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Comment faut-il dialoguer avec les terroristes ?

Face à l’ampleur que prend la crise sécuritaire en Afrique, précisément dans le Sahel, les débats se multiplient sur la nécessité ou non de dialoguer avec les terroristes. Dialoguer n’est pas un problème en soi. Mais comment doit-il se tenir ?

Le Sahel est devenu aujourd’hui le terreau de l’insécurité ambiante pour tout le continent, ainsi que le reste du monde […]. Tous ceux-ci dénotent du fait que la tolérance est rarement intégrée comme vertu. L’intolérance a pris le dessus dans maints pays. Certes, je ne demande pas une validation de l’intolérable, mais l’attitude rationaliste tel que nous l’a appris Popper [philosophe anglais du 20e siècle NDLR] nécessite le compromis et l’humilité. Ces attitudes peuvent nous éviter de tomber dans des violences continuelles.

La paix, un idéal

Aujourd’hui, la paix est devenue le maitre mot dans notre univers de vie. Ce qui démontre que cette paix reste notre objectif primordial. Or, paradoxalement, les comportements que nous usons sont tout à fait à l’antipode de cet idéal. Nos gouvernements incitent plutôt à la violence à travers des comportements qu’ils posent, comme la violation des libertés individuelles et collectives, le non-respect de la liberté de culte, etc. Bref, le manque de tolérance qui est présent non seulement entre les partis politiques, entre la sphère politique et les citoyens, entre les religieux, entre les ethnies, etc.

L’un des principes clés de tout régime démocratique est la liberté, tant individuelle que collective. En démocratie, chacun est libre d’exprimer ses opinions, de défendre ses idéaux tant politiques que religieux, de former des associations et de faire des revendications et s’il le faut, des marches pacifiques, etc., tous ceux-ci dans les limites inscrites par les lois. Mais hélas, nous assistons plutôt à des scènes tyranniques. Ces libertés sont constamment violées dans les démocraties africaines. […]

Le terrorisme

Outre ces aspects, nous pouvons également ajouter le problème du terrorisme. Les terroristes sont venus dans la plupart des pays africains avec le slogan de vouloir instaurer des Républiques islamiques, par l’instauration de la charia. Cela constitue déjà en soi une violation de la liberté de culte des individus. Tous les hommes ont la latitude d’embrasser la religion de leur choix ; cela ne doit pas être une obligation d’aucune sorte surtout quand nous savons qu’en Afrique il y’a des musulmans, des chrétiens, mais aussi d’autres croyances traditionnelles. Alors la liberté de culte nous recommande de respecter chacun avec sa religion, de lui laisser la possibilité de défendre sa religion publiquement sans contrainte. Mais l’intolérance a mis ses pieds dans tous les plats. Aujourd’hui, dans le Liptako-Gourma, la paix est cette manne que nous ne cessons de rechercher. Le drame, c’est l’installation d’un type de conflit avec tous les risques de partition possible, à savoir […] les conflits intercommunautaires et intracommunautaires.

Objectif

En ce qui concerne les terroristes, nous pouvons encore comprendre leur cas. Ce qu’ils visent c’est la déstabilisation de nos pays afin d’avoir plusieurs citoyens de leur côté. C’est des partisans de la société close. Ils veulent se faire voir partout dans le monde pour qu’on parle d’eux à longueur de journée dans les médias. Ils sont comme ces intellectuels qui ne travaillent que pour se faire voir au lieu de soutenir le rationalisme. […] Mais si ces terroristes réussissent à étendre leurs tentacules, c’est parce qu’il existe une faille quelque part : c’est surtout du côté de la gouvernance. Il faudrait forcément développer une gouvernance beaucoup plus participative, en impliquant davantage les citoyens dans la gestion de la sphère publique, en privilégiant le dialogue à l’option militaire qui n’est que le dernier recours.

Privilégier le dialogue

Dans ces circonstances, la seule sortie qui se trouve à notre portée, si nous voulons donner à l’Afrique un développement durable débarrassé de tous ces groupes instrumentalistes, reste la cohésion sociale. Car comme on le dit généralement : C’est l’union qui fait la force. […]

Cependant, nos États, dans leurs actions communes, doivent privilégier le dialogue dans la résolution de toutes ces crises qui sévissent sur le continent. En tout cas, tant que les adversaires sont disposés à discuter dans des canevas bien précis, qui ne compromettent en aucune manière nos démocraties. Cela est une condition sine qua non au développement. Sans paix, pas de développement. Il existe un rapport étroit entre ces notions.

Lorsqu’un pays compte sur tous ses habitants pour l’instauration de la paix, alors, cela démontre qu’il y a une union parfaite entre ses citoyens. Cette solidarité fera que chacun luttera pour la sécurité de tous et aussi pour un développement durable. […]

Ceci est un extrait de La Société close et ses militants. Le texte a été publié initialement sur phileingora.org.  

Fousseni TOGOLA

Source : LE PAYS

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