Tueries de 18 personnes à Tiguila et à Yoroboulo dans la commune de Mondoro : l’A.J.D.M fustige « le silence désastreux » des autorités maliennes
L’Association des Jeunes pour le Développement de la Commune Rurale de Mondoro (A.J.D.M) a tenu une conférence de presse le samedi 11 mai 2019 à la maison de la presse. Objectif : informer l’opinion nationale et internationale sur la situation sécuritaire inquiétante avec ses lots d’attaques, et la crise humanitaire dans sa commune. Ladite conférence était animée par le secrétaire général de ladite association, Oumar Ongoiba.
Près d’une vingtaine de personnes ont perdu la vie dans la commune de Mondoro seulement en deux jours dans des attaques. En plus de la perte des leurs, ce qui a touché les populations de cette commune, c’est le silence de l’État par rapport à la tuerie de ces personnes par les forces du mal. «Le mutisme du gouvernement sur les 18 membres de la communauté dogon, tués sauvagement le 1er et le 2 Mai 2019 successivement à Tiguila et à Yoroboulo, nous laisse croire que l’État privilégie une communauté au profit d’une autre », a déclaré le secrétaire général de l’association, Oumar Ongoiba. Pour lui, c’est inadmissible que l’assassinat de 18 personnes passe sous silence au niveau national et international.
À l’en croire, ces villageois ont été assassinés pour avoir secouru des militaires tombés dans une explosion de mine. « Aujourd’hui les femmes et les enfants des victimes sont traumatisés et n’ont toujours pas accès à la dépouille de leurs époux ou pères », déplorent les conférenciers d’un ton inhabituel. À ses dires, tous les dix-huit (18) corps sont minés et abandonnés dans les forêts à la merci des fauves. Sans langue de bois, Oumar Ongoiba fustige le silence de l’Etat malien. « L’Association des Jeunes pour le Développement de la Commune Rurale de Mondoro (A.J.D.M) qualifie cet acte d’un « désastre silencieux », de marginalisation et d’infâme à la mémoire des citoyens tués et à l’ensemble de toute la communauté dogon », a-t-il laissé entendre avant de préciser que de 2015 à nos jours, l’insécurité a fait 180 victimes dans sa commune, dont des femmes et des enfants.
18 villages sur 23 de la commune de Mondoro menacés de famine
En plus de la crise sécuritaire, la commune de Mondoro connait une grave crise humanitaire selon le conférencier. Il regrette que la sécurité alimentaire des populations soit détériorée en raison des troubles successifs des travaux agricoles durant les trois (03) dernières années. Ce n’est pas tout, Oumar Ongoiba affirme que Mondoro est victime d’un « embargo commercial » depuis trois ans. Plusieurs familles sont, selon lui, menacées de famine de cette année. « Du coup, plus de dix-huit (18) villages sur vingt-trois (23) sont en risque de famine et de maladies liées à l’insuffisance alimentaire dans cette localité », alerte-t-il.
Sur le plan sanitaire, le conférencier déplore 224 cas de malades, dont 161 à Douna, 20 en Yangassadiou et 43 à Tiguila. Des centaines de personnes ont aussi été contraintes d’abandonner leurs villages pour se réfugier ailleurs. Ils sont au minimum 1.575 dans cette situation selon le conférencier. « Sur le plan administratif, tous les écoles et centre de santé communautaire (CSCOM) sont fermés depuis plus de quatre ans », a déclaré Oumar Ongoiba avec désespoir.
Les recommandations A.J.D.M
Pour la sortie de crise dans la commune de Mondoro et sauver la vie des personnes menacées de famine, Oumar Ongoiba et ses camarades lancent un appel d’aides humanitaires auprès du gouvernement et des organismes internationaux. Aussi, appelle-t-elle les autorités à trouver des mesures idoines pour sécuriser les personnes et leurs biens. L’AJDM invite, enfin, le gouvernement et les organisations internationales des droits de l’homme à ouvrir une enquête diligente, sur les tueries des 18 personnes de Tiguila dont les dépouilles restent toujours dans la brousse.
Boureima Guindo
Source : LE PAYS