Me Kassoum Tapo face à la presse hier sur l’insécurité au centre du Mali : « Ma conviction est que la solution ne peut venir que de nous …»
Le président fondateur de la Coordination des Associations des Ressortissants des Cercles de la Région de Mopti résidant à Bamako (CAREMB), Me Kassoum Tapo était face à la presse hier lundi 24 juin 2019 à la Maison de la Presse. Objectif : appeler à l’unité les enfants de Mopti pour mettre fin aux tueries. C’était en présence des leaders religieux dont Cherif Ousmane Madani Haidara, Président du Haut Conseil Islamique, le Cardinal Jean Zerbo, le Révérant Yattara.
Le président fondateur de la Coordination des Associations des Ressortissants des cercles de la Région de Mopti résidant à Bamako (CAREMB), Me Kassoum Tapo appelle, dans son intervention, à l’union tous les enfants de la région de Mopti pour mettre fin aux tueries. Pour lui, tout le monde est interpellé face à cette situation qui détériore cette belle région, Mopti. À en croire Me Tapo, il a entrepris plusieurs actions pour l’apaisement et la cohésion sociale au centre du Mali.
Comme beaucoup de Maliens, Me Tapo estime que l’ancien Président de la République, Amadou Toumani Touré, peut bel et bien résoudre cette situation. La CAREMB a, à ses dires, été à Dakar pour solliciter l’implication d’ATT pour la gestion du conflit au centre, et ce dernier a accepté les propositions. Avant ATT, Me Kassoum Tapo affirme avoir démarché plusieurs cadres peuls comme Dogons pour une solution rapide à cette crise.
Les solutions doivent venir des Maliens
Pour Me Tapo, il n’est pas question pour eux d’être spectateurs des bilans macabres des tueries. Il faut forcément une solution. « Koulogon, Ogossagou, Sobane, Sobane… ces tueries doivent cesser », laisse entendre l’avocat natif de Mopti. Selon Me Kassoum Tapo, la solution à ces tueries ne viendra pas de l’armée malienne ni des forces étrangères, mais du peuple malien. « Ma conviction, je suis persuadé que vous la partagez tous ici, est que la solution ne peut venir que de nous. Elle ne viendra pas de l’armée ; elle ne viendra pas de la communauté internationale, la solution , c’est nous, c’est vous, les enfants du terroir de Mopti ; c’est nous tous qui n’avons pas autre chose que Mopti, c’est notre terroir où sont couchés nos pères, nos mères , où , j’espère, nos enfants vont retourner demain et nous espérons, nous-mêmes, retourner être couchés là-bas », prêche-t-il avant d’inviter les uns et les autres à taire leurs égaux au nom de la paix et de la cohésion sociale . « Qu’on se retrouve ensemble, sans aucun leader. Je n’ai aucune prétention d’être le leader de quoi que ce soit », précise-t-il.
Me Tapo propose un grand forum à Mopti
Pour Me Tapo, il faut identifier tous les problèmes des différents cercles et tenir un forum à Mopti. « Nous définirons ensemble ce que nous devrons faire. Nous allons concevoir ensemble un programme d’action, un chronogramme pour aller dans chacun des huit (8) cercles de la région de Mopti… », a-t-il annoncé, avant de proposer d’identifier tous les problèmes des cercles exondés et inondés de la région de Mopti. Enfin, le président fondateur de la CAREMB recommande la tenue d’un grand forum à Mopti dans le cadre d’un dialogue fraternel.
Avant de terminer, Me Tapo a prévenu sur la situation humanitaire catastrophique dans la région de Mopti.
Le président du Haut Conseil Islamique insiste : « Nous ne faisons pas face à un conflit Peul-Dogon »
Pour sa part, le président du Haut conseil Islamique, Cherif Ousmane Madani Haidara a déploré les tueries au centre du Mali. Pour lui, ce problème est national. « Tout le monde doit se donner la main pour combattre ce mal », laisse-t-il entendre. Pour le guide spirituel des Ançars il n’y a ni de conflit ethnique ni de conflit religieux au Mali. « Nous ne faisons pas face à un conflit Peul-Dogon », précise-t-il. Le président du Haut Conseil Islamique affirme que les mêmes personnes qui tuent les Dogons, ce sont ces mêmes personnes qui tuent les populations peules pour seulement créer de l’amalgame. « Ce n’est pas une guerre ethnique. Les forces du mal ont su profiter pour ethniciser le conflit. Ne tombons pas dans leur piège », dit-il s’adressant aux communautés peul et dogon. Ce qui est inquiétant, selon le chérif de Banconi, c’est que ces forces du mal veulent, après avoir ethnicisé le conflit, nous conduire à une guerre religieuse en s’attaquant à la communauté chrétienne. Avant de terminer, le guide Chérif Ousmane Madani Haidara a rassuré du soutien et de l’accompagnement des religieux maliens auprès de Me Tapo pour la paix dans la région de Mopti et partout au Mali.
Pour le Cardinal Jean Zerbo, il est inadmissible que les populations innocentes soient tuées gratuitement. Pour lui, en tant que leaders religieux, ils doivent être les sentinelles de ce pays. Il estime que le plus grand danger dans un pays, c’est la méfiance, le manque de confiance entre les populations, chose qui est une réalité au centre du Mali maintenant. « Retenons et répétons ce terme : que la paix revienne au Mali », a prêché le Cardinal Jean Zerbo.
« Nous poursuivrons ce que nous avons toujours fait : prier pour le Mali. Nous allons continuer à être des sentinelles », dira le Révérant Yattara. Il a invité tous les Maliens à se donner la main pour la paix au Mali. « Nous n’avons d’autre pays que le Mali. Nous sommes obligés de vivre ensemble », a-t-il laissé entendre avant de prier pour la paix au Mali.
Pour le Secrétaire général de la CAREMB, Mamadou Togo, la région de Mopti est à un tournant décisif de son histoire. Selon lui, il faut tout faire pour éviter que d’autres tueries se fassent au centre du Mali. « Nous devons cesser de pleurer nos morts pour sauver les vivants. Il est temps d’arrêter les tueries insensées, barbares », dénonce-t-il. Mamadou Togo estime que seule l’union de tous les Maliens pourra combattre ce mal qui ronge la région de Mopti.« Nous devons nous donner la main pour chasser ceux-là qui nous mettent en brouille. Toutes les ethnies du Mali doivent conjuguer leurs efforts pour bouter hors de notre territoire les intrus qui sont venus et qui nous causent tant de problèmes », martèle-t-il. Le président de Ginna Dogon ne mâche pas ses mots ; il dit haut ce que beaucoup craignent bas : « Tant que nous ne nous donnons pas la main, nous risquerons de disparaitre un jour », prévient-il.
Pour lui, l’État doit faire mieux pour protéger les citoyens et leurs biens. À en croire Mamadou Togo, la famine guette les populations de la région de Mopti. Il ainsi invité l’État à trouver une solution rapide et durable. « L’État doit endiguer ce qui se profile à l’horizon pour nous, la famine. Le berger ne pourra pas, si on continue à ce train, amener ses animaux au pâturage. Le paysan ne pourra pas cultiver le champ. Et si ces deux activités s’arrêtent, c’est l’arrêt de tout pour nous les populations », lance-t-il comme cri de cœur.
Comme ses prédécesseurs, Mamadou Togo refuse de croire à un conflit peul-dogon. « Il n’y a pas de guerre ethnique. Que tout le monde le comprenne, que tout le monde réfléchisse qu’il n’y a pas de guerre ethnique dans la région de Mopti »,précise-t-il.
Boureima Guindo
Source : LE PAYS