Editorial

Édito : Une jeunesse debout contre des autorités en faillite !

Face à un État dont le stratagème est le mensonge, les promesses creuses ; il faut un peuple responsable, une jeunesse qui s’assume.  Face à un État inconscient, une jeunesse consciente s’impose. La région de Kayes est remplie de ces jeunes qui refusent d’être des béni-oui-oui d’un pouvoir indifférent aux problèmes de ses populations. Pour dénoncer l’enclavement honteux de leur région et réclamer la réhabilitation de la route Bamako-Kayes, les jeunes de la première région administrative du Mali, soutenus par ceux de Kati, Kolokani, Didiéni et Diboly ont annoncé, en début de la semaine dernière, leur décision de bloquer toutes les issues à la ville de Kayes et les quatre autres villes précitées, toute la journée du vendredi 23 août.

Nombreux étaient les Maliens qui doutaient de la capacité de ces jeunes de pouvoir maintenir cette décision  vu la capacité de nos dirigeants à diviser pour mieux régner grâce à leur argent mal acquis. Mais la décision historique de la jeunesse  a été maintenue et a été une réussite totale. Pendant 24 heures, la jeunesse de Kayes est restée mobilisée.

 À cœur vaillant, des centaines de jeunes ont imposé leur volonté à un État en manque d’autorité. Aucun véhicule ne rentrait ni sortait de cette ville. Seuls les ambulances et les corbillards y avaient accès. À travers cette mesure, les jeunes ont dénoncé un mensonge d’État savamment orchestré par la ministre des Infrastructures et de l’Équipement, Zeinab Diop. 

Accidents de cars, braquages, voilà les maux auxquels les usagers de la route Bamako-Kayes sont confrontés. Dans un état piteux, toute femme enceinte, voyageant sur l’axe Bamako-Kayes subirait, de plein fouet, le calvaire de cette route qui pourrait provoquer une fausse couche.

Ces jeunes manifestants sont très déterminés à aller jusqu’au bout. Leur doléance est claire et limpide : la réhabilitation  sans délai de la route nationale Bamako-Kayes en passant par Kati, Kolokani, Didiéni ; le redémarrage du train voyageur et faire en sorte que  l’aéroport Dag-Dag de Kayes réponde aux normes internationales.

Tout bon observateur ou tous ceux qui ont l’habitude de faire le trajet Bamako-Kayes donneront raison à ces jeunes manifestants, surtout avec  la richesse économique de cette région. Et puis avec l’arrêt du train voyageur,  c’est par  cette route que les gros porteurs en provenance du port de Dakar entrent à Bamako. Elle est donc d’une richesse inestimable pour la région et même pour l’État qui y tire d’importantes recettes douanières.

Un État, simplement irresponsable, indifférent aux problèmes de ses populations. Après une lettre propagandiste de la ministre des Infrastructures et de l’Équipement, Zeinab Diop, le 23 octobre 2018 annonçant, avec fierté, le démarrage des travaux de réhabilitation de cette route,  le gouvernement est dans un silence accablant. Il a fallu l’annonce de la décision des jeunes de bloquer les accès à la ville le vendredi dernier pour qu’il (le gouvernement) décide, sur sa page Facebook, de donner des explications, sans pour autant pouvoir convaincre.
Quoi que cette mesure de la jeunesse de Kayes, Kati, Kolokani, Didiéni et Diboly, ait causé aux usagers de la route pendant la journée du vendredi, elle a  permis aux autorités de comprendre la colère et la détresse des usagers de cette route. Cette action de la jeunesse de Kayes et des autres villes précitées amènera les autorités à comprendre qu’elles n’ont pas un peuple moribond, dormant, mais une jeunesse dynamique, qui se bat pour son droit.  Les jeunes de Kayes ont donné l’exemple qui poussera les populations des autres localités à prendre leurs responsabilités et réclamer ce que l’État leur doit.

Jeunes de Kayes, Kati, Kolokani, Didiéni, Dibily, bravo à vous !

Boureima Guindo

Source : LE PAYS

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