Audrey Azoulay, à l’occasion de la Journée Mondiale de l’Eau : « 52 % de la population mondiale pourrait vivre dans des régions connaissant un stress hydrique d’ici 2050 »
Le monde a célébré, le dimanche 22 mars 2020, la Journée Mondiale de l’Eau. Une occasion particulière pour réfléchir sur le rapport entre le réchauffement climatique et la pénurie d’eau dans le monde. Dans cette optique, l’Organisation des Nations Unies pour la Science et la Culture (UNESCO) a publié un rapport pour fournir des données scientifiques sur ce lien et demander aux autorités politiques d’agir pour renverser la tendance.
« Les ressources en eau, en quantité comme en qualité, sont en effet menacées à l’avenir, en particulier parce que le dérèglement climatique, que nous voyons d’ores et déjà à l’œuvre, accroît les risques de pénurie. » Ces propos sont de Audrey Azouley, Directrice Générale de l’UNESCO. Pour sa part, le président d’ONU-Eau et du Fonds International de Développement Agricole (FIDA), Gilbert Houngbo dira le Rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau que « Les changements climatiques à la fois touchent et sont touchés par les ressources mondiales en eau. »
Selon la directrice de l’UNESCO, « 4 milliards de personnes connaissent aujourd’hui des situations de pénurie pour l’accès à l’eau. » Cette tragédie est tributaire du réchauffement climatique.
C’est pour cette raison qu’à l’occasion de cette Journée internationale, le thème retenu a été « Eau et réchauffement climatique ».
Risque d’aggravation
Pourtant, selon les prévisions, cette crise risque de s’aggraver « au point que 52 % de la population mondiale pourrait vivre dans des régions connaissant un stress hydrique d’ici 2050. »
Le réchauffement climatique est à la base de cette aggravation, selon le nouveau Rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau. Ce document souligne par la même occasion qu’une mauvaise gestion des ressources en eau pourra aggraver le réchauffement climatique. Ce qui dénote de la corrélation existante entre le réchauffement climatique et la pénurie d’eau dans le monde. Audrey Azoulay explique à ce sujet : « Quand la “planète bleue” se réchauffe, les effets des changements climatiques se font nécessairement et principalement sentir à travers les problèmes liés à l’eau. »
Les filles et les femmes sont celles qui souffrent le plus de cette situation. Parce que dans de nombreux pays encore, c’est elles qui sont obligées de se réveiller tôt le matin à la recherche de cet or bleu pour des besoins domestiques. Pour Audrey Azoulay, cette pénurie d’eau risque alors d’aggraver les « inégalités mondiales ».
Plus de temps à perdre
Gilbert Houngbo fait comprendre dans ce document de plus de 200 pages que « si nous sommes vraiment déterminés à limiter l’augmentation de la température mondiale à moins de deux degrés Celsius et à réaliser les Objectifs de développement durable (ODD) pour 2030, nous devons agir immédiatement. On dispose de solutions de gestion de l’eau et du climat mieux coordonnées pour lesquelles chaque secteur de la société a son rôle à jouer. On ne peut plus se permettre d’attendre ». Cette vision est partagée par la Directrice de l’UNESCO qui estime que cette crise hydrique pourrait bien entraver le développement de plusieurs régions du monde.
Effets de la pénurie d’eau
Le nouveau rapport mondial indique que cette crise d’eau dans le monde a des effets pervers sur la santé humaine : risques accrus de pollution de l’eau, contamination pathogène causée par les inondations ou par des concentrations plus élevées de polluants pendant les périodes de sécheresse. Outre, elle peut entraîner des déplacements massifs des populations et entrainer d’autres maladies physiques et mentales. Elle n’est pas également sans conséquence sur la faune aquatique.
Adopter et mettre en œuvre des mesures politiques
Audrey Azoulay estime que la décennie qui vient de s’ouvrir doit être celle de l’action pour la pleine atteinte des Objectifs du développement durable (ODD). Pour ce faire, il faut une éducation à l’environnement « qui est donc aussi une éducation à l’eau, pour apprendre à mieux la gérer et la préserver. »
Le nouveau rapport de l’UNESCO indique deux mesures pour éviter à l’humanité le pire. Il s’agit de l’adaptation et de l’atténuation. C’est ce qu’explique la directrice de cette organisation des Nations Unies dans ce nouveau document : « On aurait tort de ne voir la question de l’eau que sous l’angle d’un problème ou d’une insuffisance. Au contraire, une meilleure gestion de l’eau peut appuyer les efforts visant à atténuer et à s’adapter aux effets des changements climatiques. »
Dans cette lutte contre le réchauffement climatique, l’UNESCO recommande une meilleure gestion des eaux usées, de faire de la problématique de l’eau une priorité et de mobiliser des financements conséquents.
Rappelons que cette journée a été instituée par l’Assemblée générale des Nations Unies selon la résolution A/RES/47/193 du 22 décembre 1992. Cette résolution fixe le 22 mars de chaque année comme Journée mondiale de l’eau.
Fousseni Togola
Source : LE PAYS