Le maraichage au Mali : Les jardiniers étalent leurs difficultés et déplorent l’absence de l’État
L’exercice du maraîchage en tant que culture des légumes, de certains fruits, de certaines fines herbes et fleurs à usage alimentaires, présente des difficultés aux maraîcher(e)s de Bamako en cette période de chaleur. Nous avons, à ce titre, approché beaucoup d’entre eux qui ont accepté de se confier tout en lançant un appel vibrant aux autorités étatiques.
Le maraîchage ou jardinage est une culture qui consiste à la production des plantes alimentaires, les légumes et des fruits. Certains quartiers de Bamako situé sur le long du fleuve sont parsemés de parcelles exploitées par des maraîchères. Nous avons été à Kalaban-coro au bord du fleuve voir Koniba TRAORE qui pense que le jardinage est d’une grande importance surtout pour lui : « J’ai choisi le jardinage comme travail parce que c’est une passion et j’étais sûr que ça allait être nécessaire pour moi. Je prends en charge ma famille avec l’argent que je gagne en faisant ce travail, c’est déjà une grande chose. Je jardine le petit pois, le gombo, le chou-fleur dans mon jardin. » Dans toute chose se trouvent des difficultés. M. TRAORE nous explique les difficultés auxquelles il est confronté surtout en cette période de chaleur durant laquelle certains légumes se décomposent rapidement. « Avant de commencer ce travail, j’ai tous les problèmes imaginables et inimaginables. Transporter les outils de travail nécessaires jusqu’ici est le plus difficile et aussi en cette période de chaleur on descend jusque dans le fleuve pour apporter de l’eau puisque les petits marigots qui étaient proches de nous sont maintenant secs. Or, certaines plantes ne supportent pas du tout la chaleur », nous a laissé entendre M. Traoré qui lance un appel vibrant aux autorités pour qu’elles leur viennent en aide en leur donnant des outils manuels tels que les pompes à eau.
De son côté, Doussou COULIBALY, maraîchère depuis 30 ANS à Kalaban-coro aborde dans le même sens que Mme Traoré. À ce titre, elle déplore : « Je suis maintenant vielle et j’ai mal partout. Il m’est même difficile de dormir la nuit. Ces problèmes sanitaires que je traverse à cause d’une longue pratique de cette activité constituent la principale difficulté que j’ai aujourd’hui pour continuer ce métier. »
Quant à Karim TRAORE, maraîcher également à Kalaban-coro, celui-ci déclare que c’est à cause du chômage qu’il a décidé d’entamer cette activité qui, par la suite, est devenu son quotidien. À ses dires, les difficultés qu’il rencontre aujourd’hui constituent des problèmes d’eau et aussi de manque d’outils de travail. Néanmoins, il nous laisse entendre ce qu’il entend comme importance du maraîchage: « On rend grâce à Dieu quand même parce qu’on arrive à nourrir notre famille avec le peu d’argent qu’on a et je tiens aujourd’hui à dire aux gens de ne pas minimiser notre travail et aux autorités de nous aider à résoudre le problème d’eau auquel nous sommes confrontés. »
Le maraîchage fait partie des vieux métiers vu la souffrance et les difficultés, nous raconte Mamadou Coulibaly qui aide sa mère dans ses travaux de temps en temps. En cette période de chaleur, ils sont également victimes des difficultés d’accès à l’eau pour arroser leur plante et sur le second plan, il n’y a pas assez de vente. Les clients viennent rarement et le soleil joue aussi sur ces plantes, s’apitoie-t-il. Les feuilles de patates peuvent être cultivées durant toute l’année. La planche est vendue à 500F ou à 750 F, nous laisse entendre. Ce qu’il déplore le plus c’est le fait qu’aucune aide n’ait été apportée par les autorités. Il a alors saisi cette occasion pour demander aux autorités de construire une piscine au bord du fleuve pour qu’ils aient de l’eau facilement.
Toutefois, pendant que certains demandent de l’aide aux autorités d’autres se disent avoir marre des promesses des hommes politiques. Pour Koria Keita, les difficultés auxquelles ils sont confrontés dans cette activité sont énormes. Elle travaille sans bénéfice et sans intérêt, précise-t-elle avant d’ajouter que la première des difficultés est que leurs enfants sont à la maison avec leur diplôme sans travail. Ceux qui doivent travailler pour aider la famille sont en chômage. Elle pense que les autorités sont au courant de leurs problèmes, mais n’arrivent pas à les aider ou encore ne veulent seulement pas leur venir en aide. De toute façon, Koria se dit ne rien attendre de la part des autorités.
Nous avons également tendu notre micro à Cissé Diawara qui nous a fait part de sa souffrance en affirmant qu’elle n’a rien reçu de la part des autorités comme accompagnement depuis qu’elle exerce ce travail. Elle a profité de l’occasion pour lancer un appel aux autorités de leur venir en aide en leur donnant des insecticides.
Dans un article sur la plateforme Benbere intitulé « Ségou : à Sanando, les animaux en liberté menacent le vivre ensemble », on peut lire également ce passage de Mamoutou Coulibaly, un jardinier qui décrits tous les problèmes auxquels il est confronté dans cette activité : « J’ai suivi à plusieurs reprises des animaux chez leur propriétaire afin de les inviter à trouver des moyens de les canaliser. Mais ils n’ont pas réagi. J’en ai même invité jusque dans mon jardin pour leur montrer les dégâts commis par leurs bêtes, mais jusque-là, aucune réaction. »
Sur le blog dénommé ‘’Philosophe Malien’’, une jardinière spécialiste de la culture de la menthe aborde les avantages de cette activité. Dans ce billet qui s’intitule ‘’Le jardinage : une activité génératrice pour les femmes maliennes’’, on peut lire ce témoignage: « Grâce à mes cultures de menthes, j’ai pu m’acheter un téléviseur, une antenne TNT Sat. Outre cela, j’ai pu acheter pour mon enfant une moto Jakarta et à chaque fois je viens en aide à mes frères au village. Cette activité est vraiment bénéfique pour moi ».
Mariam B. Doumbia et Elizabeth Paré, Stagiaires
Source : www.lepays.ml