MEDIASMONDE

En 2019, l’UNESCO tire la sonnette d’alarme sur le retard dans l’ODD4 : « Le monde est très loin d’être en bonne voie de réaliser les engagements internationaux pris pour l’éducation »

Dans le cadre de sa rencontre annuelle de juillet, le Forum politique de haut niveau (HLPF), principale institution du mécanisme de suivi et d’examen des ODD, s’est étendu, sur la situation des Objectifs de développement durable (ODD) notamment, pour la première fois, l’objectif numéro 4 concernant l’éducation. À travers le rapport conjoint publié par l’Institut de statistique de l’UNESCO et du Rapport mondial de suivi sur l’éducation pour le Forum politique de haut niveau sur le développement durable 2019 intitulé « Respecter les engagements : les pays sont-ils en bonne voie d’atteindre l’ODD4 ? », le retard dans la réalisation des cibles de l’éducation ressortent en gros plan. À côté de ce premier document, il existe également, le rapport de l’UNESCO titré « Au-delà des engagements : comment les pays rendent effectifs l’ODD4 ? ». Tous ces rapports datent du mardi 9 juillet dernier.

« 262 millions (18 %) d’enfants, d’adolescents et de jeunes âgés de 6 à 17 ans n’étaient pas scolarisés en 2017. » Un chiffre déplorable et désespérant en matière de réalisation de l’ODD4 d’ici 2030. Depuis 2015, les pays se sont engagés les uns envers les autres pour la réalisation de certains objectifs afin de vivre dans un monde plus juste, inclusif et durable. « Assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie ». Tel est l’objectif de l’ODD4 décrit sur le site internet des Nations unies.

Cet engagement entre les États a eu lieu à l’occasion de la 70e session de l’Assemblée générale des Nations unies. Ce programme de développement durable à l’horizon 2030 comporte 17 objectifs, dont l’ODD 4 concerne l’éducation. La communauté mondiale de l’éducation a ainsi adopté un Cadre d’action : Éducation 2030, en novembre 2015 et une feuille de route décrivant les stratégies permettant de « faciliter le partage des expériences, y compris les réussites, les défis et les leçons apprises, et fournir un leadership politique, des conseils et des recommandations pour le suivi ».

Malgré toutes ces mesures prises, les constats du rapport conjoint de l’ISU et du Forum politique font froid dans le dos : « Le monde a parcouru un tiers du chemin vers l’échéance de l’Agenda de développement durable 2030, qui inclut le quatrième Objectif de développement durable (ODD 4), mais il est en retard sur la réalisation de ses engagements. » Selon les constats qui ressortent de ce document, cette année, la génération d’élèves censée terminer son cycle  
secondaire d’ici 2030 prendrait le chemin de l’école pour la toute première fois. Paradoxalement, dans les pays à revenu faible, « seuls 60 % des enfants achèvent l’enseignement primaire, tandis que dans certaines régions, le pourcentage d’élèves qui possèdent les compétences minimales en lecture est même en baisse. On ne peut nier le fait que le monde est en retard. Il est temps de cesser ce laxisme », recommande l’UNESCO à travers ce document. 

Comme pour répondre au titre du rapport, on indique clairement : « Le monde est très loin d’être en bonne voie de réaliser les engagements internationaux pris pour l’éducation. » Cela, parce que depuis des années déjà, on observe une stagnation du taux d’accès aux enseignements primaire et secondaire. « Seul un jeune sur deux achève l’enseignement primaire. Parmi ceux qui sont scolarisés, moins d’un sur deux atteint le seuil minimal de compétence en lecture, en écriture et en calcul à la fin de l’enseignement primaire ». Une situation qui parait gravissime en Afrique subsaharienne où, « seul un sur 10 l’atteint, alors même que la tendance du pourcentage d’enseignants formés est à la baisse. Les disparités abondent et les riches sont cinq fois plus susceptibles d’achever l’enseignement secondaire que les plus pauvres. »

Les recommandations

Dans ce rapport, il est indiqué à la communauté de financer la collecte des données de l’ODD et des mécanismes de développement des capacités.  C’est pourquoi, dans le document, on peut lire : « Afin de faire avancer le suivi de l’ODD 4 et de développer une base de données factuelles pour agir rapidement, les acteurs de l’éducation doivent avancer. » En Outre, le rapport recommande à la même communauté internationale : « Les pays doivent avoir deux priorités pour le suivi des 11 indicateurs mondiaux de l’ODD 4 : (1) la participation aux évaluations d’apprentissage aux trois niveaux identifiés dans l’indicateur 4.1.1 ; et (2) l’élaboration d’enquêtes auprès des ménages et/ou d’enquêtes menées en milieu scolaire qui fournissent des données pour tous les indicateurs associés aux cibles 4.3, 4.4, 4.6, 4.a et 4.c qui ne sont pas actuellement collectées par les évaluations d’apprentissage ou les systèmes administratifs. »

Pour l’atteinte de ces priorités, il faut nécessairement le financement, la coordination et la médiation. Ce rôle de médiateur sera assuré dorénavant par l’Institut de statistique de l’UNESCO (ISU). « La communauté internationale dépend des données pour établir les rapports sur le cadre de suivi de l’ODD 4 afin d’évaluer les progrès accomplis. Des améliorations ont clairement été accomplies en matière de collecte de données, mais les déficits de données demeurent une préoccupation majeure », précise ledit rapport conjoint qui poursuit dans ses explicitations : « Le cadre de suivi de l’ODD 4 a principalement un rôle de formation en vue d’influencer les pays pour qu’ils mettent l’accent sur les questions relatives à l’éducation ». Chaque État est invité à honorer ses engagements pour l’atteinte de l’ODD4 d’ici 2030.

Dans un second rapport, publié la même date sur le même phénomène par l’UNESCO, intitulé « Au-delà des engagements : comment les pays rendent effectif l’ODD4 ? », on peut lire : « L’une des principales recommandations est que les pays alignent leurs plans et leurs politiques en matière d’éducation sur leurs engagements internationaux. » Dans ce second document, six domaines sont ainsi énumérés pour accélérer l’atteinte de ces objectifs d’ici 2030 : équité et inclusion, qualité et apprentissage, contenu adapté au développement durable, l’éducation tout au long de la vie, coopération intersectorielle, coopération régionale et mondiale.

Fousseni TOGOLA

Source : LE PAYS

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.