Prétendu faible taux de participation : le Front Uni contre le référendum récupère et s’en approprie
Le 20 juin 2023, des opposants à la nouvelle constitution réunis dans un « Front Uni contre le référendum » ont fait une déclaration pour exprimer leur profond désaccord et leur ferme opposition au scrutin du 18 juin 2023. Tout en citant « de nombreuses irrégularités » lors de ce processus référendaire, le clan du NON exige de mettre ce qu’il qualifie « de simulacre d’élection dans la poubelle de l’histoire ».
Pendant que les résultats du scrutin référendaire du 18 juin 2023, avec toujours en tête le bulletin blanc, envahissent progressivement les réseaux sociaux, un « Front uni contre le référendum » fait une déclaration exigeant l’annulation pure et simple de ce vote. Ce clan du NON estime que le scrutin référendaire en face est juste une mascarade électorale ne reflétant en rien, l’expression de la volonté du peuple malien. D’ailleurs, il souligne que le faible taux de participation cette année (27% selon lui), est l’expression du boycott de ce référendum par le peuple. « Un mot d’ordre suivi à la lettre » par le peuple après qu’il (clan du NON) ait appelé à voter NON ou à s’abstenir de voter.
Comme argument, « le Front uni contre le référendum » a cité des « irrégularités » tout au long de ce processus référendaire en « violation flagrante des dispositions pertinentes (articles 26, 40, 41, 71, 75, 85, 118 et 121) de la constitution du 25 février 1992, en vigueur ».
Au nombre de 15 au total, le Front uni contre le référendum regrette que la Cour Constitutionnelle a fait fi des « requêtes argumentées et bien fondées relatives à l’annulation du décret de convocation du collège électoral pour le référendum ».
Ensuite, il souligne entre autres que « la campagne fut menée, tambour battant, par le gouvernement de transition et ses partisans, avant sa date d’ouverture ; dénonce l’usage des pratiques publicitaires à caractère politique et commercial (offre de tissus et tee-shirts) ainsi que leur port et usage, des dons et libéralités en argent ou en nature en vue d’influencer le vote d’un ou plusieurs électeurs par le gouvernement et ses partisans (camp du oui) ; l’usage des moyens de l’Etat dans la campagne par les autorités de la Transition, y compris le matériel de l’Armée ; les présidents et les assesseurs n’ont pas été régulièrement nommés (15 jours au moins avant la date du scrutin, par décision du Coordinateur de l’AIGE dans la Commune, dans l’Ambassade ou le consulat) ; l’absence de listes électorales pour les Forces de Défense et de Sécurité, conformément à « l’ordonnance dérogatoire », sans préjudice de leur présence sur les listes des Communes, avec la possibilité de voter deux fois (le 11 juin et le 18 juin 2023), rompant ainsi avec l’égalité et l’universalité du vote consacrées par la loi électorale ; la région de Kidal n’a pas pu participer au vote, aussi bien lors du vote anticipé des Forces de Défense et de Sécurité (le II juin 2023) que lors du scrutin du 18 juin 2023. Les communiqués contradictoires du gouvernement et de l’AIGE d’une part, et d’autre part, des mouvements armés, maîtres de la Région, et des observateurs accrédités par l’AIGE, ne fait qu’ajouter davantage de discrédits à ce processus ; pour raison d’insécurité, le vote n’a pu être possible dans : plusieurs communes du Cercle de Koro (Diankabou, Bamba, Kassa, Dinangourou), la majorité des bureaux de vote de Youwarou, de Ségué et de Ouenkoro, des bureaux de vote de Diadowėrė, Pogo I et 2, Kalangola, Mbèwani Koro, Kanto, Korontobougou, Ndola et Tièmaba du Cercle de Niono. Le vote a été interrompu à Kokri Bozo, Cercle de Macina, après des coups de feu entendus aux alentours du village, dans la Commune de Gomitogo, Cercle de Djenné. Des bureaux ont été délocalisés, notamment dans plusieurs localités de Koro et de Bankass ; l’insécurité grandissante a privé de nombreux Maliens d’exercer leur droit de vote, droit fondamental d’expression, dans plusieurs contrées du pays (nord, centre, ouest…). Pire, des crimes ont même été perpétrés, tels que des enlèvements et séquestrations d’agents électoraux (présidents et assesseurs) par des hommes armés non identifiés : Commune de Kala Siguida dans le Cercle de Niono, village de Taga dans la Commune de Femaye, Cercle de Djenné, Tondidarou Saré, Cercle de Niafunké. Des urnes enlevées (emportées) ou brûlées ainsi que d’autres matériels électoraux à: Koronga et trois villages de la Commune de fallou, Cercle de Nara, Chikata, Commune de Dianguirdé. Cercle de Diema, Communes de Tougouni et Sirakorobougou, Cercle de Koulikoro ; des rapports et vidéos attestent de la campagne dans les bureaux de vote, comme en Commune II du District de Bamako et à New York (USA), par exemple ; l’usage des téléphones portables dans les bureaux de vote ; le dépouillement des bulletins des Forces de Défense et de Sécurité non conforme aux dispositions de la loi électorale (Section 2) auxquelles l’ordonnance dérogatoire renvoie ; le vote et la centralisation des résultats sans les représentants du camp du NON ; le constat de scores de presque 100% dans des zones éloignées et hors de contrôle de l’Etat et des zones de réfugiés, caractéristiques de la fraude massive systématique et du simulacre d’élection ; l’incapacité notoire de l’AIGE à organiser un scrutin et à être impartiale, pour demeurer l’appendice du gouvernement ».
Au regard de « ces illégalités criardes et manœuvres frauduleuses savamment orchestrées, non exhaustives, le Front Uni contre le référendum se démarque de ce fiasco, qui demeure le pire scrutin de l’histoire du Mali jamais organisé ».
Par conséquent, il appelle à la démission des membres de l’AIGE en raison de leur incompétence et de leur partialité ainsi que la mise dans la poubelle de l’histoire, ce scrutin référendaire. « Nous continuerons à travailler en collaboration avec d’autres mouvements et organisations pour faire entendre la voix du peuple, pour exiger que ce référendum soit purement et simplement mis à la poubelle de l’histoire » a-t-il expressément noté.
Issa Djiguiba
Source : LE PAYS