134 familles menacées de démolition à Kalabancoro Hèrèmakono : Mohamed Bathilly sur les lieux ; une catastrophe à éviter !
Nous sommes mercredi 30 novembre 2019. Une foule inhabituelle défile chez le chef de village de Kalabancoro. Les curieux se posent des questions, mais vont vite comprendre que quelque chose ne tourne pas rond. Et effectivement, ils ont raison. Kalabancoro s’apprête à recevoir l’ancien ministre du domaine de l’Etat et des affaires foncières et ancien ministre de la Justice, garde des sceaux, Maitre Mohamed Bathily. Le président des Associations pour le Mali est très populaire surtout auprès des personnes généralement déçues par la gestion des affaires de l’État ou encore des personnes lésées dans la société. Pour eux, Me. Bathily est un sauveur et ils le perçoivent comme tel.
Parlant de sauveur, c’est l’avenir de 134 familles à Kalabancoro Hèrèmakono (Niamakorocourani) qui se discutait dans le vestibule du chef de village de Kalabancoro. En effet, la population de Niamakorocourani, depuis un certain temps n’a plus de sommeil. Les familles sont menacées d’expulsion suivie de démolition et la date butoir donnée par le cabinet de Me. Gaoussou Fofana, Avocat à la Cour, est le 28 novembre 2019.
En effet, le 21 octobre 2019, les familles de Niamakorocourani recevaient une express sommation venant de Madame Fatoumata Tall, inspecteur de douane et de son conseil Me. Gaoussou Fofana, Avocat à la Cour. Ils ont décidé et jugé bon qu’au plus tard le 28 novembre 2019, les populations dudit quartier devraient libérer les lieux qu’elles occupent depuis 20 ans et, de démolir à leurs propres frais les réalisations faites. Comme outil de pressions, ils brandirent une grosse du jugement N°221 en date du 7 août 2006 rendu par le tribunal de 1re Instance de Kati ordonnant « l’expulsion des occupants de la parcelle querellée, tant de leur personne, de leurs biens, que de tout occupant de leur chef ; ordonne la démolition des constructions y effectuées ; les condamne aux dépens… ». Madame Tall soutient qu’elle est détentrice d’un titre foncier relatif à la parcelle sur laquelle les familles sont installées. Pourtant, c’est le préfet de Kati en personne qui a attribué les parcelles aux habitants qui détiennent tous, leurs lettres d’attribution en bonne et due forme suite au déguerpissement du quartier de Niamakoro depuis l’année 1997. C’est donc un lieu de recasement que l’État, lui-même, a donné aux occupants actuels nous confie le porte-parole du collectif Mahamar Yacouba Haidara. Le collectif qui n’a jamais connu la nommée Fatoumata Tall et n’a jamais été en procès avec elle, n’entend pas désarmer. Il pense plutôt qu’elle doit régler ses comptes avec le préfet de Kati.
Après avoir écouté les inquiétudes de cette population qui ne sait à quel saint se vouer, le ministre Bathily a promis prendre connaissance du dossier et faire tout ce qui est de son possible pour soulager la population. « Un site longtemps occupé depuis les années 1997 jusqu’en 2000 sur lequel, en 2003 on a délivré un titre foncier à une dame en dehors de toutes enquêtes foncières malgré l’occupation des lieux, cette dame ayant fait un procès contre le préfet de Kati à l’insu des citoyens de cette zone-là est venue leur notifier la grosse de ce procès leur demandant de quitter les lieux dans les 8 jours. Il s’agit de parcelles déjà occupées, des maisons déjà bâties et nous sommes devant la mosquée qui est déjà achevée. Donc s’il y’avait eu une enquête foncière en 2003, on ne se serait pas amusé à donner un titre foncier à cette dame », a expliqué le ministre Bathily. Il a ensuite rassuré que si convocation il y a, ce n’est pas aux populations, mais plutôt au préfet contre qui elle a gagné le procès. Une visite du site a mis fin à la rencontre.
L’état doit s’assumer dans ce dossier pour éviter que ces pauvres citoyens soient d’éternels nomades. Pour l’heure nous n’avons pu rencontrer Madame Tall ni son conseil pour avoir leur version des faits. Cependant plusieurs sources proches du cabinet disent avoir reçu l’ordre de ne rendre compte à personne. Ils sont là que pour appliquer la loi nous confient-ils de façon évasive. Nous y reviendrons.
La rédaction
Source : LE PAYS