La compagnie maritime française CMA-CGM a annoncé la suspension temporaire de son service routier vers le Mali en raison de conditions opérationnelles défavorables, notamment liées à l’insécurité et à la pénurie de carburant. Si cette décision impacte le transport des marchandises, le Mali dispose de solutions alternatives solides pour maintenir son approvisionnement.
La récente annonce de CMA-CGM concernant la suspension de son service routier vers le Mali a suscité des inquiétudes sur l’approvisionnement des marchandises essentielles. Selon le communiqué officiel de la compagnie, cette mesure est temporaire et concerne le transport terrestre entre les ports régionaux et Bamako. Les réservations pour le Mali ne sont donc temporairement plus acceptées, et la compagnie indique que les propriétaires de marchandises devront organiser leur transport terrestre par d’autres moyens. Les informations disponibles suggèrent que le service maritime ne fait pas l’objet de suspension formelle, mais cette partie n’est pas précisée dans le communiqué officiel.
Cette décision est motivée par ce que CMA-CGM qualifie de conditions opérationnelles défavorables, liées notamment à la sécurité sur les corridors terrestres et à la pénurie de carburant, qui compliquent le transport routier et accroissent les risques pour les chauffeurs et les cargaisons. Les routes entre les ports de Dakar, Abidjan, Tema ou Conakry et Bamako traversent des zones parfois instables, où les risques sont élevés et la fluidité des opérations limitée.
Malgré ce coup d’arrêt partiel, le Mali dispose de solutions alternatives solides. Plusieurs opérateurs logistiques sont capables de prendre le relais, notamment Africa Global Logistics (AGL, ex-Bolloré), considéré par les spécialistes comme le leader du marché malien, offrant des services intégrés de manutention portuaire, transport terrestre, rail et stockage. D’autres acteurs comme Maersk Logistics, DSV, ainsi que les transporteurs maliens et régionaux, peuvent également absorber une partie du fret terrestre, assurant ainsi la continuité de l’approvisionnement.
Les corridors alternatifs demeurent fonctionnels même si certains sont faibles : le transport de marchandises peut s’effectuer via Dakar, Abidjan, Tema, ou Conakry, offrant au pays une certaine flexibilité face aux perturbations. Cette diversification des voies d’approvisionnement est un grand atout pour le pays littoral.
Parallèlement, les autorités de transition multiplient les efforts pour sécuriser les corridors et faciliter le transport. Les forces armées maliennes ont intensifié leurs actions contre les groupes armés sur les axes commerciaux, renforçant la sécurité des chauffeurs et des cargaisons. Ces efforts ont été même salués par certaines grandes puissances. En effet, dans un communiqué publié par leur ambassade, les États-Unis ont félicité les Forces armées maliennes pour leur lutte contre les militants extrémistes, reconnaissant ainsi les progrès réalisés dans la sécurité régionale.
Cette suspension temporaire du service routier de CMA-CGM constitue un coup dur pour la logistique et certains secteurs économiques, mais elle ne signe pas la fin de l’approvisionnement malien. Au contraire, elle met en lumière la capacité d’adaptation des opérateurs locaux et régionaux, ainsi que la résilience du peuple malien, capable de gérer les crises et de trouver des solutions face aux difficultés. Comme souvent dans les périodes complexes, c’est lors de ces épreuves que se révèlent les véritables partenaires et amis du pays.
En résumé, le Mali dispose de plusieurs leviers pour maintenir ses flux de marchandises : des opérateurs solides, des corridors diversifiés, et des forces armées engagées pour sécuriser le transport. La suspension partielle de CMA-CGM n’est donc qu’un ajustement temporaire dans un environnement logistique qui reste dynamique et adaptable. Les entreprises et les consommateurs peuvent raisonnablement espérer une continuité des approvisionnements, tout en suivant l’évolution de la sécurité et des corridors terrestres.
Issa Djiguiba
