Chronique du Mardi : Changeons de stratégie
Il ne serait donc pas malicieux de dire que les Maliens risquent de croupir encore longtemps sous le joug d’un pouvoir peu soucieux de leur quotidien. Les partis politiques d’opposition, ceux-là même qui devaient servir de contrebalance au pouvoir, restent dans leur grande majorité des partis d’élection. Il n’y a seulement qu’en période électorale que ces partis se signalent, au grand dam de leurs électeurs, et là encore de quelles manières ? Il est vrai que le Malien lambda ne se soucie guère de savoir quel est votre projet de société, l’approche au niveau des partis politiques pour la plupart se fait sans réelles stratégies. Cette lacune est indubitablement liée au manque de formations politiques de bien des militants et de cadres de certains partis. De quel courant idéologique sont-ils issus ? Quel projet de société ils ont à proposer au peuple ? Devant ces pseudo-politiciens, les journalistes indépendants auront l’impression d’être des extraterrestres.
La conquête du pouvoir politique ne doit pas être perçue comme une simple ambition politique ou la volonté de satisfaire à certaines envies. La victoire de Barack Obama aux États-Unis devrait servir d’exemple à nos chers hommes politiques. C’est sa capacité à apporter des réponses nettes aux différentes préoccupations des Américains, en son temps, qui lui a permis de devenir le premier noir élu président de la plus puissante nation au monde.
Quel opposant malien peut se targuer de disposer d’un vrai service de communication ? Aucun, serions-nous tenté de dire, tout au plus un attaché de presse pour ceux qui ont un tant soit peu compris la nécessité de s’entourer des compétences d’un homme de media. Mais voilà, un attaché de presse n’est pas un chargé de communication et encore, le premier cité n’est souvent sollicité que pour passer des communiqués, le plus souvent lapidaires et laconiques, dans un langage que les populations n’arrivent pas à comprendre.
Les partis politiques d’opposition au régime du président IBK doivent, s’ils veulent réellement le rêve de l’alternance qu’ils caressent, cesser d’être des partis d’élections. Ils attendent les campagnes électorales pour sortir le même discours : « Qu’est-ce que le RPM, parti au pouvoir a fait pour vous ? » « Rien », s’empressent-ils de répondre d’eux-mêmes sans toutefois être en mesure de proposer de façon concrète mieux que le parti au pouvoir. Le costume d’élu se taille aussi quand il n’y a pas d’élection. Les populations ont besoin de sentir leur leader proche d’elles en tout temps, sentir qu’il est en mesure de répondre à leurs préoccupations. Il y a bien des thèmes sur lesquels les opposants politiques peuvent s’appuyer en ces temps qui courent pour se tailler un costume de légitimité du député, aux yeux des populations.
Il ne fait aucun doute qu’une élection se gagne, d’abord, sur la pertinence du projet qu’on propose aux électeurs. Sans commune mesure, il est difficile aux opposants de faire un véritable projet, parce qu’ils ne maitrisent pas la situation exacte du pays sur des questions telles que la santé, l’emploi ou encore l’économie. Les promesses de construction de routes, d’écoles ou d’espace vert n’enchantent plus les populations, elles en ont vu passer des tonnes dans le même genre.
Henri Levent
Source : LE PAYS