Législatives 2020

1er tour des législatives 2020 à Bamako : Faible affluence, dispositifs sanitaires non respectés !

Malgré la propagation inquiétante de la pandémie du Covid-19 dans notre pays, les autorités maliennes ont tenu les élections législatives dont le premier tour a eu lieu ce dimanche 29 mars 2020. Le constat dressé par nos reporters, dans les six communes, sont formels :  faible affluence des Bamakois vers les centres de vote. Aussi, dans beaucoup de centres, les dispositifs sanitaires promis par les autorités n’ont pas été respectés.

« Nous n’allons pas voter. Nous n’allons pas acheter de la maladie à cause des politiciens. Ils ne peuvent pas nous interdire de nous regrouper, même pour notre plaisir et nous demander d’aller voter. Moi personnellement, même si on me donne 1 million, je ne bougerai pas d’ici », nous a dit haut et fort ce jeune de 35 ans assis devant son thé à Sikoroni. Ce message semble être partagé par pas mal de citoyens de cette commune. La journée d’hier ne semblait pas comme une journée électorale en commune I du district de Bamako. Au centre de vote de l’école de Base de Sikoroni plateau en commune 1, l’affluence n’y était pas. Le président d’un bureau qui a voulu garder l’anonymat a déclaré : « nous sommes à 12heures. Jusque-là, notre bureau n’a enregistré que 15 votants. C’est triste mais c’est le constat que nous avons fait ». Les mesures sanitaires promises n’ont pas été respectées aussi. Lors de notre passage, il n’y avait pas de kits de lavage des mains dans ce centre de Sikoroni.

En commune II du district de Bamako aussi, en plus du manque d’affluence, plusieurs irrégularités sont signalées dans certains centres de vote. Ce fut le cas du centre de vote de l’école fondamentale Ismaila Diawara de Quinzambougou. Dans ce centre où Yacouba Ouattara est le coordinateur, aucun bureau n’avait enregistré 10 votants à 11 heures. Ce n’est pas tout, les mesures sanitaires promises par l’État n’ont pas été respectées. Interrogé par notre confrère Abdoulaye Koné, M. Ouattara déballe tout : « Il est 11 heures. Or, dans certains bureaux, il n’y a eu qu’un seul votant. Le bureau qui a eu plus d’électeurs a 6 votants. Ce qui nous a été dit concernant les dispositions sanitaires n’a pas été respecté. A l’entrée du centre, il n’y a ni eau ni savon. Il y a juste du  gel alcoolique devant les bureaux de vote. Les gouvernants se sont juste préparés pour tenir cette élection mais ils ne se sont pas préparés pour la protection des populations ».

Au centre de l’école fondamentale de Niaréla, c’est presque les mêmes réalités qu’au centre Ismaila Diawara de Quinzambougou. La petite différence est qu’au niveau de ce centre, il y a , au moins,  deux matériels de lavage de main pour 41 bureaux  de vote. 

Pour le président du centre Aoua Keita de Wolofobougou, en commune III du district de Bamako, Yoro Diallo, les travaux ont commencé en retard. Puisque la liste des délégués n’a pas été reçue à temps. Le centre contient 44 délégués plus 5 agents de l’administration. Ce qui est bizarre, il affirme avoir, lui-même, acheté des gants et des masques pour les délégués et les forces de l’ordre qui ne s’étaient pas protégés. Mieux, pour la protection des électeurs, il affirme avoir  changé  l’encre indélébile par le stylo (Bic) qu’il désinfecte avant et après chaque usage des électeurs. Pour environ 3000 électeurs répartis en quelques bureaux de vote, à l’entrée de ce grand centre, il n’y a qu’un seul kit sanitaire de lavage de mains, utilisé par tous. Le manque d’affluence était patent. Les forces de l’ordre à l’entrée ne respectaient, eux-mêmes, pas la distance d’un mètre. Ils étaient assis côte à côte. 

Après avoir accompli son devoir civique, Mme Coulibaly, a apprécié le remplacement de l’encre par le Bic qui, pour elle rassure les électeurs.

De son côté, Famory Doumbia, président du centre Mamadou Konaté, dans la commune III du district de Bamako rassure que tout se passe bien. Pourtant, nous déplorons l’insuffisance des kits sanitaires de lavage des mains. Au sein de ce centre où il y a plus de 7000 votants repartis en 15 salles, plus de 10 bureaux manquent de kits de lavage. Pire, chaque bureau contient une seule encre indélébile utilisée par les votants. Devant une salle, nous avons constaté que les gens faisaient du thé. Assis côte à côte, nombreux étaient parmi les gardes et autres agents qui ne portaient pas de masque. Pareil pour les électeurs. Sur la question, le président du centre soutient avoir utilisé les kits sanitaires qui lui ont été fournis par le ministère. Après avoir fait son vote, Abdoulaye Kamissoko nous confie : « Je suis venu faire ce vote grâce au PM Boubou Cissé. Malgré toutes les pressions, il a maintenu ces élections. J’aime des gens qui prennent des décisions pareilles. Sinon s’il s’agissait du président IBK, je n’allais jamais venir pour ce vote ».

De son côté, N’Famarou Haidara soutient que le temps de vote n’est rien par rapport à la propagation du virus. « Tout le monde connait comment nous vivons dans nos familles. Dans les foyers, une seule toilette est utilisée par tous. Nous nous servons du  même bouilloire  pour les ablutions et autres besoins. De même, un seul gobelet est utilisé pour boire de l’eau. C’est Dieu seul qui peut nous sauver du coronavirus », nous confie-t-il .

Pour le coordinateur du centre Mamady Sylla de Djicoroni Para en commune IV, Daou Mekouba, « beaucoup d’électeurs se sont plaints du fait qu’il n’y avait pas de gel et de kits de lavage des mains ».Ce dernier relaye qu’il a fallu l’intervention d’un spécialiste dudit centre pour arranger les choses aux environs de 11H.Pour 30 bureaux de votes et 1463 électeurs, il dit avoir reçu 24 gels. Notons que le centre ne contient pas plus de 5 kits sanitaires de lavages de mains. Le non port des masques était patent, tant chez les agents sur place que chez les électeurs.

Au centre de vote du lycée Massa Makan Diabaté de Baco Djicoroni en Commune V du District de Bamako, les électeurs n’ont pas du tout répondu présents. Cette faible affluence s’explique par l’apparition de la maladie du covid-19, selon M. Oumar Touré, électeur dans ce centre. Pour M. Touré, cette maladie ne doit pas empêcher les citoyens d’aller voter, car selon lui « il est de notre devoir d’aller choisir nos représentants ».

C’est le même constat au centre de vote de l’école fondamentale de Baco Djicoroni. Là-bas,  quelques électeurs ont affiché leur présence, mais  pas trop d’engouements . Selon Aly Coulibaly, observateur de l’AJCAD, « la propagation de la maladie à coronavirus a beaucoup joué sur les élections de ce dimanche. Malgré les mesures sanitaires prises par le gouvernement pour le bon déroulement des législatives, les électeurs sont restés chez eux par peur de contracter la maladie »

 Selon Mohamed Ag Litini, président du  bureau du centre de vote de l’école A de Torokorobougou, toujours en commune V du district de Bamako, depuis l’ouverture des bureaux  jusqu’à 11 heures, son bureau n’a enregistré que 5 votants. Mais ce qu’il faut dire, dans les différents centres de la comme 5 où nous nous sommes rendus, les mesures sanitaires  ne sont pas  respectées comme il le faut .Même si tous les bureaux disposent des gels hydro alcooliques, les kits de lavage des mains sont absents dans certains de ces centres comme celui du Lycée Massa Makan Diabaté.

La commune VI du district de Bamako ne fait pas exception de ce manque d’affluence et du non-respect, par les autorités, du dispositif sanitaire. Au centre de l’école fondamentale de Niamakoro, les électeurs viennent peu à 12 heures. Certains bureaux avaient moins d’une dizaine de votants. « Dans mon bureau, depuis le matin, il n’y a eu que 7 votants. Or, nous sommes à  12h30mn », nous confie un assesseur sous l’anonymat.

Il faut préciser que le taux de participation à ces élections, au constat fait sur le terrain dans le district de Bamako, sera le plus faible de l’histoire des élections au Mali.

Par Boureima Guindo, Mamadou Diarra et Ibrahim Djitteye

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