POINT DE VUEPOLITIQUE

Mali : Ingérence intolérable du président Bazoum, un récidiviste

Loin de nous toute idée de cautionner un coup d’Etat ou un putschiste. Mais quand le Président du Niger Mohamed Bazoum croit devoir se « mettre en lumière » en s’attaquant à nouveau au Mali, à travers les jeunes officiers de l’ex CNSP  qu’il qualifie de tous les noms, il doit s’attendre à une levée de boucliers. En réaction à ses propos très peu diplomatiques, le ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, est sorti, le premier, de sa réserve. Ce que nous saluons  car il nous change de la « diplomatie carpette » et porteuse de sabot pour marcher.

En d’autres temps, au Mali et en d’autres lieux, pour moins que les propos enflammés du Président nigérien, Mohamed  Bazoum en avril et ce vendredi 9 juillet 2021, il y aurait au minima le rappel de son ambassadeur pour protester contre un Président récidiviste qui a choisi nos valeureux soldats comme « tête de turc. »

Bazoum, c’est le moins qu’on  puisse retenir, prend en grippe tout changement de pouvoir par les armes, oubliant toute réserve et tombant dans une ingérence intolérable, omettant de dire qu’au Mali ce sont des conditions historiques qui ont conduit à la « démission forcée » d’un IBK très peu au fait des réalités autour de lui. Pour ne pas dire plus !

Que Bazoum ait pu être élu au Niger au prix de tripatouillages, semble-t-il, a  ému au Mali, ou toute classe confondue,  l’on est resté, toutefois, conscient  qu’aucun mélange du genre ne saurait  faire oublier le droit du Niger à s’autogérer et à  choisir librement  son mode de changement de pouvoir et de gouvernance.

Bazoum, il faut le dire, a aussi raté l’occasion de se taire sur la situation au Mali, dont aucun coup d’Etat n’a atteint le sordide massacre perpétré par Daouda Malam Wanké qui a coûté la vie au président Ibrahim Barré Maïnassara, lui-même ancien putschiste, ayant renversé le premier président démocratiquement élu Mahamane Ousmane en 1996.

Chahuté sur ses « origines extra nigériennes » par son opposition et par des militaires, le 2 avril dernier lors d’un coup d » Etat  » douteux » Mohamed Bazoum  doit avant toute chose se préserver des déclarations incendiaires vis-à-vis d’un pays tiers dont il semble n’avoir aucune connaissance de ses  » révolutions ». Pour rappel, au contraire du groupe conduit par Wanké au Niger, les jeunes officiers de l’ex CNSP ont, en réalité, parachevé un soulèvement populaire généralisé de plusieurs mois, évitant un bain de sang qui se dessinait au Mali. Plutôt que de se  contenter de le déplorer en termes crus, le nouveau « maître  » du Niger, Mohamed Bazoum, doit songer à « panser » son passage au gouvernement de Mahamadou Issoufou, à se démarquer de tous les kleptocrates du continent, au risque de terminer comme IBK, avant lui Mahamadou Tandja au Niger et Blaise Compaoré  au Burkina Faso, pour ne citer que nos voisins immédiats.

Le chef de l’Etat nigérien, qui n’a visiblement que faire du modèle malien, pas loin de celui de Seyni Kounthié pourtant, l’un des premiers à réaliser un coup d’Etat dans la sous-région en 1974, réputé meilleur président nigérien de tous les temps,  doit au moins revisiter l’actualité de l’année 2010 ou Djibrilla Hima a déposé Tandja dans une liesse populaire jamais égalée par l’arrivée d’un chef d’Etat élu au Niger. De  même Mohamed Bazoum gagnerait à s’intéresser à la mise sous mandat de dépôt de l’ancien président sud-africain Jacob Zuma venu démocratiquement au pouvoir et rattrapé par ses turpitudes.

Notre continent a changé et veut prendre son destin en main. Ce qui se fait rarement sans entorses aux règles préétablies et le Rwanda actuel de Paul Kagamé l’illustre parfaitement.

Le plus surprenant c’est que les promoteurs de troisième mandat du voisinage sont épargnés par  » l’élève Bazoum », qui gagnerait à mûrir, avant de s’emprendre  violemment au Mali foulant au pied toutes les règles de bienséance.

Mais après la consultation de son ambassadeur à Bamako vendredi dernier, les règles diplomatiques prévoient  son rappel avant toute éventuelle escalade dont aucun des deux pays n’a que faire.

Dicko Seidina Oumar Journaliste – Historien –  Ecrivain

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