Mois de jeûne : Tous des aquatiques !
Sous un soleil de plomb faisant bouger même les poissons, voire les autres animaux domestiques et sauvages, les jeûneurs deviennent des aquatiques. On les voit baver pour exprimer leur envie de boire, mais ne pouvant pas assouvir leur soif par respect des exigences de leur religion, nous les rencontrons mouiller. La recherche de la fraîcheur est devenue leur mot d’ordre.
L’eau retrouve ainsi sa lettre de noblesse. La chaleur tapant fort, le jeûne ayant eu raison sur nous, mais personne ne voulant admettre l’évidence, vers 12 h déjà, on ne s’éloigne plus des points d’eau. Aquatiques, nous sommes devenus. Plus de force pour se laver sous ce soleil ardent, mais assez de force pour se mouiller le corps. On se verse de l’eau pour se rafraichir les habits et le corps afin d’être sûr de mieux supporter cette chaleur torride.
Sous une température de plus de 40°Celsius, les mosquées climatisées reçoivent plus de monde à la recherche de fraîcheur. Nous les retrouvons à même le sol sens dessus dessous, les ventres creux donnant l’impression d’avoir un ventre vide. Étendus comme des corps sans vie, rien ne nous tient que la foi.
Pendant ce temps, le bord du fleuve Niger ne connait plus de nostalgie d’êtres humains. Seulement, bien que peuplé d’humains, le bord du fleuve connait assez d’accalmies. Les débats connaissent assez de répits parce que nul n’a plus d’énergie à gaspiller.
Il nous arrive de nous coucher dans l’eau, notamment étant au bord du fleuve. Béni soit le Niger ! Pouvons-nous entendre quelquefois. La glace, l’eau fraîche reçoivent aussi leur lettre de noblesse parce qu’on les verse dessus comme remède à ce mal du siècle. Un système capitaliste fait alors sa naissance autour du diamant blanc.
En effet, ce liquide tant sollicité offre une opportunité de marché noir. Pour être sûr de se servir d’eau fraîche ou de glace à la coupure du jeûne, il faut passer ta commande depuis l’aube. Pour une grêle de glace, le prix grimpe de 100 ou 200 FCFA. Tout ça pour n’avoir le plus souvent qu’un petit sachet d’eau fraîche. Cela parce que ce diamant blanc reste quasiment introuvable durant cette période de jeûne coïncidant avec une période de crise profonde d’eau dans ce pays.
Ainsi, nombreux sont ceux qui pensent que le jeûne de cette année n’est possible que pour les plus offrants qui sont capables de se faire des climatisations et chez lesquels des douches existent pour se baigner à longueur de journée.
Sous cette chaleur d’enfer, nul besoin de rappeler la nécessité de l’eau. C’est sûrement un mois de carême de prise de conscience sur les dangers qui menacent le monde en matière d’accès à l’eau ainsi que de changement climatique. En tout cas, nous sommes tous devenus des aquatiques.
Fousseni TOGOLA
Source : LE PAYS