Face aux élus de la nation : Le Gouvernement acte l’année blanche
Hier, jeudi 4 avril 2019, les Ministres de l’éducation nationale, Pr.Abinou Temé ; des Finances, Dr. Boubou Cissé et de la fonction publique chargée des relations avec les institutions, Mme Diarra Racky Talla, étaient à l’assemblée nationale pour répondre à l’interpellation du gouvernement par les élus de la nation sur la crise du secteur scolaire que le Mali traverse depuis des mois. Tous les trois ministres ont, dans leur interventions, souligné l’impossibilité de l’Etat à supporter les charges des doléances des syndicats de l’éducation. Nous partons donc vers une année blanche, car les enseignants ne sont pas aussi prêts à retourner en classe sans satisfaction de leurs doléances.
Comment mettre fin à la grève des enseignants et sauver l’année ? C’est la grande inquiétude des élus de la nation. Pour les députés, le gouvernement doit tout mettre en œuvre pour sauver l’année scolaire. Tous les députés ont dénoncé le blocage du salaire des Enseignants qui, selon certains, est une injustice.
Le gouvernement ne pourra pas accorder certains points de revendication des enseignants
Tous les Ministres ont été très clairs dans leurs interventions. Ils estiment que l’Etat n’a pas de moyens d’honorer un engagement vis-à-vis de certains points de revendication des Enseignants. Parlant de la prime de documentation, un point d’accord, le Ministre Témé affirme que cette prime est réservée aux enseignants chercheurs. Quant à certains points, il a été clair : « Nous, nous ne voulons pas faire des promesses que nous ne pouvons pas honorer ». Parlant du nombre des enseignants, il affirme que le Mali en compte 63 090.
Pour sa part, le Ministre de l’Economie et des Finances, Boubou Cissé a laissé entendre que l’Etat n’a pas les moyens de supporter tout ce que réclament les enseignants. Le problème qui se pose aujourd’hui, dit-il, c’est de voir comment transformer les importants moyens déployés par l’Etat en des résultats concrets et performants. « Nous sommes parmi ces pays qui dépensent plus de moyens au secteur éducatif sans avoir les résultats escomptés », argue- t-il. Pour lui, les enseignements ne sont pas les moins payés par rapport aux autres corps du Mali. « Certes nous devons répondre à des griefs, mais il faut que nous répondions en évitant d’engendrer d’autres problèmes », dit-il avant de préciser : « Après nos analyses, nous avons estimé que l’Etat n’est pas en mesure de budgétairement satisfaire ces doléances syndicales, ce n’est pas possible ». Pour lui, le blocage des salaires est normal. « La seule chose que je peux promettre est de dire que si les allocations familiales ont été touchées, nous allons les rembourser. Si l’on veut se conformer à la loi, il n’y a pas d’autre possibilité que de couper les salaires. Mais cela ne doit pas empêcher le dialogue », a laissé entendre le Ministre Cissé.
Quant à Racky Talla, elle affirme que la grève est prévue par la constitution malienne mais encadrée par des règles en vigueur. Pour elle, se référant à la législation en vigueur, les périodes de services non accomplies doivent être coupées. Concernant les primes et indemnités réclamées par les enseignants, Racky Talla dit : « nous ne pouvons pas donner des promesses que nous ne serons pas en mesure de tenir » .Aussi, elle affirme avoir expliqué aux syndicats, qu’ils bénéficient déjà d’une prime de logement contrairement aux enseignants universitaires. « La multitude des grèves n’est pas due au non-respect des engagements de l’Etat, mais à la multitude des syndicats », dit-elle. Au sujet de la conférence sociale, elle explique que celle-ci aura lieu dès qu’il y aura un peu d’accalmie sociale.
A analyser les interventions de ces trois Ministres, il y’a des points que l’Etat ne pourra pas respecter. Pourtant les Enseignants ont conditionné la reprise des cours à la satisfaction de toutes leurs doléances.
Loin de nous de vouloir être un oiseau de mauvais augure, il est difficile de sauver cette année scolaire avec ces positions opposées du gouvernement et des syndicats de l’éducation. L’année blanche est à la porte. Et on peut tenter dire que l’Etat a acté l’année blanche.
Boureima Guindo
Source : www.lepays.ml