Le Mali entre mensonge et trahison
La crise au Mali perdure parce que ceux qui disent vouloir aider le Mali le trahissent et les autorités qui doivent tenir le peuple éveillé trouvent du plaisir à l’entretenir dans le mensonge, et vendent son âme au diable. Le temps de la vérité doit enfin sonner à travers un sursaut national.
Sur toutes les lèvres, révision constitutionnelle, mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale. Deux priorités en une seule puisque le but de la seconde n’est que de l’adapter à la première. Notre souci n’est pas d’aller au référendum avec pour objectif de se conformer au contenu de l’accord, mais plutôt de savoir si cette révision amènera au dépôt des armes au Mali.
C’est d’ailleurs ce qu’a expliqué Me Mohamed Ali Bathily lors de la conférence de presse, à l’occasion de la publication de la nouvelle édition du livre de Choguel Kokalla Maiga, le samedi 29 juin 2019 à la Maison de la presse de Bamako. Selon Me Bathily, la révision constitutionnelle est une disposition prévue par ledit texte fondamental de la République. Elle n’a rien de mal en soi, mais c’est juste la façon d’y procéder qui pose problème, a-t-il indiqué.
En effet, au lieu de vouloir adapter la constitution à l’accord, au contraire c’est l’accord qui devrait se conformer à la constitution surtout qu’il s’agit d’un document dans lequel la plupart des Maliens ne s’y reconnait pas encore. Alors, en réussissant à adapter le texte fondamental au contenu de ce document, la nouvelle constitution sera-t-elle à son tour reconnue ? Une inquiétude qui reste en question.
Selon Choguel Kokalla Maiga, «On est en train de nous tromper, de gagner du temps. » Il ne fait pas de doute que la communauté internationale, au lieu d’aider le Mali qui l’avait appelé, aide plutôt les séparatistes à perpétuer le terrorisme. C’est pourquoi Dr Maiga juge nécessaire un sursaut national après que les autorités aient pris le courage de parler avec franchise aux citoyens en leur disant toute la vérité afin que cessent ces situations désastreuses qui sont en train de se passer dans ce pays.
Ces interventions ne peuvent que nous amener à douter de la quintessence de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger. D’ailleurs, d’après le Pr Issiaka Singaré, coauteur des Rebellions au nord du Mali : des origines à nos jours, cet accord a été mal négocié par la délégation malienne partie pour l’occasion. À l’en croire, ce document ne correspond pas à la version amendée par la CEDEAO et remise à ladite délégation qui l’a prise avec légèreté en ratant le rendez-vous donné pour le déposer.
Cette situation montre alors combien nos autorités peuvent être indifférentes vis-à-vis de la survie de leur nation. C’est la raison pour laquelle, Me Bathily a eu à rappeler qu’au Mali, on n’envoie pas dans ces genres de mission des gens capables de mieux l’accomplir. Pour lui, Tiébilé Dramé faisait partie de la délégation dont parle Singaré. Alors, « L’accord va être difficilement applicable » selon les propos de Me Bathily.
Tous ceux-ci laissent comprendre que le Mali se trouve pris au piège du mensonge et de la trahison. Les autorités se montrent incapables de dire la vérité aux citoyens, à la communauté internationale, lors des négociations. Cette communauté fait croire sa volonté d’aider le Mali tout en faisant le contraire. Elle aggrave ainsi la situation du pays en aidant ses ennemis à le piétiner davantage. En conséquence, il est grand temps que le peuple sorte de son sommeil dogmatique et que les autorités prennent le courage de cracher la vérité lorsqu’il s’agit de la survie de leur nation.
Fousseni TOGOLA
Source : LE PAYS