Funérailles d’Aboubacar Cissé : le Mali dit non au terrorisme et à l’islamophobie
Le Mali a rendu un dernier hommage à Aboubacar Cissé, jeune Malien de 22 ans, lâchement assassiné à la fin du mois dernier dans une mosquée en France. La violence du crime — 57 coups de couteau, selon certains médias français — traduit toute la haine dirigée contre la victime. En lui rendant un dernier hommage dans la grande mosquée de Garantibougou à Bamako, le jeudi 8 mai 2025, les fidèles musulmans, venus nombreux pour les funérailles, ont dénoncé le « terrorisme » ainsi que les discours de haine et islamophobes, récurrents chez certains responsables politiques en France.
La cérémonie de funérailles d’Aboubacar Cissé a rassemblé des centaines de personnes à la grande mosquée de Garantibougou, en commune V du district de Bamako. Un moment de recueillement chargé d’émotion, mais aussi de révolte face à un acte que beaucoup considèrent comme terroriste.
Pour rappel, Aboubacar Cissé, jeune Malien de 22 ans, vivant en France depuis huit ans, a été poignardé par Olivier H. à 57 reprises pendant qu’il priait dans la mosquée Khadidja, à La Grand-Combe, dans le sud de la France.
La scène atroce, filmée à la fois par les caméras de surveillance de la mosquée et par l’agresseur lui-même, a indigné la communauté malienne, la communauté musulmane du Mali, de France et du monde entier. C’est pourquoi des manifestations de colère et de solidarité ont été organisées en France et au Mali pour dénoncer un crime islamophobe, raciste, voire terroriste.
Rapatriée au Mali dans la nuit du 7 au 8 mai, une grande prière nationale a été organisée, lors de laquelle le ministre des Maliens établis à l’extérieur, Mossa Ag Attaher, et celui des Affaires religieuses, Dr Mahamadou Koné, ont exprimé la solidarité du gouvernement malien, saluant la mémoire d’un jeune homme pieux et sans histoire. « Ce crime nous rappelle que les musulmans aussi sont visés par la terreur, et que le racisme tue encore, même dans les lieux sacrés », a déclaré M. Ag Attaher.
Après cette prière nationale, la dépouille d’Aboubacar a été remise à sa famille pour être enterrée dans son village natal, dans la région de Kayes.
Plusieurs autres grandes personnalités, telles que le consul général du Mali à Lyon, le président de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali, ou encore le président de l’Association culturelle Soninké (ACS-MALI), étaient présentes pour rendre hommage, dénoncer un acte terroriste et réclamer justice.
Il faut noter que la justice française dit avoir ouvert une enquête pour assassinat aggravé par la haine raciale et religieuse. Cependant, de nombreuses voix au sein des organisations de la société civile et des communautés religieuses appellent à la saisine du parquet antiterroriste. Pour la famille et l’ACS-MALI (organisation soninké), il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’un acte de terrorisme islamophobe.
Issa Djiguiba