Rapport rapide de protection Ogossagou et Guiwagou : Les recommandations du Conseil Danois pour les Réfugiés (DRC)
Suite à l’attaque d’Ogossagou-Peul le 23 mars dernier, le Conseil Danois pour les Réfugiés (DRC) a déployé une équipe diversifiée sur le terrain du jeudi 28 mars au samedi 30 mars 2019 afin d’évaluer les besoins prioritaires des populations victimes. Cette équipe était composée de 3 Officiers Psychosociaux, 1 Officier Protection de l’Enfance, 1 Moniteur de Protection, 1 Superviseur de Protection, 1 Responsable de Projet Protection et un Point Focal Sécurité sur les sites d’Ogossagou-Peulh, Guiwagou, Diamnaty, et au sein du CSRéf de Bankass. Grâce aux premiers éléments fournis par la première mission, les attentions se sont portées sur la prise en charge psychosociale d’urgence des survivantes.
Dans le « Rapport d’évaluation rapide de protection Ogossagou et Guiwagou dans le cercle de Bankass : 28-30 mars 2019 » de Danish Refugee Concil (DRC) on peut lire : « Depuis le début de l’année 2019, le cercle de Bankass a enregistré des dizaines de cas d’attaques impliquant différents Groupes Armés Organisés (GAO) actifs dans la zone, et affectant directement les populations civiles ». La création de ces Groupes Armés Organisés est selon ce rapport responsable de la détérioration du rapport entre les populations de ce cercle. « Le bilan de l’attaque du village d’Ogossagou-Peulh par des individus armés est le plus lourd depuis le début du conflit affectant les cercles du Pays Dogon », lit-on dans ledit document qui précise qu’au moins 160 personnes ont péri suite à cette récente attaque de ce village. Parmi ces morts, 154 ont été enterrés dans trois tombes communes, précise la même source qui dit détenir l’information de la gendarmerie et de l’OCHA.
Parmi les blessés, le rapport note 65 dont 28 hommes et 22 enfants. Le même document nous précise que 42 blessés graves parmi ces blessés ont été évacués à l’hôpital Sominé Dolo à Sévaré. Au rang des dégâts enregistrés, on note également 410 maisons incendiées, 80 greniers brûlés et des dizaines d’animaux tués. « Le village de Welingara, voisin d’Ogossagou-Peulh, a également été menacé le même soir. Néanmoins, les populations ont pu fuir vers le village de Guiwagou avant l’arrivée des assaillants. Ces derniers ont assassiné les personnes restées sur place, dont une femme âgée », indique ce rapport de la DRC qui précise que depuis cette attaque, les gens ne cessent d’affluer vers Guiwagou, Diamnaty avant de rejoindre Bankass, Sévaré.
Ce document nous rassure qu’Ogossagou-Dogon qui est séparé d’Ogossagou-Peul par une route n’a pas été touché par les violences du 23 mars 2019. « Les survivants de l’attaque d’Ogossagou-Peulh et les personnes déplacées cumulent un nombre important de vulnérabilités, soulignant l’urgence d’une réponse multisectorielle rapide. La majorité de ces personnes sont en manque d’abris, d’eau potable, de vivres et non-vivres, et ont perdu l’ensemble de leurs biens et bétails dans l’incendie du village », lit-on dans ce même rapport.
Les besoins des populations restées sur place
« Les populations restées sur place nécessitent une assistance psychosociale d’urgence leur permettant de réduire le traumatisme lié à l’attaque, et de préparer la reconstruction du village », lit-on dans ce document. Le niveau de Stress et d’anxiété serait de plus grand dans cette zone, selon la DRC. « Il est urgent de déployer rapidement une assistance multisectorielle permettant d’approvisionner les survivants d’Ogossagou-Peulh des produits de première nécessité », recommande-t-on.
Les besoins en éducation en soins de santé sont largement évoqués parce que les écoles sont fermées dans ces zones à cause de l’insécurité grandissante et des menaces contre les enseignants. « Sur l’ensemble des sites visités, les personnes interrogées ont témoigné ne pas se rendre aux CSCOM de Dimbal et de Bankass, et ce avant même l’attaque du 23 mars 2019, par peur de croiser des groupes armés sur la route. Les personnes prises en charge au CSRéf de Bankass ont partagé leurs inquiétudes d’être ciblées du fait de leur appartenance ethnique », rapporte-t-on dans le rapport. Le besoin en eau potable est également exprimé puisque la bavure du 23 mars a souillé l’unique puits du village d’Ogossagou. Outre cela, « Sur le site d’Ogossagou-Peuls et à Guiwagou, les personnes interrogées ont largement insisté sur leurs attentes en termes de soutien de la part de l’État et de la communauté humanitaire pour entreprendre rapidement la reconstruction de leur village», indique l’ORC dans son document.
Des attaques récurrentes
Les populations d’Ogossagou ainsi que celles de Welingara seraient victimes d’une attaque à répétition depuis des mois d’après les enquêtes. Le rapport précise qu’à la date du 15 janvier 2019, ce même village d’Ogossagou avait essuyé une attaque ayant coûté la vie à 35 personnes, mais que l’attaque du 23 mars a été la plus atroce. « Les personnes interrogées font état de cas de mutilations des corps sans vie du chef de village et du marabout. Les organes génitaux, le cœur et la tête des victimes ont été emportés. Deux cas d’éviscération de femmes enceintes ont également été rapportés », rapporte-t-on.
Quant aux violences basées sur le genre, on n’en a pas compté pas durant cette attaque du 23 mars, mais des témoignages font état de cette forme de violence avant cette atrocité. « Les femmes et les jeunes filles interrogées ont fait état de violences perpétrées à leur égard en amont de l’attaque, par des groupes armés en périphérie des villages. Ces violences incluent des viols et des agressions physiques et sexuelles lors de leur sortie du village pour se rendre aux foires ou dans la brousse », indique le rapport. Les GAO d’autodéfense qui accompagnaient les jeunes filles et femmes dans la brousse à la recherche des bois de chauffe n’existe plus parce que rasés lors de cette attaque. Alors, on craint une recrudescence des violences contre les femmes notamment les viols, les mariages forcés et précoces. Cela, bien vrai que les habitants font état de « l’arrivée d’un GAO qui vise à sécuriser le village contre de potentielles attaques ou menaces. »
Les recommandations
Les recommandations s’adressent entre autres à OCHA et au Cluster Protection, aux partenaires humanitaires intervenant sur les sites et services décentralisés de prise en charge, aux organismes spécialisés en prise en charge PSS/santé mentale et aux services décentralisés de santé. Ces recommandations vont de la mise à jour et de l’adaptation de la cartographie des services de protection dans le cercle de Bankass afin d’assurer le monitoring de protection sur les axes ans le but d’identifier les flux de déplacements, notamment vers Bankass, Sévaré, Bamako et le Burkina Faso, et pouvoir y apporter une assistance adéquate et rapide à la formation des « répondants médicaux et autres staffs humanitaires aux notions de base des premiers secours psychologiques afin de les équiper à répondre à l’urgence », etc. Outre ceux-ci, il est question de la prise en charge de toutes les survivantes vulnérables afin de prévenir le stress post-traumatique.
Fousseni TOGOLA
Source : www.lepays.ml