Coopérations Défense – Sécurité : La France mise en nue avec l’arrivée de Wagner

Après maintes frustrations passées côté français, l’annonce du contrat que le Mali serait entrain de lier avec la société militaire privée Russe ‘’WAGNER’’ aura mis le feu aux poudres et accélère la facture.

Le président malien semble désormais vouloir afficher crânement ses intentions : changer de cap en s’affranchissant de la tutelle française et diversifier ses relations. Et il ne s’en est pas caché : « malgré la présence des troupes français, l’insécurité perdure sur les trois quarts du territoire. Alors qu’est-ce que ça nous coûte d’essayer d’autre voies et moyens ?

Et à la France qui l’accuse de trahison, il rétorque : « les français nous ont abandonné en plein vol alors que la situation est loin d’être à l’accalmie. Nous n’avons d’autre alternative ».

Dans cette guerre de mots, l’hexagone s’en défend et replique : «  ce n’est pas juste, ce que les autorités maliennes avancent. Nous n’avons guère abandonné le navire. La force TAKUBA que nous avons contribué à mettre en place prendra le relai sur le terrain. Ce sera une force multinationale à composante française majoritaire. Une force plus aguerrie avec de moyens colossaux. »

En tout cas, le président Goïta aura joué pile en chamboulant ses relations avec la France conformément aux désidératas du peuple malien qui, depuis longtemps réclamait à cors et cris le départ de Barkane et des français. Et cette ultime décision contribua à le rendre quelque peu populaire et à relever sa côté dans l’opinion nationale, lui qui était en manque de consensus.

Toutefois, le vin étant tiré, il faut le boire, mais pas jusqu’à la lie, ce que sous-entend des conséquences pour le Mali. Car le pays vient de s’octroyer quatre hélicoptères de combat flambant neuf en provenance de Russie. Qui pour sceller un début de coopération qu’elle espère pérenne, lui a gracieusement offert sans cotre partie un stock d’armes et de munitions.

Le Mali en quête d’un nouveau flirt semble avoir mis son dévolu sur la grande Russie l’ennemie déclaré des occidentaux. L’on peut donc comprendre aisément la frustration de la France et des USA qui, à leur tour, ont pris le train en marche.

Des relations séculaires menacées à jamais ?

Jusqu’à ce jour, on ne voyait pas la France sans le Mali et le Mali sans la France. Car ce sont des liens séculaires qui unissent les deux nations. Et sur le plan du développement, la France par le biais et l’entremise de l’Agence Français du dévelopement (AFD) a toujours été au chevet du pays de Soundjata Keïta et des grands empires. Après le volte-face de Modibo Keïta et le sursaut de rupture de Moussa Traoré, (tous deux balayés par la suite), les dites relations n’ont connu d’ombre jusqu’à cette crise sécuritaire que nous traversons. Et comme il n’y a jamais deux sans trois…. Heureusement que Assimi n’exerce qu’un pouvoir éphémère de transition. Ce qui lui laisse des coudées franches.

La grande question est de savoir si la France va rompre sur le fil tout son arsenal de coopération en mettant fin au volet économique. Ce qui serait désastreux pour le pays déjà en bute à des difficultés économiques.

Mais pour les autorités du pays, celui qui se noie n’a d’autre alternative que de s’agripper à la première bouée de sauvetage, l’essentiel étant de ne pas périr. Et après, on verra la suite…

A l’analyse, Assimi Goïta semble avoir jeté des pavés dans l’eau. Car il n’aura guère le temps de poursuivre son œuvre dans la continuité. Et il ne fait point de doute que le futur président légitime du pays remettra les pendules de l’heure en se rapprochant à nouveau de la France. Une France qui, de son côté ne demande que cela en raison d’intérêts cachés qu’elle a au Mali.

A moins que Wagner, si jamais le fameux contrat était finalisé, ne réussisse à relever le défi malien en libérant le territoire de l’emprise des forces du Mali.

Ce qui pourrait faire changer d’idée au nouveau président et l’inciter à poursuivre l’œuvre du président de la transition. Et cela, loin d’être une vérité d’évangile, par ailleurs, n’est pas si sûr que ça.

En tout cas, la brouille entre les deux partenaires historique ne semble être que l’histoire d’une symphonie inachevée. Une brouille temporaire entre deux amoureux de longue date.

Ben Diakité Ladji de Balzac