Oui, l’Afrique doit changer de stratégie économique !
La richesse des terres africaines semble étrangère au continent, qui a développé une économie de la consommation et non de la production pour la consommation. Alors, pour que ce vieux continent puisse faire sortir sa tête de l’ornière, il importe qu’il développe la deuxième option.
Avec un sous-sol recouvrant d’énorme richesses parmi lesquelles certaines naturelles comme le coton, l’or, le diaman, le pétrole, l’uranium, la manganèse, la bauxite, l’hydrogène, etc., d’autres produites comme le Cacao, le Coton, le riz, le manioc, l’arachide, la farine, le moulin, le levain, etc., l’Afrique continue à trainer le pied.
Malgré l’immense richesse des terres africaines, ce continent peine à retrouver son autarcie. Cette situation devient problématique et fait croire à certains que ce continent est sous-développé économiquement. Chose qui reste à vérifier et à prouver. Car comment avoir toutes ces richesses et être sous-développé ? En tout cas, en nous référant à Tierno Monénembo, écrivain guinéen, dans une chronique publiée dans le journal français Le Point, nous comprenons le contraire. « L’Afrique n’est pas sous-développée, son économie est simplement absurde », précise l’éminent écrivain avant d’expliquer : « Ce continent est le seul à produire ce qu’il ne consomme pas et à consommer ce qu’il ne produit pas. »
Ce
manque de valeur accordé aux produits locaux au profit de ceux internationaux
n’est qu’un effet néfaste de cette mondialisation capitaliste qui a fait briser
les barrières économiques entre les États. Les pays les plus souffrants de ce
système sont ceux de l’Afrique qui, sur le plan
économique, se font étouffer. Cela, à cause du faible taux
d’industrialisation du continent. Une situation obligeant les pays de ce vieux
continent à exporter leur matière première pour être transformée à l’étranger
et leur être retournée chèrement ou sous forme de dettes. C’est cette situation
alarmante qui fait dire à Jean Ziegler, homme
politique, altermondialiste et sociologue suisse, qu’enAfrique, « quiconque meurt de faim meurt assassiné. Et cet assassin a
pour nom la dette. » Il va plus loin en montrant comment cette dette
agit sur les pays : « Les peuples des pays pauvres se tuent
au travail pour financer le
développement des pays riches. Le sud finance le nord, et notamment les
classes dominantes des pays du nord. Le plus puissant des moyens de
domination du nord sur le sud est aujourd’hui le service de la dette. » Qu’en est-il de cette autre justification de
l’économiste malien, Étienne Fakaba Sissoko, à la veille du premier tour de la
présidentielle de 2018 ? Aux dires de celui-ci, le Mali ne gagne que 18 ou
20% dans ses exploitations en or. Chose qui ne permet nullement le
développement des localités où l’exploitation se fait a posteriori de la nation tout entière.
Il est temps que les pays africains sortent de cette stratégie unilatérale de consommation simple, ou d’utilisation des produits étrangers ou encore d’exportation en grande pompe des richesses du continent, pour privilégier l’option de la production pour la consommation. Cela amène à mettre en pratique les recommandations du Camerounais Marcien Towa à savoir s’orienter vers une forte industrialisation du continent. Le consommé africain doit devenir une priorité afin que l’Afrique puisse bénéficier de ses richesses. Cela ne signifie nullement de fermer les portes du continent à l’étranger, mais d’avoir juste la mainmise sur nos productions locales. Ainsi, au lieu d’une économie de la consommation simple, les pays africains doivent développer plutôt celle de la production pour la consommation.
Faut-il le rappeler, sans une bonne gouvernance, cela risque de n’être qu’une utopie ?
Fousseni TOGOLA
Source : LE PAYS