Soudan : le président Omar El-Béchir destitué

Après plusieurs jours de rassemblement devant le QG de l’armée qui abrite également la résidence officielle du président de la république et aussi  du ministère de la Défense, les hauts gradés de l’armée soudanaise se sont donc  réunis ce jeudi  sans le président Béchir. L’armée a fait une  déclaration à  la télévision nationale mettant fin au règne de Oumar El-Béchir.

Déclenchée au mois de décembre dernier suite à l’augmentation des prix de la nourriture, des pénuries de carburant et de devise étrangère, cette manifestation finalement dressée contre le régime en place a pris  une tournure décisive ces cinq derniers jours.   Le rassemblement s’est grossi davantage à chaque nouvelle journée de mobilisation à Khartoum.  Devant le QG de l’armée qui sert aussi de résidence  au chef de l’État, les manifestants ont demandé le départ immédiat du président Omar el-Béchir du pouvoir. Des mobilisations  qui se soldaient  chaque fois  à des affrontements entre  manifestants et forces de l’ordre. Des affrontements qui auraient fait 70 morts selon les informations rapportées au haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’homme HCDH. C’est pourquoi, Michelle Bachelet,  Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme  a appelé depuis le mardi  au dialogue. Elle a également  souligné   que les autorités  militaires soudanaises ont la « responsabilité primordiale » de protéger les manifestants. Sa porte-parole Ravina Shamdasani a réitéré la « grave préoccupation de Mme Bachelet face au recours excessif à la force ». Car, estime le HCDH , l’utilisation de gaz lacrymogène et de balles réelles par les forces de sécurité lors de ces  manifestations qui ont débuté en décembre dernier suscite de vives préoccupations :« Nous appelons une nouvelle fois le gouvernement et les forces de sécurité à veiller à ce que le droit de réunion pacifique soit pleinement respecté, ainsi que le droit à la liberté d’expression, et qu’un véritable dialogue soit engagé pour résoudre cette situation très complexe avec des griefs économiques et sociaux du public bien réels».  À noter que cet  appel de la Haute-Commissaire fait suite à celui du Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, qui a dit suivre « de près » les manifestations au Soudan. Un appel qui semble avoir fait d’effet, car, le jeudi 11 avril, le QG de l’armée  qui abrite le domicile du président  a été  encerclé par des véhicules blindés. Ensuite, un raid militaire a ciblé des locaux abritant des proches du gouvernement. Selon la France 24, des hauts cadres de l’armée se sont réunis le même jour sans le président Omar el-Béchir. La télévision nationale ayant interrompu ses programmes au profit des chants patriotiques et militaires affichait  « importante annonce des forces armées sous peu ».  Cette annonce a été finalement faite hier dans la matinée selon le Mikado.

ISSA DJIGUIBA

Source : www.lepays.ml