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Pollution dans l’agriculture : Vous voulez protéger l’environnement, réformer les structures agricoles !

Le Mali est un pays à vocation agro-sylo-pastorale avec une orientation plus grande vers l’agriculture. Cette activité est essentiellement pratiquée dans les zones rurales où 50% de la population malienne y vivent. L’utilisation des produits chimiques nocifs pour l’environnement dans ce domaine reste une pratique déplorable. 

Dans le secteur agricole malien, le souci de la rentabilité semble remporter sur celui de la protection de l’environnement. Cela se constate dans les zones cotonnières et rizicoles avec l’utilisation des produits chimiques.

L’Agriculture, la principale activité

L’agriculture occupe, d’après le rapport final du 24 décembre 2014 de la Direction nationale de l’assainissement et du contrôle des pollutions et des nuisances, intitulée ‘’étude d’impact environnemental et social du projet élimination et prévention des pesticides obsolètes (peppo) Mali’’, une place centrale au Mali notamment dans les zones rurales. La caractéristique de cette activité est la culture extensive sur brulis. Une pratique néfaste pour la faune et la flore et par ricochet pour l’environnement.

Les structures qui encadrent les paysans dans ces domaines sont l’Office de la haute vallée du Niger (OHVN), pour la riziculture, et la Compagnie malienne du développement des textiles (CMDT), pour le coton. L’objectif de ces structures, c’est l’augmentation du rendement en luttant contre les insectes nuisibles.

Des produits dangereux

Pour ce faire, elles délivrent des produits chimiques dangereux pour la faune aussi bien que pour la flore. C’est dans ce cadre qu’un vieux retraité de la CMDT nous confie : « Tous les produits qu’utilise la CMDT sont nocifs pour l’homme et son environnement. » Il s’est attelé à une explication de ses expériences personnelles. À ses dires, il a été, à plusieurs reprises, victime de ces produits qui le rendaient malade. Outre, poursuit-il, tous ses animaux sont morts, une fois, à cause de ces produits de la CMDT.

En effet, les fongicides, les herbicides et les insecticides sont fréquemment utilisés par toutes ces structures pour l’atteinte de leurs objectifs. Tous ces produits chimiques en poudre ou en liquide qu’on déverse sur les plantes ou les cultures.

C’est pourquoi dans son ‘’rapport provisoire sur la révision des indicateurs environnementaux du Mali’’ en 2016, le ministère de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable dans le cadre du  projet initiative pauvreté-environnement, n’a pas manqué à indiquer : « En dépit de son apport important à l’économie malienne l’agriculture est source de nuisance pour l’environnement. » Dans le même document, on peut lire également que « Les engrais chimiques fortement utilisés dans l’agriculture sont aussi cause de pollution des eaux de surface quand ils sont appliqués en quantité supérieure à ce que les cultures peuvent absorber, ou lorsqu’ils sont emportés par l’eau ou par le vent avant de pouvoir être absorbés. »

Des contenants jetés à l’air libre ou dans les cours d’eau

En effet, les contenants de ces produits chimiques sont jetés à l’air libre, après leur utilisation. Ainsi, ils se trouvent à la portée des enfants et peuvent constituer également des dangers pour les animaux. C’est ce qui ressort de ce rapport final en 2014 de la Direction nationale de l’assainissement et du contrôle des pollutions et des nuisances, intitulé ‘’étude d’impact environnemental et social du projet élimination et prévention des pesticides obsolètes (peppo) Mali’’: « Un inventaire national mené entre novembre 2005 et juin 2006 par le Programme africain relatif aux stocks de pesticides obsolètes (PASP-Mali) sur financement du Programme d’appui aux services agricoles et aux organisations paysannes (PASAOP) et avec l’appui technique de la FAO, a révélé la présence d’environ 864 tonnes de pesticides obsolètes et de déchets apparentés sur près de 250 sites
sur l’ensemble du territoire malien.
 »

C’est d’ailleurs tout le sens des propos de Pr Mahamane MAÏGA, consultant. Selon celui-ci, les fongicides et les pesticides utilisés par la CMDT ont des impacts environnementaux énormes. À ses dires, ces produits ont des impacts sur la flore aussi que sur la faune.

Selon le rapport ci-dessus mentionné, « De 1990 à 2000 les achats de la CMDT en insecticides sont passés de 4,6 milliards à 8,29 milliards de francs CFA ; ceux des herbicides et des fongicides, respectivement, de 0,44 à 0,48 et de 0,107 à 0,135 milliard. »

Notons que le dernier réservoir de ces produits chimiques, après utilisation, c’est nos cours d’eau. Ainsi, les eaux de la surface se trouvent contaminées. Chose qui nuit aux animaux aquatiques. C’est ce qui ressort également du rapport provisoire de 2016 : « L’excès d’azote et de phosphates peut être lessivé dans les eaux souterraines ou s’écouler dans les eaux de surface. Cette surcharge d’éléments nutritifs cause l’eutrophisation des lacs, réservoirs et mares, et provoque une prolifération d’algues qui détruisent les autres plantes et les animaux aquatiques. »

Réformer les structures

Face à tous ces désastres, il urge de revoir la politique agricole de la CMDT ainsi que de l’OHVN. Ces structures méritent des réformes drastiques dans leur utilisation des produits chimiques. Pourquoi ne pas mettre à jour la politique d’encouragement des paysans à la fabrication des engrais organiques. Cette politique que menait jadis la CMDT visait à donner des armes aux paysans afin qu’ils soient les véritables acteurs de leurs productions en fabriquant de leurs propres mains des engrais sur la base des déchets non utilisables de leurs champs après les récoltes. Il s’agit des déchets comme les tiges, les feuilles d’arbres, les bouses de vaches, etc. Aux dires de Mamary, l’utilisation du produit issu de cette stratégie est plus performante que les engrais chimiques et les sols sur lesquels il est utilisé durent plus longtemps en productivité que celui habitué à l’absorption des engrais chimiques.

En outre, dans la région CMDT de Koutiala, une pratique existait dans la zone SIWAA, entendue par le terroir « inter villageois des villages de Sinsina, Kaniko, Namposséla, M’Peresso, Try I et Try II, dans l’ex -arrondissement central du cercle de Koutiala (région de Sikasso) » dont l’objectif était d’accompagner les villageois à prendre soin des ressources naturelles victimes d’une exploitation acharnée. Cette initiative était accompagnée par la CMDT.

En effet, face aux dangers auxquels notre environnement se trouve exposé, aucun sacrifice n’est de trop. Chacun doit s’y investir en adaptant ses activités au phénomène du réchauffement climatique afin de contribuer à la stabilisation du climat.

F. TOGOLA

Source : LE PAYS

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