Paix et réconciliation au Mali : la fin de la Minusma déterre la hache de guerre entre Bamako et les mouvements armés de Kidal
La fin de la mission Onusienne au Mali (Minusma) ne manquera pas d’avoir des répercussions sur le processus de paix et de réconciliation en cours entre le pouvoir central de Bamako et les groupes armés indépendantistes du Nord regroupés au sein de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA). Déjà, à environ un mois de l’annonce de retrait de la Minusma, des tensions se créent autours de la rétrocession des emprises de la mission onusienne dans les zones sous contrôle des groupes rebelles.
Depuis quelques jours on assiste à une forte tension entre Bamako et la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA), notamment, autour de la rétrocession des bases de la mission onusienne (Minusma) à l’Armée malienne. Si les forces étrangères ont toujours rétrocédé leurs emprises aux forces armées maliennes (FAMa) après leur départ, les ex-rebelles refusent cette fois-ci que l’armée malienne récupère les bases de la Minusma dans les zones sous leur contrôle. Une situation qui risque fort de mettre totalement fin au cessez-le-feu entre le Mali et les groupes rebelles obtenu par la signature de l’accord de paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger en 2014. Après une altercation dans la localité de Ber, région de Tombouctou le vendredi 11 août 2023, la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CAM) a fait un communiqué pour pointer du doigt le gouvernement de la transition comme seul responsable de tous les désagréments qui découleront de cette situation. « La CMA informe l’opinion nationale et internationale que le vendredi 11 Août en fin d’après-midi, des unités FAMa et Wagner ont ouvert le feu sur une de ses positions situées à proximité localité de Ber. Cette tentative qui a été farouchement repoussée, est sur le point de reprendre ce samedi matin » a-t-elle indiqué dans son communiqué. Les groupes armés indépendantistes soulignent que les FAMa tiennent coûte que coûte à occuper les emprises de la MINUSMA y compris celles situées dans les zones sous contrôle de la CMA et ce « en violation de tous les arrangements sécuritaires garantis jusqu’ici par la mission onusienne et la communauté internationale ». Pour le porte-parole de la CMA, Attaye Ag Mohamed dans un Tweet, « l’important est que la Mission quitte dans le délai imparti et en toute sécurité. Qu’elle ne rétrocède ses emprises problématiques à aucune des parties du moment où elle n’a pas su trouver un consensus entre celle-ci autour sur la base des arrangements sécuritaires signés ». Il faut noter que cette tension ne cesse de monter de cran puisqu’on apprend de par l’évolution des évènements, que Housseine Ould GUEYBOUB Alias Housseine HOULAM, chef d’Etat-major de la CMA dans la région de Tombouctou, a été tué suite à des frappes d’aéronefs des FAMa à environ 10km au Nord-Est de Ber. La même source indique qu’une dizaine de pick-up de la CMA a également été calcinée. Chose qui pourrait ouvrir la voie aux affrontements du fait que la CMA a clairement souligné dans son communiqué « qu’elle poursuivra pleinement la Défense de ses positions consacrées par le cessez-le-feu de 23 Mai 2014 et par les arrangements sécuritaires ». Pis, elle a appelé à la mobilisation générale de ses forces et la population à éviter les secteurs d’affrontements.
Issa Djiguiba
Source : LE PAYS