Pendant trois jours, la capitale malienne a été le centre névralgique des échanges sur l’avenir de l’action humanitaire au Sahel. Du 7 au 9 août 2025, Bamako a accueilli la première édition du Forum humanitaire des ministres en charge de l’action humanitaire des pays membres de la Confédération des États du Sahel (AES). Placée sous le haut parrainage du Président de la Transition, le Général d’Armée Assimi GOÏTA, cette rencontre avait pour thème : « Politiques humanitaires et mécanismes de financement dans l’espace AES : Enjeux, Défis et Perspectives ».
Organisé au Centre International de Conférences de Bamako (CICB), l’événement a rassemblé les ministres du Mali, du Burkina Faso et du Niger, ainsi que des délégations venues de pays amis comme la Mauritanie, le Tchad et le Togo. L’objectif était clair : renforcer la coopération sous régionale et mettre en place des mécanismes de financement innovants et durables pour mieux répondre aux multiples crises qui frappent la région.
La cérémonie d’ouverture a été présidée par le ministre de la Justice, Mahamadou Kassogué, représentant le Premier ministre en déplacement. Dans son allocution, il a souligné l’importance de cette initiative dans un contexte où les pays sahéliens font face à des défis humanitaires sans précédent, causés par les conflits armés, l’insécurité alimentaire, le changement climatique et les déplacements massifs de population. « Notre devoir collectif est de bâtir une réponse humanitaire coordonnée, financée, et adaptée aux réalités de nos pays », a-t-il affirmé, appelant à une mobilisation accrue des ressources auprès des partenaires techniques, bilatéraux, multilatéraux et privés.
À l’origine de ce forum, le médecin Colonel Assa Badiallo TOURE, ministre malienne de la Santé et du Développement social, a chaleureusement accueilli ses homologues et les délégations participantes. Elle a salué cette plateforme de concertation comme un pas décisif vers une solidarité régionale renforcée, capable de traduire la volonté politique en actions concrètes en faveur des populations les plus vulnérables.
Le constat dressé par le ministre Kassogué a mis en lumière une réalité alarmante. Au cours de la dernière décennie, les pays de l’espace AES ont été confrontés à une combinaison de crises qui fragilisent les communautés et compromettent l’accès aux services sociaux de base. En 2024, au Mali, seule la moitié des personnes en situation de détresse ont pu bénéficier d’une assistance humanitaire, faute de financements suffisants. Une situation similaire prévaut au Burkina Faso et au Niger. Le ministre a ainsi lancé un appel pressant à une mobilisation collective et durable des ressources, en soulignant la nécessité d’adapter les mécanismes de financement aux réalités locales et aux besoins réels des populations.
Parmi les interventions marquantes, celle de la ministre mauritanienne Savia Mint Tahah a mis en avant l’expérience de son pays dans l’accueil des réfugiés, insistant sur la nécessité de cadres stratégiques régionaux solides. De son côté, Ghassum Diagne, représentant les partenaires humanitaires, a rappelé que la protection des populations civiles, notamment des femmes et des enfants, devait rester au cœur de toutes les actions.
Au terme des travaux, les participants ont exprimé leur volonté commune de renforcer la coopération régionale et de faire de ce forum une étape clé dans la coordination des réponses humanitaires. Bamako aura ainsi été le théâtre d’un engagement clair : faire de la solidarité et de la résilience des piliers incontournables pour bâtir un avenir plus sûr et plus humain au Sahel.
Ibrahim Kalifa Djitteye
