SOCIETE

Malgré les menaces de sanction du Ministre de l’Administration Territoriale, les comités exécutifs nationaux du SYNAC et du SYLTMA persistent et signent : « Nous demandons, à nouveau, à tous les militants dans les 8 cercles et 55 arrondissements de Mopti de rejoindre les zones sécurisées jusqu’au désarmement total des milices »

Samedi 22 juin 2019, les syndicalistes membres des Comités exécutifs nationaux (CEN) du Syndicat autonome des Administrateurs (SYNAC) et du Syndicat libre des Travailleurs du Ministère de l’Administration territoriale (SYLTMA) ont tenu une conférence de presse au cœur de la Bourse du Travail. L’objectif de la conférence était de se prononcer sur les conditions sécuritaires des représentants de l’État d’une part, et d’autre part, faire le point sur la réaction du ministre de l’Administration Territoriale suite au communiqué conjoint des deux syndicats. Sur place, étaient présents : le secrétaire général du SYNAC, Ousmane Christian Diarra et celui du SYLTMA, Olivier Traoré….

Dans une déclaration lue par le secrétaire général du SYNAC, Ousmane Christian Diarra, les syndicalistes des Comités exécutifs nationaux du SYNAC et SYLTMA annoncent que les représentants de l’État : les gouverneurs et leurs membres de cabinets, les préfets et leurs adjoints et les sous-préfets sont « le deuxième contingent en termes de pertes en vies humaines » après les Forces armées. Et « ont payé un lourd tribut des morts, des pertes, des destructions de biens, voire des séquelles physiques indélébiles ». Pour preuve, nous explique la déclaration syndicale,« au total,17 représentants de l’État ont été tués du fait des différentes rébellions et des assassinats ciblés sans les épouses et les enfants de 1990 à nos jours ».En dépit de cela, les Administrateurs civils, pareils pour les représentants de l’État « sont les plus mal logés, moins bien traités en termes de salaires, de moyens de déplacement, de gestion de carrière, voire les plus méprisés » au niveau sous-régional, déplorent les syndicats qui rappelaient aussi : « Malgré cela, les syndicats n’ont pas hésité à surseoir à l’obtention des primes et indemnités en levant leur mot d’ordre de grève en position de force pour éviter le blocage des institutions par la non-tenue de la présidentielle passée ».

Selon les deux syndicalistes, les représentants de l’Etat sont de plus en plus exposés, voire des menaces dans leurs différents lieux de travail. De ce fait, « ils sont de plus en plus exposés à la nuisance du développement du communautarisme exacerbé par les notables locales, les ressortissants résidant à Bamako »,ainsi qu’à « l’agression des Associations de jeunes instrumentalisés par le manque de perspectives d’avenir »,de même qu’à la « montée en puissance des religieux et principalement, le manque de culture institutionnelle et administrative de certains hommes politiques prompts à sacrifier les intérêts personnels au détriment du général »,nous décrit le document.

Face à cela, disaient les conférenciers, les syndicats ont tiré la sonnette d’alarme et réclamé plus de protection en faveur des représentants de l’État qui sont des cibles privilégiées dans un pays en pleine anarchie où l’autorité est très mal perçue par des citoyens. Car, dénonçaient-ils, à moindre mécontentement contre l’Etat, des foules furieuses prennent «en cibles les représentants de l’État. D’où la multiplication des tentatives de lynchages, de saccages et de vandalismes des bureaux et logements dans certaines contrées du pays tels que Kani-Bonzon, Kéniéba, Diré, Sangha… ». S’ajoutent à cela, des assassinats et des attaques ciblés, tout comme des menaces de mort suivies d’exécutions. Ce qui explique selon les syndicalistes, l’assassinat du sous-préfet de Boura, dans le cercle de Yorosso, exécuté le 15 mai après avoir reçu un message de menace de mort d’une personne qui se réclamait membre d’Al Qaida. Cela a été le cas du président local du commerçant, égorgé en plein marché le 11 juin 2019, sans oublier celui du sous-préfet de Tilemsi, dans le cercle de Goundam.

Les syndicats ont aussi rappelé l’agression du sous-préfet d’Ouenkoro, survenue le 12 septembre 2015 dont deux véhicules ont été brûlés. Ils ont mis l’accent sur les agressions et menaces faites contre les préfets et sous-préfets de Koro, de Bankass et de Bandiagara. Selon eux, « dans un État où les autorités ont souci de la représentation de l’État, et la culture administrative bien maitrisée par les décideurs politiques, il est impensable que les représentants de l’État soient amenés à s’organiser pour réclamer de meilleures conditions de travail ou défendre des droits ». Pour les membres du SYNAC et du SYLTMA, l’intégrité physique et morale des représentants de l’État doit être une priorité absolue puisqu’ils incarnent la puissance publique et l’autorité de l’État dans les circonscriptions administrations.

Pour répondre au ministre de l’administration territoriale, les syndicats disent avoir entendu sans surprise, le communiqué et l’interview tenus par ce dernier en les qualifiant des « appels au suicide » car « n’offrant aucune garantie de sécurité à part les habituelles annonces sans suite et ni effet». Pour finir, ils précisent : « Les syndicats des CEN SYNAC et SYLTMA s’engagent désormais à poursuivre en justice au pénal comme au civil, toute autorité par la faute de laquelle il y aurait atteinte à la vie d’un représentant de l’Etat ».Et d’ajouter : « Nous demandons, à nouveau, à tous les militants dans les 8 cercles et 55 arrondissements de Mopti de rejoindre les zones sécurisées jusqu’au désarmement total des milices ».

Mamadou Diarra

Source : LE PAYS

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