Nouveau PM : Un choix de raison ?
Ses atouts :
– Economiste techniquement très bon, brillant et réputé intègre, il connaît bien les subtilités des organisations internationales car ayant servi à la BM.
– Il n’est d’aucune formation politique, ce qui le place à équidistance de l’opposition et de la majorité. Il est un choix amer pour l’un et l’autre, surtout pour le RPM qui avait une liste de cinq candidats, mais pourra facilement être accepté par ce dernier si des garanties sont offertes pour des postes clés au sein du futur gouvernement.
Enfin, il est jeune, comme pour dire que le véritable mandat de la jeunesse commence maintenant.
– Ni l’opposition, ni la majorité, ni la fameuse communauté internationale, n’ont été consulté pour entériner sa nomination. Il est donc le choix exclusif du Président, à qui seul il rend compte.
Ses faiblesses :
– l’ensemble des réformes politiques actuelles (réformes de la loi électorale, mise en œuvre de l’accord pour la paix, réformes territoriales, révision constitutionnelle, conférence nationale etc.) nécessitent une bonne connaissance de la sphère politique, des acteurs politiques, et une capacité de négociation politique hors norme. Sa faible connaissance de ces dossiers et du processus de paix reste son principal handicap.
Il risque donc d’être, dans le contexte actuel inefficace.
– L’appartenance de son frère à l’ASMA en qualité de 1er Vice-président, peut laisser croire à une certaine proximité avec l’ancien PM et amènent certains analystes à penser qu’on a fait du SBM sans SBM.
Autre faiblesse, bien qu’homme de principe, il n’est pas un homme de poigne, pour ne pas dire belliqueux, il n’est pas non plus rassembleur comme l’exige la situation actuelle.
Comment réussir sa mission ?
L’opposition a insisté sur la nécessité de la tenue d’un “dialogue politique national” prioritaire et la mise en place d’un “gouvernement de mission”. A défaut de cela, aujourd’hui, il est impératif de valider UN ACCORD POLITIQUE ou UNE FEUILLE DE ROUTE DE GOUVERNEMENT, qui permettrait d’évaluer le travail abattu par le gouvernement.
Pour réussir à relever le pays, cet accord doit prendre en compte, l’organisation du dialogue national, les conditions de la mise en œuvre de l’accord pour la paix, les réformes territoriales, l’organisation des futures élections législatives, redresser la gouvernance, s’occuper urgemment de la grogne sociale pour sauver l’année scolaire en cours et enfin favoriser la cohésion sociale.
Aussi, pour crédibiliser le futur Gouvernement d’Union National (GUN), la conduite des réformes institutionnelles et constitutionnelles doivent revenir à l’opposition politique pour éviter toutes contestations et frictions au sein du GUN et le Ministère des finances et de l’administration territoriales à la majorité présidentielle.
S’il sait écouter, reconnaître ses limites, être ferme quand il le faut, continuer à résister aux assauts de la famille présidentielle, Boubou CISSE sera certainement le PM qui sauvera le Mali.
Etienne Fakaba Sissoko
Source : www.lepays.ml