Edito : Frappe chirurgicale du Mali à l’ONU
Qui l’aurait cru ? Enclenchée par le duo Assimi-Choguel, la déconstruction coloniale complète et définitive continue lentement mais sûrement. Dans une note adressée aux autorités françaises le 1er mars 2023, le Gouvernement de la République du Mali a récusé officiellement le statut de « porte-plume » de la France sur toutes les questions examinées par le Conseil de sécurité concernant le Mali. Cette action fait suite, selon les autorités maliennes, aux actes hostiles, notamment la violation de l’espace aérien du Mali par des aéronefs des forces françaises, que le gouvernement avait déjà dénoncé à travers un communiqué, le 12 janvier dernier. Ces alertes publiques ont été suivies, le 15 août 2022, d’une lettre par laquelle le Gouvernement de la République du Mali portait plainte auprès du Conseil de sécurité pour actes d’agression, de violation de son espace aérien, de subversion et de déstabilisation.
C’est au regard de la gravité de ces faits, interrogeant l’objectivité et l’impartialité de la France, que Bamako récuse le statut de porte-plume de la France sur toute affaire concernant le Mali au Conseil de l’ONU. Une frappe chirurgicale du Mali au sein de l’organisation onusienne. C’est ça qu’on appelle “libération forcée !” Et les autres pays africains sous le joug de la France-Afrique suivront ce bon exemple d’émancipation d’un peuple fier. Car la France a toujours porté, depuis le 20 décembre 2012, la plume sur toutes les questions concernant le Mali devant le Conseil de sécurité, y compris pour ce qui concerne l’initiative et le portage des projets de résolution relatifs au mandat de la Minusma ou au régime de sanctions concernant le Mali.
Il faut préciser que depuis les indépendances, la France s’est toujours mise dans les attributs de parrain des pays africains francophones à l’ONU. Une posture qui lui permettait de faire du chantage sur les gouvernements africains concernant les questions africaines devant le Conseil de sécurité, puisque c’est elle qui rédige la plupart de leurs drafts. Aujourd’hui, le Mali vient de mettre fin à cette imposture. Il n’est pas normal que ce soit la France qui soit le porte-plume d’un pays souverain. On se souvient de la fausse résolution de l’ONU rédigée par Nicolas Sarkozy dans sa chambre, qui a donné mandat à l’armée française pour bombarder la résidence du président Laurent Gbagbo. C’est de l’esclavage déguisé et les autorités maliennes l’ont vite compris. Grand merci au duo Assimi-Choguel pour cette décision salutaire, qui rend au Mali sa dignité et sa grande fierté. Rappelons que pour l’Afrique, la France joue ce rôle de « porte-plume » depuis 1945. En un mot, la France est tutrice de l’Afrique depuis 1945 à l’ONU. C’est à cela qu’Assimi vient de mettre fin. Ainsi, la France n’a plus le droit de parler sur quoi que ce soit du Mali à l’ONU. L’indépendance s’arrache, quelqu’un ne peut tracer le destin à quelqu’un d’autre. Et le Mali a montré la voie aux autres pays africains dont certains ont commencé d’ailleurs à emboiter le pas.
A. Touré