Me Mountaga Tall se lâche : « J’ai été le premier blessé dans la longue lutte pour la démocratie dans notre pays »
Les membres du Congrès National d’Initiative Démocratique ‘’CNID Faso yiriwa Ton’’ de la Commune V du District de Bamako ont présenté, le samedi 18 janvier, leurs vœux de 2020 à Me Mountaga Tall, président du parti. L’évènement a permis de revenir sur les sujets phares du pays.
« C’est le 18 janvier 1991 que le CNID Association, lâchée par tout le monde, a décidé de faire une marche de fraternisation avec l’armée nationale sous le thème : Soldats vous êtes nos frères. Quel thème d’actualité aujourd’hui ! », a rappelé à l’entame de ses propos Me Mountaga Tall, président du CNID, qui regrette l’incompréhension dudit message à l’époque. Ce qui l’amène à dire : malheureusement, ce jour, nous avons été violemment réprimés. Cela fut le point de départ de la répression des manifestations pacifiques lancées le 10 janvier 1990. « A cette époque, dit-il, moi Mountaga Tall ai été le premier blessé dans la longue lutte pour la démocratie dans notre pays ».
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Suite à la présentation de ses vœux, il a effleuré la question dominante du jour : la crise dans notre pays. « Notre pays connait des difficultés énormes : ravages de la corruption et de la mal gouvernance ; les victimes civiles et militaires ; la crise scolaire ; le déficit et les grèves dans le domaine de la santé ; le coût de la vie exorbitant », a-t-il évoqué. Tout cela, a-t-il regretté, alors que ‘’l’État a un train de vie inexplicable et insupportable’’. D’après lui, le fait d’être parmi les partis d’opposition est « un choix difficile, mais responsable ».
En décidant d’aller dans l’opposition, explique Mountaga Tall, nous avons, en même temps, décidé de changer les choses au Mali, de changer le Mali, mais sans changer de Mali. Pour lui, le dialogue national inclusif n’a quasiment abouti qu’à des « lapalissades ». Ce qui lui laisse poser certaines questions : Doit-on demander à un gouvernement d’organiser les élections prévues par la constitution ? Les conditions sont-elles réunies pour le faire ? Aussi, estime-t-il, le gouvernement n’a pas refusé d’organiser les législatives, mais il ne pouvait simplement pas les faire compte tenu de ses engagements pris dans l’Accord de paix.
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Et de poursuivre : « Les élections ne doivent pas être des simples formalités démocratiques, elles doivent traduire la volonté populaire, désigner les dirigeants voulus et souhaités par les citoyens, cela serait-il possible avec la loi électorale en vigueur, avec cette CENI en place, voire dans l’insécurité triomphante du terrain ? Voici autant de questions sur lesquelles le dialogue devrait apporter des réponses ».
S’exprimant sur la révision constitutionnelle, le président du CNID en dit plus : « De Alpha Oumar Konaré à IBK, tout le monde a tenté de réviser la constitution. Aujourd’hui, les conditions nous permettent-elles de réviser notre constitution qui prévoit qu’on ne peut procéder à aucune révision lorsqu’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire national ?». Le président du CNID dit cependant avoir apprécié les résultats engrangés en 2019 en termes de formations ; de dons de sang des femmes aux FAMA ; de participation du parti à tous les grands évènements de la Nation…
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Pour la présidente des femmes CNID de la Commune V, Fadima Sidibé, 2019 fut marquée par des séances de formations des femmes et plein d’autres activités. Quant à Issiaka Traoré, président de l’Association CNID, il a été assez critique en affirmant que « ceux qui ont trahi et dissout l’armée et l’école, voire le syndicalisme, sont ceux-là qui sont au pouvoir aujourd’hui ». Occasion pour lui d’inviter les membres du parti à soutenir l’armée nationale, à sortir des bureaux et aller à la rencontre des gens sur le terrain. « Votre politique ne sert à rien au Mali, puisque trop européenne. Descendez sur le terrain, approchez-vous des militants qui sont en bas au lieu de tenir des discours et des conférences de presse », a-t-il lancé aux responsables du CNID.
Sur le plan économique, militaire, social, culturel et scolaire, l’année 2019 a été, selon Mme Maiga Sina Damba, Vice-présidente du parti, « très difficile ». Des militaires et civils ont été tués, des greniers brûlés et des bétails volés par des « mercenaires rémunérés pour détruire notre pays ».
Mamadou Diarra
Source : LE PAYS