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VIE DE LA NATION : Le Mali à un tourment, mais pas dans une fatalité

Le pays des descendants de Soundiata, de Firhoun, d’Ahmadou, l’Almami d’Hamdallaye se trouve dans une situation bien affreuse. L’atmosphère en cette période hivernale y est lourde, morose et inquiétante. Le peuple de Modibo Keïta n’a jamais été aussi divisé et autant désemparé.

La gouvernance n’est plus effective sur près de quatre-vingt pourcent du territoire national. Et les groupes armés font la loi sur ces territoires non administrés. Des groupes qui pullulent dans les campagnes, et qui n’ont, le plus souvent, aucune résistance sérieuse en face. De véritables bandes armées qui existent sous des formes diverses. Beaucoup sont constituées sur une base religieuse, et celles-ci sont pour la plupart autonomes. Certaines ont aussi été suscitées par des stratagèmes des autorités, souvent sur base ethnique, pour combler des insuffisances d’une armée désorganisée et déhiérarchisée. Ces dernières sont d’ailleurs à leur tour en phase de prendre leur indépendance vis-à-vis des gouvernants initiateurs. Le malheur est qu’elles ont actuellement toutes prises gout à la méthode d’enrichissement fondé sur la terreur. Des villages sont terrorisés, des villageois massacrés pour s’emparer des bétails, des responsables sont enlevés, chaque groupe y va d’une spécialité à l’autre. Des populations traumatisées, laissées à elles-mêmes, un véritable far West. Les communautés abandonnent leur terroir pour se sauver et viennent occupées les banlieues des villes urbaines. Un tel contexte sécuritaire ne peut aucunement permettre le développement d’une nation. Surtout lorsque le sort s’y mêle en y apportant une pandémie effroyable, dont les mesures de protection agissent d’une manière implacable et néfaste sur les activités économiques. Et la boucle est bouclée lorsque l’incompétence, la corruption et le népotisme sont érigés comme mode de gestion de l’Etat.

C’est face à ce tableau de désolation que le peuple malien s’est levé, tel un seul homme, contre la gestion du régime d’un président qui avait eu aveuglement sa confiance. Le chef de l’Etat contesté aujourd’hui, l’est, bien sûr par ses opposants historiques, mais il l’est surtout par tous ceux, dans les mosquées, dans les hameaux reculés et dans les salons feutrés qui avaient décidé de le plébisciter en 2013. Le peuple, toutes couches confondues, avait espéré, cru, et même fermé les yeux sur les frasques des fils du président de la République, et de leurs sbires, ainsi que sur ses propres errements, parce que pensant qu’il fallait lui accorder le temps nécessaire pour sortir ce pays fragilisé de ce pas bien difficile. Mais IBK s’est dressé tel un conquérant. Il s’est positionné au-dessus de la racaille, en gouvernant avec mépris, arrogance et suffisance ce peuple du Mali. Il a oublié que ce peuple est foncièrement fier, malgré sa grande humilité et sa patience ancrée.

Alors aujourd’hui les fils du pays se sont mis debout, et demandent qu’il débarrasse le plancher avec toute sa cohorte vorace et insatiable. Cette exigence de la nation rassemblée ne peut plus être contrariée par personne, ni par rien d’autre. Ni les menaces, ni les supputations, ni les faveurs proposées, ni les actes de barbaries déjà perpétrés ne dévieront les maliens de leur but, parce qu’ils ont enfin compris que leur pays joue sans équivoque son existence. Et qu’ils sont les seules barrières véritables contre une « somalisation » de la nation.

L’avantage unique du régime inique d’IBK sera de faire prendre conscience au peuple du Mali, que l’union de tous les fils est la seule solution pour que la nation retrouve sa fierté et son respect d’antan, aussi il va permettre de repenser un Mali nouveau, pensé et réfléchi par les Maliens et pour les Maliens. Ce pays ne pourra plus être gouverné par la volonté unique, et sous les ordres d’un monarque choisi par lui. Ce pays ne peut plus être dirigé sous l’emprise que c’est une entité historique homogène, il intégrera que tous ses fils ne sont pas issus de l’honorable Mandé de Soundiata et de Kankou Moussa. Ce pays ne pourra plus être dirigé sans prendre en compte et sans impliquer institutionnellement les couches religieuses et coutumières.

Le Mali, pour retrouver toute sa quiétude, afin de recouvrer son respect et la plénitude de sa grandeur va devoir déployer un leadership formidable, ses acteurs sociaux politiques doivent se faire des concessions véritables, une conscience patriotique, doit s’élever, et surtout une volonté farouche de rester un pays uni doit être sur les cœurs et dans les esprits. Et le Mali pour acter cela devrait choisir une démocratie « consociationaliste » qui permettra à toutes les communautés, ethniques, religieuses, à toutes les considérations mémorielles, et à tous aspects géopolitiques d’être des atouts au lieu d’être des freins.

Les Maliens sont devant l’histoire, leur histoire, et ils seront seuls à l’écrire, pour que le monde les respecte et pour que leurs enfants soient aussi de fiers fils. Et cette histoire pourrait s’écrire avec un dépassement à travers l’esprit, mais s’il le faut, elle s’écrira aussi par leur sang.

Moussa Sey Diallo

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