Manifestations postélectorales à Mauritanie : Une centaine de ressortissants étrangers arrêtés, leurs représentants diplomatiques également convoqués
Après l’annonce de la réélection du président Mohamed Ould Gazouani par la Céni, des manifestants se sont rassemblés dans les rues de Nouakchott et de Nouadhibou. Les forces de l’ordre ont riposté et beaucoup de ressortissants étrangers furent arrêtés. L’information a été donnée par le ministère de l’Intérieur, ce mardi 25 juin 2019. Le chef de la diplomatie mauritanienne, Ismael Ould Cheikh Ahmad a également fait une déclaration convoquant certains représentants diplomatiques ouest-africains accrédités en Mauritanie.
La commission électorale nationale indépendante (Céni) a déclaré le général Mohamed Ould Gzouani, vainqueur de la présidentielle du 22 juin 2019 en Mauritanie avec 52,01% des suffrages, devant le militant anti-esclavagiste Biram Ould Dah Abeid, avec 18, 58%, suivis de l’ex-Premier ministre Sidi Mohamed Ould Boubacar, avec 17,87%, du journaliste Baba Hamidou Kane (8,71%) et du professeur d’université Mohamed Ould Mahmoud (2,44%) selon le classement donné par Jeune Afrique. Un classement qui a provoqué beaucoup de contestation au sein de la classe politique de l’opposition dont des manifestations dans la capitale et d’autres grandes villes comme Nouadhibou. Selon Jeune Afrique, des heurts ont éclaté entre policiers et militants de l’opposition le lundi soir aux abords du siège des partis de Biram Ould Dah Ould Abeid et Baba Hamidou Kane, où la police a fait une descente musclée. Trois des quatre partis d’opposition sur la liste ont introduit un recours en annulation devant le conseil constitutionnel, ce mardi 25 juin 2019. Cette intervention de la police a fait arrêter beaucoup de ressortissants étrangers comme a indiqué le ministre de l’Intérieur Ahmedou Ould Abdallah « nous avons arrêté une centaine d’étrangers dont on ne peut expliquer la présence dans la contestation d’une élection dans un pays qui n’est pas le leur ».
Pour l’État mauritanien, « il y a une main étrangère qui est derrière ces évènements », a affirmé le ministre de l’Intérieur. C’est pourquoi Ismael Ould Cheikh Ahmed, ministre des Affaires étrangères s’est adressé à la télévision nationale pour convoquer les Ambassadeurs du Sénégal, du Mali et de la Gambie en les invitant à demander à leurs ressortissants de « s’abstenir de participer aux manifestations et à tout ce qui perturbe l’ordre public en Mauritanie ». Selon Jeune Afrique, l’opposition a dénoncé ces arrestations pendant qu’il était quasiment impossible de se connecter à internet, d’accéder à ses emails ou d’utiliser des réseaux sociaux comme WhatsApp et facebook. Selon Jeune Afrique, le ministre interrogé sur la question a semblé ironiser en ces termes « vous n’avez pas d’autres moyens qu’internet pour travailler ? »
ISSA DJIGUIBA
Source : LE PAYS