé. Les colonels otages se sont engagés à dépêcher la relève à partir du 26 août prochain. Après cette promesse, le calme est revenu et ils ont été libérés et acheminés sur Sevaré par un hélicoptère de la Minusma. Tout est bien qui finit bien certes, mais cela était prévisible. Puisque tant que la couverture aérienne des opérations militaires reste faible et même inexistante, le sentiment d’abandon animera la troupe.
Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Chers autorités de la Transition, ne faites pas du ‘’IBK’’ sans ‘’IBK’’. Cette guerre asymétrique, sans le vecteur aérien, est perdue d’avance. Que le bon Dieu nous en préserve !
Pis, le contexte politique n’arrange rien. C’est incompréhensible et inacceptable qu’au moment où certains militaires se battent sur le terrain, d’autres s’accrochent aux délices du pouvoir politique à Bamako et se la coulent douce. Du coup, on ne pouvait que de s’attendre au pire. Les postes de sécurité sont rasés tour à tour par des djihadistes qui occupent malheureusement des villages. Avec cette insécurité quotidienne et récurrente qui s’est généralisée sur l’ensemble du territoire, il existe un péril sur la survie même du pays.
Cet acte de révolte des troupes à Boni est le signal d’une bombe à retardement que le président colonel Assimi et acolytes doivent prendre très au sérieux avant qu’elle n’explose. La Transition est dans une impasse totale. Se résoudre à ne pas la prolonger peut désamorcer cette bombe. A bon entendeur, salut !
Aliou Touré