Interview

L’honorable Bocary Sagara s’exprimant sur les séries noires quotidiennes qui passent dans le centre du Mali : « Nous sommes fatigués et demandons à l’État de prendre ses responsabilités»

Venu participer  à la marche organisée  par le collectif des associations des jeunes de la région de Mopti pour dénoncer l’insécurité au centre du Mali et inviter le gouvernement à sécuriser les personnes et leurs biens dans cette localité , l’honorable Bocary Sagara, député élu à Bandiagara, a répondu à nos questions. Il a même saisi l’occasion pour démentir les propos du commissaire de police de Bandiagara selon lesquels des responsables auraient quitté la ville sous menace de « Danna Amassagou ».

Lisez l’interview !

Le Pays : Qu’est-ce qui explique votre présence à cette marche ?

Honorable Bocary Sagara : Deux choses expliquent ma présence ici : dénoncer l’insécurité au centre du Mali et inviter l’État à assumer ses responsabilités. Le centre est fatigué, nos parents sont fatigués. Chaque jour, il y a des morts, du côté Dogon comme du côté Peul. Dans les cercles de Bankass, Bandiagara, Koro et un peu partout dans la région de Mopti, les hostilités continuent et on ne peut plus les supporter. Malgré cette situation, la présence des forces armées maliennes est rare. C’est pour cela que nous interpellons le gouvernement à prendre toutes ses responsabilités pour sécuriser les personnes et leurs biens.

Après l’attaque de Sobane Dah, le gouvernement a reconnu les défaillances au niveau des renseignements. Qu’est-ce que vous et vos pairs, en tant qu’élus nationaux, avez fait afin que l’exécutif prenne ses responsabilités pour corriger ces défaillances ?

Nous avons fait beaucoup de choses concernant cette question du centre. Nous avons, personnellement, été voir le nouveau Premier ministre pour, non seulement l’expliquer la gravité de la situation au centre, mais aussi l’inviter à déployer des forces spéciales sur le terrain. Hier, jeudi 20 juin 2019, il y a eu une attaque entre Bandiagara et Mopti. Ce n’est pas tout, l’attaque d’un hameau dans le même cercle et le même jour a fait 11 morts. Là où je vous parle, il y a des déplacés dans le terrain de football de Bandiagara et dans des écoles. Des communes entières ne fonctionnent plus à cause de l’insécurité. Nous sommes fatigués et demandons à l’État de prendre ses responsabilités.

Ce matin (vendredi), des Maliens ont été surpris d’apprendre, à travers le « compte rendu de la situation sécuritaire » du commissaire de police de Bandiagara publié sur les réseaux sociaux, que beaucoup de responsables ont quitté la ville sous la menace de « Danna Amassagou » contre la communauté peul. En tant qu’élu de ce cercle composé de plusieurs communautés, que dites-vous ?

Cette note du commissaire fait polémique. Mais je peux vous dire que ce qu’il a raconté est faut. Il a dit que le juge n’est pas là. J’ai vérifié, il a menti. Tout le monde est présent. C’est l’amalgame qu’il est en train de semer. Nous demandons au gouvernement, précisément au ministre de la Sécurité de le sanctionner pour cette faute. Ce sont ces genres de personnes sèment l’amalgame ; il n’y a jamais eu un message appelant les Peuls à quitter Bandiagara. Peuls et Dogons, nous sommes les mêmes, nous sommes des frères à Bandiagara.

Réalisée par Boureima Guindo

Source : LE PAYS

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