Citoyenneté environnementale ou opportunisme citoyen ?
Au Mali, nous avons l’impression que la conscience pour l’environnement ne naît que pour saisir des opportunités juteuses. Un comportement que nous jugeons néfaste à la lutte mondiale visant l’atteinte des objectifs de 1,5°C.
De l’indifférence ou de la méconnaissance ? La lutte pour l’environnement est en phase de devenir un opportunisme au Mali de la part des citoyens. La Quinzaine de l’environnement ainsi que la campagne nationale de reboisement offrent un cadre idéal d’engagements multiformes pour la cause de l’environnement. Un phénomène qui s’est beaucoup accentué depuis la venue de Housséini Amion Guindo au département en charge de la question. Un homme qui s’est montré depuis ses premiers jours engagés pour cette cause. S’agit-il d’une coïncidence ou d’une question d’hommes ? Nous ne pouvons rien confirmer à ce propos. Tout ce qu’on peut souhaiter, c’est la multiplication des journées en faveur de l’environnement afin de voir naitre plusieurs initiatives en faveur de la protection de l’environnement.
Au Mali, il est presque établi que nous ne nous intéressons valablement aux problèmes climatiques que lorsque des opportunités se présentent notamment au seuil ou durant la quinzaine de l’environnement et de la campagne du reboisement. Depuis quelques semaines avant l’ouverture de la quinzaine de l’environnement le lundi 10 juin 2019 au Palais de la culture pour la sensibilisation sur la protection de l’environnement, des initiatives de la part de la société civile ainsi que des autorités politiques se sont multipliées en faveur de ladite cause ainsi que de la biodiversité. Nous pensons ainsi à l’arrêté interministériel interdisant l’usage des dragues dans le lit du fleuve Niger. À côté de cela, nous pensons également à l’implantation du projet « Bamako sans déchets plastiques » en commune VI de Bamako dont le lancement a eu lieu le samedi 8 juin 2019 dans les locaux de la mairie de ladite commune.
En plus de tous ceux-ci, des initiatives de jeunes consistant notamment à inciter à la plantation des arbres dans nos différentes communes se sont également multipliées. Sur la même lancée, la « Brigade verte », un vecteur du civisme environnemental se voulant accompagnateur du gouvernement dans sa tâche de protection de l’environnement, a vu le jour et a bénéficié de l’appui du ministère en charge qui a promis de la décentraliser dans les autres régions.
En Outre, l’initiative lancée, depuis 2018 et visant à protéger le fleuve Niger, dénommée « Sauvons le fleuve Niger » et qui était d’ailleurs considérée comme morte, a refait surface à la veille de cette quinzaine de l’environnement.
S’agissant de la campagne nationale de reboisement célébrée chaque année, au début de l’hivernage, chacun devient un « citoyen des arbres ». Pour le buzz sur les réseaux sociaux, chacun se montre en image en train de planter des arbres et se montre ainsi dévoué pour la cause de la faune et de la flore.
De la citoyenneté environnementale ou de l’opportunisme citoyen ? La différence est encore difficile à établir. Ce qui est certain, le dévouement actuel de plusieurs jeunes, le fleurissement des associations dans nos communes en faveur de l’environnement ou du climat ont une apparence d’opportunisme. Nous avons été témoins de la naissance « des Gilets verts » le samedi 17 août 2019 au Palais de la culture de Bamako. Un autre mouvement qui vient s’ajouter à ceux déjà existants pour la même cause : l’environnement.
L’opportunisme ne résoudra pas le problème
Partant de ces quelques constats, nous nous disons que la plupart d’entre nous pensent que la protection de l’environnement est une opportunité à saisir pour se remplir les poches et se coucher à l’ombre des murs de clôture ou sous des arbres pour polluer et voire dégrader notre environnement. Or, pour mieux réussir dans cette lutte pour la survie de la nature voire de l’espace humain, il convient de pérenniser ces initiatives dans le temps. Elles doivent faire partie de notre quotidien. Greta Thunberg, militante suédoise pour la lutte contre le réchauffement climatique, n’a pas attendu d’occasion pareille pour inciter les gouvernements à plus d’actions en faveur du climat et a initié par la suite « la grève de l’école pour le climat » qui a été suivie partout dans le monde.
Notre engagement pour la cause de l’environnement doit transcender le cadre unique des semaines qui lui sont dédiées. La preuve ? C’est que nous ne polluons pas une seule ou deux fois dans l’année, mais tous les jours. Alors, nous devons protéger l’environnement tous les jours afin d’espérer sur une réduction drastique des conséquences du réchauffement climatique auxquelles notre planète est exposée de par nos activités incontrôlées. L’opportunisme ne peut que conduire au chaos en ce qui concerne cette lutte.
Fousseni TOGOLA
Source : LE PAYS