POINT DE VUE

Une démocratie à la gâchette facile

Commençons par une devinette : certains m’appellent Junte, d’autres, Dictature, alors que je suis une République, qui suis-je ?

La réponse à cette énigme pose indéniablement la question du fonctionnement de la démocratie dans nos États.

Aujourd’hui, l’anti – constitutionnalité semble être le cœur de la pratique démocratique dans laquelle sans réserve ni compromission, l’inversion des principes constitutionnels s’érige en légitimité.
Nos gouvernants se croient par erreur au paradis, là où ils pensent hériter de nos pays et souhaitent les transmettre à leurs descendants.

Or, la superposition des actes de perversion démocratiques tels que l’instrumentalisation de la justice, les arrestations arbitraires, les détournements de fonds à des fins personnelles ou encore l’injustice sociale participe à la naissance d’une fronde sociale contre les dérives actuelles.

Par ailleurs, entre la manipulation de la police et la politisation de l’armée, la répression se mêle à la barbarie et la violence contre le peuple et son droit le plus légitime d’exprimer son opinion et sa position.
Cette ambiance sociale électrique est à l’image du caractère brutal et sans empathie du pouvoir dominant qui se heurte de plus en plus à la résistance de la rue.

Une question alors se pose : un État peut-il gouverner réellement contre le peuple, celui de la rue ?
Alors que la représentation nationale affiche une majorité présidentielle et une opposition choisie pour la circonstance, le Parlement est phagocyté.

Dès lors, le toit de la maison du peuple n’est-il pas en train de brûler ?

Si le mutisme de la société civile dans certains pays est flagrant, ailleurs, le militantisme devient symbole d’une bataille collective pour la survie des populations dans le peu de liberté et de justice qui leur reste.

L’histoire passée et récente nous enseigne que le déclin des régimes commence par la brutalité politique, puis l’asphyxie sociale pour enfin se terminer par la confrontation politico-sociale.
Cette dernière étape signe souvent le pari d’un non – retour à l’ordre et la stabilité, mais surtout la construction d’une illégitimité grandissante autour des “démocratiquement élus.”

C’est donc là, la démocratie à la 49.3 dont nous avons hérité et que nous continuons de martyriser afin de desservir le peuple.

Ahmadou Kourouma en 1998 dans son livre « En attendant le vote des bêtes sauvages » disait : ” l’Afrique est de loin le continent le plus riche en pauvreté et en dictatures “.

L’inversion de cette donnée factuelle passe nécessairement par une maturité politique des gouvernants, un éveil de la société civile et la fin de la démocratie aux standards dictatoriaux.

Tall Madina

Analyste politique et géostratégique, Chercheuse sur les questions de terrorisme dans la zone sahélo saharienne, éditorialiste et écrivaine. Présidente du Mouvement Nouvel Afrique – Nouvelle Génération

≠Colombe Noire 

Facebook : Tall Madina Officiel / Tall Madina

Une réflexion sur “Une démocratie à la gâchette facile

  • NDOUBABE TOGOTO

    Impeccable bravo pour cette brillante analyse Mlle Madina Tall. On a aussi tendance à matérialiser la jeunesse africaine pour atteindre des intérêts égoïstes d’une part alors ceci revient à se demander si la démocratie est mal interprété ou méconnue par d’autre?
    Est-ce que la Démocratie est adapté à tous les peuples ? C’est pas facile mais c’est possible.

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