Justice

La justice fortement attendue dans l’affaire SBM : Qui s’était finalement opposé à l’évacuation de l’ex-PM décédé « en prison » ?

Mort « en prison », le cas de Soumeylou Boubeye Maiga(SBM) suscite des interrogations. Qu’il s’agisse de Mme Binta Yatassaye, sa femme, passant par ses avocats et les médecins spécialistes sont, tour à tour, montés au créneau en vain pour, quant à la dangerosité de maintenir l’ex-PM en prison sans son évacuation hors du Mali, tirer la sonnette d’alarme, puisqu’il était malade et perdait d’ailleurs des poids. Maintenant qu’il était finalement décédé, la justice compétente pour situer la responsabilité est fortement attendue, pour la suite de l’affaire. Saura-t-elle le faire ?

Soumeylou Boubeye Maiga n’avait-il pas droit à un traitement digne de ce nom afin d’échapper au sort lamentable à lui finalement arrivé ? Qui sont-ils, celles ou ceux qui s’étaient farouchement opposés à l’évacuation du président de l’Alliance pour la Solidarité au Mali (ASMA-CFP), son parti politique ? Vu que le Mali reste un Etat de droit, la question se pose à savoir ce qui s’est réellement passé dans l’affaire SBM.Surtout qu’en République du Mali, le droit à la santé est clairement prévu et garanti aux Maliens, y compris les détenus, par la constitution du 25 février 1991. « Toute personne faisant l’objet d’une mesure privative de liberté a le droit de se faire examiner par un médecin de son choix », stipule l’article 10 de la constitution en vigueur au Mali. Et l’article 11 de renchérir : « Tout ce qui n’est pas interdit par la loi ne peut être empêché et nul ne peut être contraint de faire ce qu’elle n’ordonne pas ». Le cas du défunt leader politique demeure spécifique. Cela, en ce sens que la triste nouvelle du décès, survenu le lundi 21 mars 2022 des suites d’une longue maladie dans la clinique Pasteur de Bamako, fait suite à de nombreuses sorties médiatiques des avocats du défunt, ses militants politiques, voire l’épouse du malheureux. Tour à tour, chacun de ces intervenants décriait les conditions de détention de l’illustre disparu et lançait un cri de cœur aux autorités. C’était pour obtenir l’autorisation d’évacuer en urgence l’ex-premier ministre d’Ibrahim Boubacar Keita.

Le cri de cœur de l’épouse du défunt et l’alerte des médecins

Dans une lettre ouverte qu’elle a voulue adresser au Président de la transition, le 1er mars 2022, Mme Maiga Binta Yatassaye, l’épouse du SBM expliquait l’état de santé de son mari. « En raison des conditions d’incarcération épouvantables et dégradantes tant sur le plan humain, sanitaire que sécuritaire, il(SBM) a perdu plus de 23 kg et se trouve dans un état critique pour lequel un collège d’éminents médecins a requis, depuis la mi-décembre 2021, une évacuation d’urgence (…). Je vous demande, devant le Peuple Malien, de lui permettre d’aller se soigner et je m’engage, au nom de notre famille, à ce qu’il revienne dès qu’il sera rétabli », lit-on dans la lettre de la dame du défunt. Ce cri de cœur faisait suite à la parution d’un rapport médical dressé par des médecins de la clinique Pasteur. « Monsieur Soumeylou Boubeye Maiga, 67 ans, nous a été adressé le 16 décembre 2021 pour Ictère. Depuis 20 jours, le patient constate l’apparition d’un ictère franc progressif et permanent. Les signes associatifs sont : urines foncée prurit intense et généralisé… » Ressort-on dans le rapport médical de la Polyclinique Pasteur. Aussi, le document faisait part que le pourcentage de perte de poids du patient était estimé « à 15%, en 4 mois ictère intense de pression artérielle 110/70 mm de Kg ». Ledit rapport mentionnait ceci : « Biologie : cholestase à bilirubine directe de phosphatase alcaline élevé : Ca 19.9=119 fibroscan : fibrose F4 cirrhose post hépatique Alpha Foeto normal ».Sur la base des différentes consultations et analyses, les médecins spécialistes disent avoir convenu des hypothèses diagnostiques suivantes : tumeur maligne de cholédoque avec un envahissement hépatique et pulmonaire probable du cirrhose ; lithiase vésiculaire avec syndrome de Mirizzi sur cirrhose post hépatite C, et CHC sur cirrhose post hépatite. Pour alors confirmer ou infirmer ces hypothèses, lit-on dans le rapport, il était indispensable de réaliser une tomographie par émission de position TEP scanner et cholangio-pancréatographie rétrograde endoscopique CPRE avec brossage et cytologie. « En conclusion : ces deux examens indispensables pour déterminer la stratégie thérapeutique ne sont pas réalisables au Mali. La suite de la prise en charge de Monsieur Maiga nécessite un transfert vers un centre avec un plateau technique adéquat », a-t-on lu dans le rapport paru le 17 décembre 2021.A ceci s’ajoutent les dénonciations faites par les avocats et la famille politique du défunt, au sujet de la même affaire. Mais hélas ! La situation va perdurer jusqu’à ce jour 21 mars 2022.Date à laquelle le surnommé « Tigre » finira par rendre l’âme sans pouvoir bénéficier des soins qui pourraient lui rétablir. La justice censée être indépendante réussira-t-elle à faire la lumière sur ce dossier ? Qui a voulu s’opposer à l’évacuation du SBM pour qu’il soit ainsi mort sans accéder à des meilleurs traitements ? Notons qu’en date du 26 aout 2021, la chambre d’accusation de la cour Suprême a émis un mandat de dépôt contre l’incriminé, suite à son interpellation. C’était dans l’affaire de l’achat des équipements militaires et de l’avion présidentiel. Il était reproché dans ce dossier, au même titre que Mme Bouaré Fily Sissoko, l’ex-ministre de l’Economie et des Finances en détention à Bolé (prison des femmes maliennes), de même que Mahamadou Camara de la communication et ancien directeur de cabinet d’IBK qui est aussi concerné.

Mamadou Diarra

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