Situation sécuritaire dans la Région de Bandiagara : La CNDH rappelle aux autorités leur responsabilité de respecter les droits civiques
Dans un communiqué dont nous avons reçu une copie, la Commission Nationale des Droits de l’Homme a exprimé ses « vives » préoccupations au sujet de la situation sécuritaire dans la Région de Bandiagara, « facteur de violations et d’abus des droits de l’Homme ». Plus d’une dizaine de personnes ont été tuées la semaine dernière près de Bandiagara, dans le centre du Mali, au cours de deux attaques attribuées à des « terroristes », a indiqué le gouvernorat de la région dans un communiqué diffusé lundi.
Suite aux attaques terroristes perpétrées la semaine dernière, le président de la Commission Nationale des Droits de l’Homme, M. Aguibou Bouaré a exprimé « ses vives préoccupations » au sujet de la situation sécuritaire dans la Région de Bandiagara, selon lui, facteur de violations et d’abus des droits de l’Homme.
Par ailleurs, la CNDH dit apprendre avec une profonde « affliction » les attaques, ayant fait de nombreuses victimes, à la fois contre les populations civiles et les Forces de Défense et de Sécurité (FDS), perpétrées le 09 août 2023 à Bodio, dans le Cercle de Bandiagara. De plus, la Commission déplore la répression d’une manifestation des populations dans la Région de Bandiagara le mercredi 09 août courant s’étant soldée par au moins 6 blessés et une perte en vie humaine.
En outre, l’Institution nationale des droits de l’Homme dit aussi s’incliner devant la mémoire des disparu(e)s et souhaite prompt rétablissement aux blessé(e)s. Se fondant, souligne la CNDH notamment sur la Constitution du 22 juillet 2023, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, le Pacte international relatif aux droits économiques sociaux et culturels, la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, la CNDH : « condamne avec fermeté ces abus graves des droits de l’Homme ; recommande des actions diligentes de la part des autorités compétentes en vue de rechercher, identifier et traduire en justice les commanditaires, auteurs et complices des abus de droits dénoncés ; se réjouit du Communiqué N°2023 002/GRB-CAB du Gouverneur de la Région, annonçant l’ouverture d’une enquête », indique l’institution nationale des droits de l’Homme du Mali.
Aussi, la CNDH affirme réitérer son appel pressant au Gouvernement à jouer pleinement son rôle régalien de protection des personnes et de leurs biens sur l’ensemble du territoire national avant de rappeler que l’obligation de l’Etat, principal débiteur en matière de droits humains, de veiller à la mise en œuvre des droits fondamentaux des populations en tout temps, en tout lieu, en toute circonstance.
Ainsi, la CNDH a invité le Gouvernement à prendre les mesures nécessaires et légales pour une meilleure protection des populations civiles. Elle ajoute en rappelant aux autorités l’obligation de respecter les droits civiques, notamment le droit de manifester pacifiquement dans le strict respect de la loi, y compris en période de conflits armés avant d’encourager les FDS dans leur mission sacerdotale de protection des populations et de leurs biens, dans le strict respect des droits de l’Homme et du Droit international humanitaire.
La CNDH a aussi saisi l’occasion pour recommander aux autorités d’assurer une meilleure prise en charge des victimes, notamment les déplacées internes. Elle en appelle aux populations à la sérénité et à la retenue pour la cohésion sociale et une paix durable avant d’ajouter que « pour la CNDH, la protection des droits de l’Homme est une responsabilité partagée ».
Ibrahim Djitteye
Source : LE PAYS