IBK : Dos au mur !
La malencontreuse sortie d’IBK devant quelques thuriféraires visiblement tétanisés au C.I.C.B. ce mardi sera peut-être sa dernière apparition en tant que chef d’État. Les observateurs sont en effet unanimes à dire que ce fut pour lui la grande occasion ratée et qu’il n’en aura pas une autre autant propice à gagner la confiance des Maliens.
Il n’y a plus aucun doute qu’IBK s’est aliéné la sympathie de ses compatriotes qui l’ont pourtant porté aux commandes de l’État par leurs votes massifs à deux reprises. Peu importe importe qu’il y ait eu ou pas des couacs lors des deux scrutins présidentiels, IBK est aux affaires grâce aux citoyens à qui il devait respect et considération. La confiance est définitivement rompue maintenant entre lui et eux, surtout après sa sortie ratée d’hier mardi au C.I.C.B devant une poignée d’inconditionnels somme toute plongés désormais dans un doute désaxant. Ces gens, qui veulent bien sauver son fauteuil, sont aujourd’hui très désorientés. Tous pensaient qu’il allait annoncer la dissolution de l’Assemblée nationale et de la Cour constitutionnelle pour permettre les négociations en vue de la constitution d’un gouvernement d’union nationale. Mais IBK a préféré justifier les errements de la Cour constitutionnelle par un « …Elle a donné le meilleur d’elle-même… » avant d’annoncer, pour la énième fois, qu’il a instruit au Premier ministre de prendre des mesures pour l’application immédiate de l’article 39 du statut des enseignants, décision qu’il a prise, fisons après six mois de divagations, d’entorses, de répressions, de dénis de droit.
Le malaise, au sortir de la salle du C.I.C.B. ce mardi, 16 juin, était en tout cas perceptible sur tous les visages. Dans le propre camp du président de la République, le sentiment dominant était à la trahison. On a entendu dire que le numéro 1 a feinté ses propres coéquipiers, voire qu’il a pris à contre-pied le groupe gardien de son équipe dont le goal est finalement désespérément vide. Mais comment cela est arrivé ou a pu être perçu ainsi? Selon certains témoignages, c’est l’honorable Mamadou Diarassouba qui aurait fait changer d’avis à IBK à son arrivée en lui disant que l’article 42 de la constitution interdit de dissoudre l’Assemblée nationale dans l’année de son élection. IBK aurait alors choisi de revoir vite son texte, ce qui a donné l’annonce peu soignée qu’il a délivrée par improvisation. Vraie ou fausse, cette relation des circonstances a fait le tour des réseaux sociaux.
Si cela s’avérait, les conséquences sont pitoyables pour IBK. Il serait un homme qui a le dos tellement au mur qu’il ne sait même plus sur quelle position il faut tenir. On peut lui faire changer d’avis n’importe quand et n’importe comment, jusqu’à l’ultime instant où il s’apprête à lire un discours solennel. Last but not the least, Ibrahim Boubacar Keïta ne prendrait pas la précaution de cerner tous les contours des questions engageant la vie de la nation avant d’arrêter ses décisions, ce qui dénoterait chez lui une légèreté de quelqu’un qui n’en fait qu’à sa tête. C’est inquiétant pour un chef à la tête d’institutions républicaines mises à rudes épreuves.
À supposer même que le président IBK était effectivement à deux doigts de violer la constitution de la République, l’honorable Mamadou Diarassouba, qui n’est nullement un juriste, n’était pas la personne indiquée pour alerter sur le risque. Les services juridiques de la présidence n’auraient soit pas fait leur travail avec professionnalisme, soit ils n’auraient pas été tout simplement écoutés. IBK sera alors toujours indexé comme féru de travail fractionnel, en tout cas inattentif aux recommandations expertes de son staff ou tout simplement trop sûr ou trop imbu de lui-même pour se passer des avis autorisés. Quel que soit le cas de figure, Ibrahim Boubacar Keïta ne doit s’en prendre qu’à lui-même face à l’impasse à laquelle il est aujourd’hui confrontée.
Amadou N’Fa Diallo