ENLEVEMENT DE SOUMAILA CISSE : Preuve de la faillite sécuritaire !
Soumaïla Cissé, président de l’Union pour la République et la démocratie (URD), a été enlevé, le 25 mars 2020, dans l’après-midi dans la région de Tombouctou. Candidat dans la localité de Niafunké, où il se rendait à un meeting dans un village. Ce rapt illustre la faillite de la gestion sécuritaire sur l’ensemble du pays, où une bonne partie du territoire est livrée à des groupes et autres groupuscules armés.
Les faits sont survenus, le mercredi 25 mars dernier, aux environs de 16 heures ; le chef de file de l’opposition, candidat aux législatives du 29 mars, Soumaïla Cissé et sa délégation ont été enlevés par des individus non encore identifiés alors qu’il quittait Saraféré pour se rendre à Koumaïra (cercle de Niafunké) à moins d’une vingtaine de kilomètres de là.
Depuis, plus aucune nouvelle du président de l’URD, son téléphone ainsi que ceux des douze personnes qui l’accompagnaient sont injoignables. La délégation n’arrivera jamais à destination, et à Bamako., l’alerte est donnée via un communiqué diffusé par le parti du candidat. Ensuite le gouvernement confirmera l’enlèvement par un communiqué télévisé sur ORTM, assurant que lui tout autant que les partenaires internationaux « appliquent toutes les dispositions pratiques pour retrouver les portés disparus et les ramener à leur famille ». Les activités de recherche débutent associant la Minusma et Barkhane, dans le but de retrouver le député et de le ramener sain et sauf. A l’heure où nous écrivons ces lignes, le candidat en compagnie d’autres membres de sa délégation sont toujours aux mains des ravisseurs.
Selon des informations, la délégation était composée de 11 personnes à bord de deux véhicules. Les assaillants ont libéré 5 membres de la délégation (tous de Niafunké) dont le garde du corps du candidat, Mohamed Cissé décédé des suites de ses blessures par balle. On compte également deux autres blessés par balle à savoir Amadou Yattara et Bouri Daou, mais leurs blessures ne suscitent pas de grandes inquiétudes. Ils ont quand même pu rejoindre le CSCOM de Niafunké.
Si pour le moment aucune revendication n’été faite du rapt du chef de file de l’opposition, plusieurs pistes indiquent qu’il serait aux mains de groupes proche du chef de la katiba Macina, le prédicateur radical Amadou Koufa
Le vendredi dernier des messages vocaux ont été envoyés à travers le réseau social « Whatsapp » où des proches de ce dernier revendique le rapt. Ils disent que le candidat se trouve en bonne santé et qu’ils n’ont aucune intention de le maltraiter. Toutefois, en échange de sa libération, ils demandent la relaxe de certains des leurs détenus dans les prisons maliennes et le paiement d’une rançon dont le montant n’a pas été déterminé. Il y a lieu de reconnaitre que ces revendications sont à prendre au sérieux puisque cette zone de Niafunké est connue pour être celle où opèrent les hommes de mains de Koufa.
Le rapt de Soumaïla Cissé pourrait être une grosse prise pour les ravisseurs dans la mesure où c’est une personnalité de premier plan sur la scène politique. Soumaïla Cissé a été ministre puis candidat depuis de nombreuses années au Mali à la présidentielle dont il a été dauphin à deux reprises du président IBK en 2013 et 2018.
Cependant, l’enlèvement de Soumaïla Cissé n’est pas une surprise, car avant le début de la campagne, plusieurs voix s’étaient élevées pour dénoncer le pourrissement de la situation sécuritaire marqué par des attaques terroristes dans les régions du Centre et du Nord, où la situation sécuritaire est critique. La situation sécuritaire dans cette partie du pays est caractérisée par son lot d’attaques quotidiennes contre les populations civiles et les forces armés. Aussi,plusieurs leaders et/ou partis politiques se sont insurgés contre la tenue des législatives dans ce contexte. : « Le gouvernement avait dit assurer la sécurité des candidats et des citoyens, on voit que ce n’est pas le cas, poursuit Mamadou Ismaïla Konaté, ancien ministre de la justice, favorable à un report du scrutin. « Maintenir ces élections est irresponsable. Si c’était le chef de la majorité qui avait été enlevé, est-ce qu’on aurait poursuivi le vote ? », s’interroge-t-il.
Mais malgré les mises en garde, le gouvernement précisément le ministre de la Sécurité, le général Salif Traoré, a tenu des discours rassurants sur les « dispositions prises » pour assurer le bon déroulement du scrutin. Aujourd’hui, les faits prouvent le contraire et ces mêmes faits illustrent le degré de la faillite sécuritaire qui prévaut dans le pays. Dommage !
Mémé Sanogo