AGENCE DU BASSIN DU FLEUVE NIGER : Des résultats encourageants, des défis à relever !
C’est dans la salle de conférences de son siège flambant neuf que l’Agence du bassin du fleuve Niger (ABFN) a tenu, jeudi 29 décembre 2022, la 20ème session de son conseil d’administration. Le ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable, Modibo Koné, a présidé l’ouverture des travaux, en présence du directeur général de l’ABFN, Abdourahamane Oumarou Touré, et des administrateurs.
Cette 20ème session ordinaire intervient à un moment où le pays cherche une sortie heureuse de cette triple crise politique, sécuritaire et sanitaire. Les conséquences de cette triple crise se trouvent être exacerbées par les bouleversements géopolitiques et géostratégiques actuels, dont les impacts socioéconomiques n’ont épargné aucun secteur. C’est pourquoi le Président du conseil d’administration a évoqué les difficultés budgétaires de l’année 2022, avec les sanctions économiques imposées au pays par la Cedeao et l’Uemoa, dont les corolaires ont pour noms : restriction et/ou gel des dotations budgétaires, d’une part, et suspension des décaissements du financement extérieur pendant cinq mois, d’autre part. « Il est donc évident que ces difficultés ont entravé la mise en œuvre des programmes d’activités des structures techniques, singulièrement de notre agence », a laissé entendre le ministre Modibo Koné.
Malgré ces difficultés, poursuit-il, l’Agence a pu exécuter quelques actions majeures de son programme. Ainsi, au titre du financement intérieur, on peut citer entre autres activités réalisées : la réception définitive du lot 2 relatif au curage du Diaka dans le cadre du projet d’aménagement des berges du fleuve Niger à Diafarabé ; la réalisation de dix-huit missions de surveillance et contrôle sur le fleuve Niger et ses affluents ; l’achèvement des travaux de construction du siège de l’Agence ; la poursuite des activités de communication/sensibilisation et de plaidoyer.
Dans le cadre du financement extérieur, les activités réalisées sont entre autres : l’audit technique des travaux de réhabilitation des quais de Ké-Macina et de Diafarabé ; l’audit des comptes 2021-2022 du Projet de Réhabilitation Economique et Environnementale du Fleuve Niger ; la réception définitive des travaux de réhabilitation des quais de Macina et Diafarabé, des 27 balises de marquage installées sur le chenal navigable du tronçon Macina-Akka et de l’engin de sauvetage et de dépannage des bateaux/bâtiments en détresse ; la réception provisoire de 32 microprojets au profit de 1062 bénéficiaires dont 650 femmes et la sélection de 38 autres nouveaux pour financement ; la réalisation des études de faisabilité et l’élaboration des instruments de sauvegardes environnementales/sociales et des documents de procédures et gestion du Projet de Restauration et de Résiliences des Paysages (PRRP-Mali) ; la participation aux COP 15 et 27 sur la désertification et le climat respectivement à Abidjan en Côte d’Ivoire et Sharm El Sheikh en Egypte ainsi qu’au 9e Forum Mondial de l’Eau à Dakar au Sénégal.
Pour la réalisation des activités, le budget 2022 de l’Agence approuvé est d’un montant de Six Milliards Sept Cents Cinquante Huit Millions Quatre Cents Quatre Vingt Sept Mille Soixante (6 758 487 060) F CFA, suivant l’arrêté d’approbation n°2022-872/MEF-SG du 07 avril 2022. Sur la base du budget approuvé, précédemment mentionné, le niveau d’exécution par type de financement au prorata des mandats et contrats payés et à payer au 31 décembre 2022 est le suivant : le financement intérieur du Budget d’Etat (tous chapitres confondus) : 15,76% et le financement extérieur du Budget d’Etat (Fonds IDA) : 45%.
Ainsi, le niveau global d’exécution du Budget 2022 est de 36,39%, soit une liquidation de deux milliards quatre cent cinquante-neuf millions huit cent neuf mille huit cent vingt-cinq (2 459 809 825) F CFA. Cette faible mobilisation des ressources, surtout internes, illustre à elle seule les difficultés de notre agence ; toute chose qui me fait dire que la gestion du fleuve Niger n’est pas une traversée tranquille. C’est pourquoi, nous nous devrions d’être imaginatifs pour trouver une solution à la lancinante question de ressources propres au profit de notre agence, qui est de plus en plus fortement sollicitée.
Nette amélioration du budget 2023
« Les résultats obtenus en 2022, en deçà de nos ambitions de sauvegarde du principal cours d’eau nourricier du pays sont à corréler avec la modestie des allocations budgétaires. D’où la nécessité d’améliorer conséquemment les dotations budgétaires pour mieux aborder l’année 2023 », a expliqué le PCA. Et Modibo Koné de poursuivre : « Ainsi, la mise en œuvre du Contrat Annuel de Performance 2023 se fera suivant un certain nombre d’activités pertinentes, à savoir entre autres : la poursuite de la mise en œuvre du PREEFN, à travers : (i) les travaux de dragage du tronçon Macina-Diafarabé, (ii) les travaux d’aménagement de la mare et de curage du chenal de Talagneini, (iii) la mise en œuvre de la deuxième cohorte des microprojets, (iv) la réalisation des études de bathymétrie, topographie et des travaux de conception et de fourniture d’un modèle hydraulique du Delta Intérieur du Niger ; la poursuite des missions de surveillance du fleuve, de ses affluents et de suivi de la qualité de l’eau du fleuve Niger au Mali ; l’organisation de deux grands évènements : un colloque international sur le bassin du fleuve Niger et une table ronde de financement du plan d’investissement du programme national de sauvegarde du fleuve Niger ; l’intensification des activités de communication, de sensibilisation et de renforcement des capacités des acteurs locaux et du personnel de l’Agence ; la poursuite du processus d’élaboration d’une nouvelle opération pour la restauration et la résilience des écosystèmes, avec l’appui technique et financier de la Banque mondiale dans le cadre de la mise à échelle du PREEFN.
Pour la réalisation dudit Contrat Annuel de Performance, le budget prévisionnel 2023 de l’Agence est de : Six milliards quarante-neuf millions cent quatre-vingt-seize mille deux cent soixante-dix-sept (6 049 196 277) F CFA contre Six Milliards Sept Cent Cinquante Huit Millions Quatre Cent Quatre Vingt Sept Mille Soixante (6 758 487 060) F CFA en 2022, soit une réduction de 10,49%. Le budget 2023 est constitué à 16,60% de financement intérieur, soit Un Milliard Quatre Millions Quatre Cent Dix Mille Six Cents (1 004 410 600) F CFA et 83,40% de financement extérieur, soit Cinq Milliards Quarante Quatre Millions Sept Cent Quatre Cinq Mille Six Cent Soixante Dix-Sept (5 044 785 677 F CFA) F CFA, contre respectivement 29,43% et 70,57% en 2022.
« Le principal enseignement à tirer de la structure du budget 2023 est la nette augmentation du financement extérieur contre la réduction drastique du financement intérieur », a souligné le ministre Koné. Avant de poursuivre : « l’autre enseignement et non des moindres est qu’à la fin des projets de Diafarabé et de construction du siège, les nouvelles actions proposées n’ont pas reçu de dotation sur le budget spécial d’investissement. « Cette situation mérite une plus grande attention de la part des pouvoirs publics, dans un contexte de budget en mode programme, où les résultats sont appréciés à l’aune des moyens mis à disposition », a conclu le ministre Modibo Koné.
Agoumour