Dans la soirée du lundi dernier, le dialogue a repris entre le conseil militaire en transition au Soudan depuis le coup d’État et l’Alliance pour la Liberté et le Changement (ALC), fer-de-lance de toute la contestation populaire ayant conduit au départ du président Omar El-Béchir. L’objectif est de trouver un accord pour la gestion de la transition et qui est centré sur le transfert du pouvoir aux civils.
Après avoir renversé le pouvoir le 11 avril dernier par une contestation populaire qui est née d’une décision prise par les autorités d’augmenter le prix du pain à une période où le pays vivait une crise économique terrible, le mouvement s’est alors vite reconverti en contestation du régime d’Omar El-Béchir en place qui avait passé près d’une trentaine d’années à la tête du Soudan. Après le départ du président Béchir du pouvoir, la contestation s’est retournée vers les militaires qui assuraient la transition au soudanais. Cela dès le 6 avril, des milliers de manifestants campent devant le QG de l’armée à Khartoum pour réclamer le transfert du pouvoir aux civils, après avoir obtenu le départ de Béchir : « Nous avons insisté sur le fait que le conseil souverain soit présidé par un civil et composé majoritairement de civils », a déclaré à l’AFP Satea al-Haj, un membre de l’ALC ayant participé, selon Jeune Afrique, aux négociations. Lors desdites négociations, chacune des deux parties souhaitait prendre la tête et ravir la majorité des sièges du conseil souverain, indique le Jeune Afrique, une institution clé de la transition qui doit se substituer au conseil militaire pour une période de trois ans avant la tenue des élections.
Un consensus né des précédentes consultations qui se sont déroulées dans une atmosphère « positive » selon Satea al-Haj, malgré les différends sur la présidence et la composition du conseil souverain. Mais les manifestants doutent cette fois-ci de la bonne foi des militaires à rendre la transition aux civils. « On sent qu’un piège est en train d’être tendu. Un sale jeu politique mené par le conseil militaire », a laissé entendre l’un d’eux, Moustafa Sedik. Et un autre de dire : « Les forces armées ne veulent pas abandonnés le pouvoir facilement et je pense qu’ils ont un plan avec l’ancien régime », s’inquiète, selon Jeune Afrique, Youssef Mohamed au milieu d’une foule brandissant des drapeaux soudanais et faisant le « V » de la victoire. Selon la même source, le 17 mai, plusieurs pays et organisations internationales, dont les États-Unis, l’Union africaine, l’ONU et l’Union européenne ont appelé à la mise en œuvre d’une transition civile « vraiment dirigée par les civils ». L’émissaire de l’UA pour le soudan, le Mauritanien Mohamed el Hacen Lebatt, a assuré que l’organisation panafricaine soutenait « tout accord entre les forces politiques au Soudan » selon l’agence soudanaise Suna, avant d’ajouter que « l’UA est satisfaite des avancées en cours pour parvenir à un accord » , après sa rencontre avec le général Kabbachi.
ISSA DJIGUIBA
Source : LE PAYS
