Ramaphosa face à un scandale de corruption en Afrique du Sud : Le président estime que cette accusation est irrévocablement biaisé
Après Jacob Zuma, contraint de quitter la tête de la magistrature suprême sud-africaine, il y’a juste un an, c’est au tour de son successeur Cyril Ramaphosa de répondre aux mêmes accusations de corruption. Contre le rapport de la médiatrice de la République du sud-Afrique, une juriste indépendante chargée de contrôler les actions de l’exécutif, l’accusant d’avoir délibérément trompé le Parlement lors de la campagne électorale, Ramaphosa dénonce et tente de laver son image.
Alors que Cyril Ramaphosa avait fait de son cheval de bataille, la lutte contre la corruption dans un pays déjà souillé par des scandales, le nouveau président vient d’être lui-même rattrapé par des faits commis durant la campagne électorale. Un rapport de la médiatrice de la République sud-africaine a affirmé que le successeur de Zuma avait délibérément trompé le Parlement concernant une donation à sa campagne électorale. Cette accusation a provoqué de vives réactions, tant au niveau de l’opposition qu’à l’intérieur du parti de Nelson Mandela (l’ANC), qui est aujourd’hui profondément déchiré par des querelles opposant les partisans de Zuma aux soutiens de l’actuel président Cyril Ramaphosa. Le président lui-même avait d’abord indiqué, selon Jeune Afrique qu’ « après avoir soigneusement étudié le rapport, j’en conclus qu’il est irrévocablement biaisé », avant de déclarer qu’il était « décidé à obtenir en urgence un examen judiciaire » de ses conclusions. Il avait également indiqué que les conclusions du rapport « n’étaient pas conformes à la loi » et que certaines « excédaient l’étendue des pouvoirs » de la médiatrice. Après, selon Jeune Afrique, M. Ramaphosa a affirmé que l’argent versé en 2017 était un paiement à son fils Andile pour un travail de consultant pour l’entreprise de services Bosasa, impliquée dans de nombreux contrats publics suspects. Puis il reconnait enfin qu’il s’agissait d’une donation à sa campagne pour la présidence de son parti, le Congrès national africain (ANC). Un aveu de bonne foi, selon Jeune Afrique, car, il a assuré qu’il ne disposait pas des bonnes informations lorsqu’il avait répondu à la question au parlement. Il a promis de rembourser les fonds de campagne. Mais pour la médiatrice Mkhwebane qui estime : « (…) que la conduite du président Ramaphosa (…) même si elle était de bonne foi, n’est pas à la hauteur de ses fonctions », soulignant que « même si le président Ramaphosa a justifié son erreur en affirmant avoir reçu des informations incomplètes ou erronées, il a bien trompé le Parlement ». Elle ajoute après que le président « aurait dû se donner le temps nécessaire pour pouvoir s’informer et donner une réponse exacte » avant de répondre à la question posée par Mmusi Maimane, chef du principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA). Du côté de l’opposition, les Combattants pour la liberté économique (EFF, gauche radicale) ont demandé à Ramaphosa, selon Jeune Afrique, de suspendre l’exercice de ses fonctions pendant l’examen de l’affaire par la justice. Quant à l’Alliance démocratique, elle a demandé que le chef d’État comparaisse devant une commission parlementaire spéciale. Cela, parallèlement à l’ancien président Jacob Zuma qui a comparu lui, ces derniers jours devant une commission d’enquête chargée de faire la lumière sur les nombreuses affaires qui ont éclaboussé son règne (2009-2018).
ISSA DJIGUIBA
Source : LE PAYS