ECO & FINANCESCIENCE & TECH

« Étude de la confiance dans les transactions « M-Banking » en Afrique : Le cas ‘’Orange Money’’ au Mali » de Cheick Oumar Sagara : Le taux de bancarisation au Mali estimé à 9,08% en 2012

Dans son ouvrage de 240 pages, structurées en trois parties et comprenant dix chapitres,  paru chez l’Harmattan en juin 2019 et intitulé « Étude de la confiance dans les transactions « M-Banking » en Afrique : Le cas ‘’Orange Money’’ au Mali », nous explique comment le mobile-banking a fait son entrée en Afrique de l’Ouest dans les années 2006-2017. Il explique également les changements apportés grâce à cette évolution ainsi que les problèmes qui lui sont liés avant de faire des recommandations pour pallier les difficultés constatées.

Aborder la question du mobile-banking au Mali, c’est parler des compagnies de téléphonie mobile. En effet, aux dires de M. Sagara, en 2004, le Mali comptait deux structures autorisées à émettre la monnaie électronique : Orange Mali et Malitel en partenariat respectivement avec la Banque Internationale pour le Commerce et l’Industrie du Mali (BICIM) et la Banque de Développement du Mali (BDM-SA).  À ses dires, « le pourcentage de la population mondiale ayant un téléphone portable est passé de 61% en 2003 à 90% en 2010 [selon la banque mondiale, dit-il].» Il va plus loin en précisant que selon l’Association Internationale des opérateurs de Téléphonie Mobile (GSMA), l’Afrique est devenue le plus grand marché de téléphonie dans le monde. Elle vient après Asie. 

À ses dires, selon la même source, le taux de pénétration du téléphone mobile au Mali est passé de 50% en 2010 pour dépasser les  100% en 2012. « Les transactions monétaires par téléphone mobile constituent l’une de ces innovations qui font augmenter le taux de bancarisation d’une population majoritairement restée en marge des services bancaires », dit-il pour préciser que selon la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), le taux de bancarisation au Mali  en 2012 était de 9,08%. Toute chose qui explique les raisons du développement du Mobile Banking.

La préface de cette thèse transposée en livre scientifique commence par cette interrogation : « Comment la confiance s’inscrit-elle dans les transactions monétaires par Orange Money au Mali ? » Aux dires du préfacier, Alain Kiyindou (Professeur des Universités, Chaire Unesco Pratiques émergentes en technologies et communication pour le développement, Université de Bordeaux Montaigne), pour aborder ce sujet, l’auteur s’attèle à une réflexion sur l’ « éclosion des transactions monétaires par téléphonie mobile en Afrique ».  Aux dires de l’auteur de cet ouvrage, « Selon la Banque  Africaine de Développement, le nombre d’abonnés au « M-Banking » en Afrique est passé de 0,9 million d’abonnés en 2007 à 11,89 millions d’abonnés en 2010. » Une effervescence ayant entrainé l’apparition de nouveaux acteurs sur le marché et a engendré comme conséquence la « saturation des marchés des télécommunications, l’augmentation du nombre d’abonnés au téléphone mobile ». Parmi les marchés les plus saturés, le Mali occupe la 7e position avec 127% devant Seychelles (386%), Gabon (156%), Botswana (148%), Afrique du Sud (137%), Maurice (131%), Gambie (130%), précise l’auteur. Toute chose qui laisse comprendre « l’évolution des moyens de paiement », écrit le préfacier.

Pour mieux réussir son travail, l’auteur n’oublie pas d’expliquer ce qu’il entend par confiance. À l’en croire, « la confiance est un état psychologique, une attente, une croyance, une volonté d’une partie d’être vulnérable… » 

Partant, dans ce livre hautement économique sur la sphère du m-banking, notamment le transfert d’argent via le service Orange Money, l’auteur se pose un certain nombre de questions : « Les utilisateurs ont-ils confiance dans Orange Money ? Observe-t-on des difficultés, des abus dans les opérations, qui généreraient un manque de confiance ? Y aurait-il des obstacles socioculturels liés à la manipulation de l’argent liquide, aux réseaux communautaires ? Les procédures de transferts via le téléphone portable sont-elles complexes au point de générer des appréhensions de la part des utilisateurs ? La confiance constitue-t-elle un frein au développement du « m-banking » au Mali ? »

À travers les réponses qu’apporte l’auteur à ces multiples questions rapportées par son préfacier, nous comprenons que la confiance dont il est question dans ce tapuscrit est tributaire de l’âge, du genre, du niveau d’étude, de l’expérience dans l’usage des Technologies de l’information et de la communication ainsi que de l’activité des usagers.  « Le degré de confiance à Orange Money varie selon que l’on soit homme ou femme, le niveau de confiance des hommes étant plus élevé que celui des femmes. Le degré de confiance à Orange Money décroit quand l’âge augmente. De même, il diminue quand le niveau d’étude de l’usager augmente… », lit-on dans la préface de l’ouvrage.

Les recommandations 

L’erreur dans laquelle il ne faudrait pas tomber en étudiant cet ouvrage, c’est de le considérer sous un seul angle. L’auteur ne se contente pas à fournir des analyses, fruits de son observation, il se montre plus objectif puisqu’il s’agit avant tout d’un livre scientifique. À ce titre, après observation et analyse, l’auteur fournit des recommandations afin d’améliorer le « m-banking » en Afrique. Cela passe par le développement de la confiance des usagers à ce service. Pour ce faire, il recommande que l’accent soit mis sur l’éducation des usagers, l’amélioration des services de banques électroniques, la maitrise des risques opérationnels, la protection des données personnelles, la transparence, la neutralisation des risques de transactions, etc.  L’éducation des populations aux Technologies de l’information et de la communication ne saute pas aux yeux de M. Sagara. Il va plus loin en recommandant la mise en place d’une structure indépendante pour la protection des données personnelles, la mise ne place d’un espace associatif de défense des données personnelles, étendre la charte africaine des droits de l’homme et des peuples à la défense des données personnelles.

« L’objectif principal de la présente étude est de mesurer le niveau de confiance dans les transactions monétaires par téléphone mobile », précise M. Sagara. En tout cas, la lecture de ce livre ne peut que nous tenir en haleine du début jusqu’à la fin.

Rappelons que M. Sagara est depuis 2015 « Docteur en sciences de l’information et de la communication (Université Paris Ouest Nanterre la Défense). Enseignant chercheur depuis 2012 à la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de Bamako », selon sa maison d’édition, l’Harmattan.

Fousseni TOGOLA

Source : LE PAYS

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.