AFFAIBLISSEMENT DES CONTRE-POUVOIRS : L’origine de la dérive actuelle du Mali
L’affaiblissement des contre-pouvoirs semble être à l’origine de la dérive que connaît actuellement le Mali.
Si le pouvoir principal s’incarne par les pouvoirs politique et financier, le principe du contre-pouvoir est de modérer l’influence de ceux-ci, qu’il s’agisse d’observer, ou si nécessaire, de contrer ses décisions quand celles-ci sont jugées mauvaises. Or, l’état d’une société est fortement lié à la vigueur des contre-pouvoirs. Qu’ils disparaissent ou s’affaiblissent, et le pouvoir principal s’en retrouve hypertrophié, omnipotent.
Au Mali, les contre-pouvoirs sont aujourd’hui grandement affaiblis :
– La presse d’information, qui perd des lecteurs et des titres, est atteinte par la récession publicitaire et vit un traumatisme. Le pluralisme et l’indépendance des médias sont compromis, altérés du fait de leur appartenance à des groupes économiques qui ont des accointances avec le pouvoir politique.
– Le monde associatif en repli, moins d’associations autonomes pour contester le travail des élus les plus malhonnêtes.
– Les faibles effectifs des syndicats face aux patrons voyous et au pouvoir politique qui grignotent les acquis sociaux ; mais un syndicat, patronal ou ouvrier, qui s’inféode à un parti politique au pouvoir ou désireux de l’être perdrait son statut de contre-pouvoir.
– Le manque de moyens de la justice…
Tout ceci crée une inégalité de traitement, rend les pouvoirs politique et financier trop puissants et, surtout, quasi-impossibles à freiner quand ils prennent des décisions ne correspondant plus à l’intérêt général. Ainsi, plus les contre-pouvoirs s’affaiblissent, plus les pouvoirs centraux ont les coudées franches sans élément modérateur, permettant impunément des comportements guère vertueux voire carrément illégaux. D’où la nécessité de renforcer les contre-pouvoirs classiques, et d’en adjoindre de nouveaux, afin de tenir l’indispensable rôle de garde-fous.
Sambou Sissoko
Source : LE DEMOCRATE MALI