MONDE

Menace d’intervention militaire au Niger : la Cédeao vit ses dernières heures d’existence

Aux premières heures de la tentative de coup d’état au Niger, la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédeao) est rapidement entrée dans la danse en brandissant une batterie de sanctions contre les auteurs du putsch avec en toile de fonds une intervention militaire pour rétablir l’ordre constitutionnel dans le pays. Plus le temps passe, plus cette hypothèse parait de plus en plus difficile et risquée hottant par ricochet le peu de crédibilité qui restait encore à l’organisation sous régionale (Cédeao). La Cédeao finalement entre le marteau et l’enclume dans la gestion de cette crise nigérienne.

Depuis sa création vers les années 1975, la Cédeao n’a jamais été autant confrontée à des défis pouvant mettre en cause son existence. Certes, elle a géré par le passé de nombreuses crises politico institutionnelles, mais la période entre 2020 à nos jours, semblent être les dernières heures d’existence de l’organisation malgré ses efforts d’être beaucoup plus une Cédeao du peuple. Sa rupture avec le peuple se montre davantage consommée après chaque mouvement d’humeur dans nos Etats. Au lieu de soulager la masse populaire, les prises de décision de Cédeao sont de plus en plus considérées comme une haute trahison du peuple au profit de classe dirigeante décriée par son propre peuple. Et les militaires semblent, de leur côté, avoir bien compris ce jeu d’où les successions de coup d’état à l’allure d’un nouveau vent de liberté et d’indépendance au détriment de la démocratie accueillie par la même ferveur il y’a quelques décennies. Après le Mali, la guinée Conakry et le Burkina Faso, le Niger vient lui aussi d’être ravagé par ce nouveau printemps qui n’attend épargner aucun territoire de l’ancienne colonie occidentale. Au lieu d’être le garrot à l’hémorragie, la Cédeao, en plus de son propre rejet, est en train d’être la goutte d’eau qui déverse tout l’ancien système de gouvernance de l’Afrique à l’occidentale. Ses prises de décision « partisanes » ou « téléguidées par l’occident » sont en train de lui être fatal aux yeux de cette nouvelle génération de jeunes engagée pour la souveraineté pleine et entière de l’Afrique. C’est pourquoi, au-delà des traditionnelles condamnations et dénonciations des pays membres de la Cédeao se sont cette fois-ci, montrés prêts à s’engager, si besoin, militairement contre des menaces de l’organisation sous régionale en plus de la désolidarisation de plusieurs autres pays de la Cédeao à une nouvelle « aventure hasardeuse » pendant que la sous-région fait face à d’autres défis plus importants (le terrorisme). « Nous apprécions bien les ultimatums mais, je pense que la Cédeao se trompe lourdement de destinataire, il faudra adresser ces ultimatums aux groupes terroristes » a indiqué le colonel Abdoulaye Maïga, ministre porte-parole du gouvernement malien à la tête d’une forte délégation conjointe malienne et Burkinabé en début de semaine au Niger pour manifester leur soutien aux nouvelles autorités du pays contre toute intervention militaire de la Cédeao. Cette prise de position du Mali et du Burkina Faso n’est d’autre que la prélude d’une dislocation prochaine de la Communauté économique des états de l’Afrique de l’Ouest pourtant annoncée par les deux états dans un communiqué conjoint rendu public le 31 juillet en plus de la même menace faite par la guinée en cas d’intervention militaire au Niger. Quand même, Si cette nouvelle alliance peut paraitre n’être pas de taille contre l’intervention de la Cédeao, c’est par ailleurs certain qu’elle aura une grande incidence sur l’avenir de l’organisation dite Cédeao si l’on se remémore du retrait récent du Mali du G5-Sahel.

Issa Djiguiba

Source : LE PAYS

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.